Nous étions installés dans un cercle élémentaire tandis que Dorian se concentrait pour joindre sa plus jeune sœur. Je sentis le contact établi à travers notre lien, ravalais ma peur et pris une grande inspiration avant de me glisser dans un état méditatif, complètement ouverte à Dorian. Il ouvrit les yeux et me regarda avec circonspection avant de me demander :
- Prête ?
Je pris à nouveau une grande inspiration tout en empêchant la peur irrationnelle que je ressentais dicter mes réactions :
- Oui.
Il me massa doucement les tempes dans une vaine tentative de me relaxer, puis il posa ses mains de chaque côté de mon visage. Instinctivement, je fermais mes paupières. Il me lia progressivement au lien qu'il partageait avec sa sœur, me laissant le temps de m'habituer aux sensations d'Eliana qui envahissaient à présent mes sens.
À l'instant où le lien fût pleinement établi, je plongeais dans une horreur familière et sans pareille. Je m'accrochais désespérément à l'esprit de Dorian pour ne pas sombrer dans la panique et l'hystérie. Je ressentais ce qu'ils lui faisaient sur mon propre corps, la différence entre les souvenirs et la réalité se brouillant de plus en plus. J'étais attachée par les poignets et la taille, les chaînes de métal m'entravaient, me forçant à m'agenouiller. Le fouet recouvert d'épines tranchantes s'enfonçait sans relâche, sans pitié, dans ma peau. La douleur m'aveuglait, elle avait envahi tout mon dos, m'empêchant de penser. Ma vue était brouillée par les larmes et ma gorge enrouée par mes hurlements de douleur et mes supplications.
Tout à coup, je me sentie violemment tirée en arrière, arrachée à toute cette douleur par un esprit bienveillant. Je ne savais pas comment, mais je savais qu'il ne me voulait pas de mal. Il essaya de traverser mes boucliers mais je l'en empêchait, le rejetant instinctivement. Je reculais mais demeurait sur place, bloquée par un mur. Ma respiration se bloqua dans ma gorge, je touchais doucement mon dos. Aucune douleur. Je savais pourtant que le sang avait séché lorsqu'ils en eurent fini, je savais que dès lors, il m'avait été impossible d'effectuer le moindre mouvement sans me causer une douleur atroce qui m'arrachait des cris incontrôlables. Je n'avais pas mal et pourtant je savais que j'aurais dû, je savais.
Des bras familiers m'entourèrent délicatement et quelqu'un me murmura des mots rassurants, doux, aimants à l'oreille. Je m'effondrais en sanglots hystériques, ressentant toujours cette immense douleur. Je savais, comme je savais ce que l'on ressentais quand on se faisait brûler avec du fer chauffé à blanc, ou que l'on ne voyait plus sa peau tellement il y avait de sang dessus, comme je savais tant d'autres choses, je savais cela.
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The tears we hide
Paranormal"Alors, tu joues les gardes du corps maintenant ?" me demanda Dorian, un sourire moqueur dansant sur ses lèvres, très calmement, en poussant sa magie contre mes défenses. "Que pourrais-tu possiblement en avoir à faire ? La seule chose qui t'intéress...