A la Solitude

7 Mai.

Pourquoi es-tu toujours là ? Ça fait plusieurs jours que je tente de t'ignorer. J'ai ressenti de la colère et de la compréhension en voyant que tu restais là malgré tout. Avais-tu remarqué mes regards en coin alors que je priais pour ne plus déceler ta présence ? J'ai l'impression que tous mes efforts pour retrouver un semblant de vie ont été vains. Tu n'as levé aucune de tes barrières. Te voilà maintenant assez vicieuse pour me souffler à l'oreille, lorsque je dors, combien mon existence est vide et insipide. C'est donc de cette manière que tu communiques ? Pendant que les gens dorment ? J'aurais préféré ne jamais vivre cette expérience, ne jamais me réveiller en pleine nuit, recroqueviller sous ma couverture, hanté par le son de ta lugubre voix. Je l'entends encore résonner sous mon crâne.

Qu'ai-je donc fait pour en arriver là ? Pour mériter cela ? Pourquoi moi ? Cette nuit, j'ai le souffle court et un battement de tambour dans les oreilles. Mes yeux ne me brûlent plus de fatigue, mais parce que j'ai envie de pleurer. Je lutte pour que ça n'arrive pas, comme si le contraire était une défaite de plus. Rien n'ira donc jamais mieux ? Je suis une loque. Je suis moins que cela encore. Un pauvre diable perdu dans le néant qui supplie que la voix dans sa tête se taise. Je n'ai pas besoin d'elle pour savoir à quel point je suis seul et abandonné, reclus dans ma petite pièce. Je n'ai pas besoin d'elle pour saisir que si j'ai ouvert les yeux sur un monde que je ne comprenais pas, c'est parce que je n'y suis d'aucune utilité. Je suis une anomalie invisible dans un système de rouages trop parfaitement orchestré. Que je sois là où non, cela ne fait aucune différence. Et je voudrais ne plus me souvenir de ça. Je souhaiterais tout oublier, mais tu ne cesses de me le répéter. Si tu es là, c'est parce que personne d'autre ne veut de moi, personne ne sait même que j'existe. Et même avec ça, je préférerais que tu disparaisses. Que dois-je faire pour que ce soit le cas ? Pour que tout ça finisse ?