29 Octobre.

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 Aujourd'hui, je ne sais pourquoi, je me suis remémoré notre première véritable rencontre. Ce jour, bien avant que je ne commence à t'écrire, où j'ai senti ta présence à mes côtés. Impossible de me concentrer sur autre chose. T'en souviens-tu aussi ?

Combien de temps étais-je resté à cet endroit ? Je suis incapable de le dire. J'avais cessé de faire attention aux minutes qui s'égrainent. J'avais cessé de faire la course avec le temps. Assis à même le sol, j'ai simplement plongé mon regard dans le vide glacial des villes humaines. J'en ai vu, des inconnus passer. Tous pressés, tous courant après l'aiguille du temps. Occultant le monde qui les entoure. Pour dire vrai, je ne faisais pas plus attention à eux, qu'eux à moi. Je n'étais qu'un fantôme à leurs yeux, ils étaient autant de spectres aux miens. C'est encore le cas aujourd'hui. Ils n'ont pas le temps ni pour moi ni pour personnes d'autres.

Le monde qui m'entoure m'est apparu terne et sans saveur. Les gens sont enfermés dans leur triste routine. Les gestes qu'ils répètent chaque jour, ces gestes qui leur donnent des airs d'automates, deviennent tellement obsédants qu'ils en oublient de penser. Ils se croient entourés, ne se rendant pas compte à quel point ils sont livrés à eux-mêmes. Pendant longtemps, je ne m'en apercevais pas moi-même. Et puis, je me suis arrêté. Tout s'est arrêté. Je suis sorti du rang. Peut-être aurais-je mieux fait de reprendre ma route immédiatement. Cet instant ne serait alors devenu qu'un lointain souvenir, comme un rêve qu'on n'est même pas certain d'avoir fait, mais je n'ai pas bougé. Mes pieds n'ont pas voulu. Ma tête non plus. La claque que je me suis prise m'en a empêché. Mes yeux se sont ouverts sur l'envers du décor et le froid m'a envahi. Jamais, au grand jamais, je ne m'étais senti aussi seul qu'à cet instant. Et ce jour-là, tu t'es montrée à moi. Enfin, autant que peut le faire une entité invisible. Tu es restée là, à mes côtés, jusqu'à ce que je trouve le courage de me relever et de me remettre en marche. Le long de la route, tu étais encore là. Comme si tu voulais t'assurer que je rentre bien chez moi. Comme si tu voulais savoir où me trouver, maintenant que je savais ce que ça faisait d'être toi.

Et tu vois, ça n'a pas raté. Nous sommes maintenant inséparables. Et si tu tends à t'effacer quand mon esprit est occupé, je sais que tu n'es jamais très loin et que je peux compter sur toi pour me tenir compagnie. Comme ce jour où nous nous sommes rencontrés.

A la SolitudeWhere stories live. Discover now