Plus le temps passe et plus j'ai mal. C'est une douleur froide et aiguë qui s'infiltre sous ma peau, sous mon crâne et me gèle jusqu'à l'âme. C'est un mal qui se répand en moi, envahit chaque cellule de mon corps comme une masse grouillante et me plonge dans une léthargie terrifiante. Je ne peux rien y faire. Je me contente d'être là, de sentir ce gouffre s'agrandir et d'avoir peur.
Tout effort est vain et ne mène qu'un peu plus vers l'épuisement physique. Je crois que je n'ai jamais autant souffert. Ta présence m'empoisonne chaque jour un peu plus ; les symptômes se font de plus en plus visibles. Il y a ce poids dans l'estomac, à m'en donner la nausée, cette gêne dans la gorge qui se renforce inévitablement lorsque j'ai rendez-vous avec toi, et cet étau qui m'emprisonne, me serre et me prive d'air. Tu m'asphyxies, voilà la vérité. Tu me tues à petit feu, faisant tomber un à un les piliers qui permettent à mon esprit de ne pas vaciller, et je ne peux rien faire contre ça.
J'aimerais crier ; tu plaques ta main contre ma bouche. J'aimerais détourner les yeux de ce cauchemar ; tu me forces à les ouvrir grands sur ma chambre dépourvue de chaleur. Et il y a ce silence. Ce douloureux silence qui me vrille les tympans.
Lentement, sans que je m'en aperçoive, tu as tissé ton piège autour de moi, te rapprochant chaque fois un peu plus de l'instant fatal. Maintenant, il est trop tard. Tu m'encercles de ta bulle, de ta toile gelée, et tu n'as même plus besoin de cacher ton horrible plan. Je suis à ta merci : aucune échappatoire, aucun miracle ne viendra me sauver. Tu es l'araignée. Je suis la proie.

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A la Solitude
Short StoryAlors qu'elle vient d'emménager dans son tout nouvel appartement, Amaey découvre un petit carnet noir. Elle ne sait ni de quand il date ni ce qu'est devenu l'auteur. Tout ce qui est sûr, c'est qu'il avait énormément de chose à confier à la Solitude.