Chapitre n°11

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Je me réveillais doucement, cherchant mes armes avant d'ouvrir les yeux, je tâtais l'intérieur de ma cuisse, à la recherche des shuriken que j'avais fixé là quand j'y trouvais une autre main déjà posée sur l'arme. C'est à ce moment-là que je me rappelais de comment, exactement, nous nous étions endormis hier soir, couverts de quatre sang différents, dans le même lit. Je me détendis alors et me dis que je réfléchirais plus tard au fait que j'avais laissé sa main sur mes armes. Je me rendormis rapidement et ne me réveillais que bien plus tard, au son de la voix si reconnaissable de Dorian :

- Bien dormi ?

J'acquiesçai d'un grognement ensommeillé et lui fis signe de retirer sa main pour que je puisse me lever. Je m'assis, vacillant lorsque qu'un éclair de douleur me transperça le ventre. Un flot d'insultes m'échappât et j'entendis le rire de Dorian dans mon dos et lui lançait mon regard le plus meurtrier possible, ce qui le rendit d'autant plus amusé. Je tentais de me lever et grognais de frustration lorsque mon corps refusa d'obéir et je me retrouvais par terre, tentant faiblement d'endormir la douleur cuisante dans mon ventre. Évidemment, vu l'étendue incroyable de de mon incompétence dans ce domaine, j'échouais lamentablement.

Dorian me rejoignit et me demanda, inquiet, de relever mon t-shirt. J'obéis, sachant pertinemment qu'il voulait vérifier l'état de la blessure, heureusement, les points avaient tenus. Soulagée, je laissais ma tête tomber au sol, fermant les yeux pour tenter d'évacuer la frustration qui m'habitait, non, ça ne fonctionnait pas du tout, mais alors vraiment pas, je rouvris les yeux. Céline se tenait dans l'encadrement de la porte, les yeux ressemblant à des soucoupes. Je grognais à nouveau, réalisant de quoi la situation avait l'air : j'étais allongée au sol, Dorian au-dessus de moi, les draps du lit défaits, mon t-shirt à moitié enlevé. Amusé par ma réaction, sans me quitter des yeux, il demanda calmement à Céline :

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Euh... rien, maman voulait savoir si vous vouliez qu'on vous monte le petit-déjeuner, vu l'état dans lequel vous êtes et quand elle n'a trouvé personne dans les autres chambres, elle m'a demandé de vérifier pour elle.

J'étais plus que dépitée à ce moment-là, non seulement sa mère avait peur de nous trouver dans une situation indécente, ce qui était le cas d'une certaine manière, mais en plus, j'étais incapable de me lever seule alors que j'étais censée protéger sa fille. Je laissais Dorian répondre pour moi :

- Oui, elle a besoin de repos et non, il ne s'est rien passé entre nous.

- D-d'accord dit-elle, toujours aussi stupéfaite.

Je remerciais Dorian du regard et le laissais m'aider à me rasseoir dans le lit, il s'installa à côté de moi et nous prîmes notre petit-déjeuner ensemble. Après cela, il me fit couler un bain et me fis un bandage pour protéger ma blessure.

Descendre les escaliers avec le ventre en miettes était une expérience que je ne souhaitais pas revivre de sitôt, j'y passais vingt minutes à étouffer des gémissements de douleurs en me servant de Dorian comme d'une béquille, une béquille qui portait au moins la moitié de mon poids. Il portait sûrement plus que ça mais je ne l'admettrais jamais à voix haute. Il ne m'avait pas remercié d'avoir pris la coup à sa place et je ne l'avais pas remercié de m'aider, c'était notre truc, on se protégeait, c'était normal, naturel, pas besoin de s'il te plaît et merci, on se rendait juste la pareille quand c'était nécessaire.

J'arrivais dans le salon et m'assis doucement sur un fauteuil, éreintée et certainement pâle comme la mort vu le regard que la famille White me lançait. Le père prit la parole en premier d'une voix douce :

- Comment vous sentez-vous ?

- Comme si on m'avait enfoncé un couteau dans le ventre ! dis-je en souriant, amusée.

- Est-ce que notre fille est toujours protégée ? demanda-t-il, sa voix inquiète tout d'un coup.

J'allais répondre que je n'étais plus en mesure de la protéger, je n'aurais pas su me protéger moi-même donc...et que l'Académie enverrait quelqu'un d'autre le plus rapidement possible quand Dorian me prit de court en annonçant d'une voix forte:

- Pour l'instant Ophélie n'est pas en mesure d'assurer sa sécurité, elle ira mieux d'ici demain, pendant ce temps, je protégerais votre fille.

Je lui envoyais une vague de gratitude à travers notre lien psychique quand Harold, le père de Céline rétorqua, méfiant :

- Je ne vous connaît pas, ni vos aptitudes. Je n'ai aucune raison de vous faire confiance.

J'intervins alors, mettant tout l'appui dont j'étais capable à cet instant, c'est-à-dire vraiment pas beaucoup, dans ma voix :

- Il a assez de puissance et de compétences pour la protéger, il s'est remis de sa blessure et il a toute ma confiance.

Ce n'était pas à prendre à la légère, Harold savait ce que j'avais vécu, comme tout le monde, mais il me connaissait également à travers nos discussions lors de mes précédents séjours ici et il savait que je ne faisais généralement confiance à personne. Avec réticence, il accepta :

- C'est d'accord, mais je veux que vous restiez avec lui tout le temps où il sera avec Céline.

J'acquiesçais avec un sourire rassurant et lui demandais le programme des sorties des prochains jours avant de demander à Dorian de m'aider à m'installer dans la bibliothèque de la maison pour travailler sur ce fichu cours, les plans de sécurité de la semaine et les boucliers de celui-ci. 

The tears we hideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant