Chapitre 1.2

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Le cœur tambourinant, les sens en éveil et la gorge nouée, je m'éveillais dans un sursaut au bord de l'évanouissement. Laura me demanda, paniquée, ce qui se passait.

– Encore elle, encore cette forme qui tombe dans le vide.

J'éclatais en sanglots, chamboulée.

– De quoi tu parles ? Quelle forme ? s'inquiéta Laura.

– C'est toujours la même chose, je vois une ombre sans contour précis, puis l'image s'intensifie, je reconnais une allure féminine mais je ne peux pas distinguer son visage. Je remarque juste ses longs cheveux qui flottent dans les airs lorsqu'elle tombe dans le néant, d'un coup, et je me réveille angoissée.

– Tu penses que c'est ta...

Sa phrase resta en suspens, mais je savais ce qu'elle voulait dire :

– Que c'est ma mère ?Je ne sais pas, dis-je d'une voix encore tremblante en secouant la tête, mais j'espère que ça va cesser, ça dure depuis des semaines et je dors mal à cause de ce cauchemar.

Il était six heures du matin, mais j'étais incapable de me rendormir, gâchant la dernière grasse matinée qu'il nous restait avant de retourner en cours. Je me levai, suivie par mon amie qui se dirigea vers son placard pour en sortir un paquet.

– Tu vieillis aujourd'hui, dernière année avant la majorité. Joyeux anniversaire Julie ! me souhaita Laura en me tendant le paquet recouvert de papier cadeau à cœur et d'un énorme nœud fait en bolduc rouge.

Je la remerciai et m'empressai de l'ouvrir pour découvrir ce qui se cachait à l'intérieur.

– Mais tu es folle, ça a dû te coûter une fortune merci, merci mille fois.

– À quoi ça sert d'avoir un père qui essaye par tous les moyens de se racheter auprès de sa fille si ce n'est pas pour en profiter un peu et en faire bénéficier mon unique amie ?

Un nouvel objectif venait s'ajouter à ma longue collection. J'étais ravie, elle ne pouvait pas tomber mieux puisque je lorgnais dessus depuis quelques semaines. Mon visage se ferma soudain.

– Est-ce que ça va ? s'inquiéta ma confidente.

– Oui, c'est juste que, quand je l'ai repéré dans ce magasin... Enfin tu vois, je vivais encore chez ma mère... Et ce soir maman ne sera pas là et c'est étrange, mais je devrais être vraiment triste et pourtant ce n'est pas le cas. Tu sais, ce jour-là elle s'arrangeait pour travailler, elle disait toujours que ça lui rappelait trop de mauvais souvenirs. Elle n'a jamais aimé les anniversaires, sans doute à cause de son enfance et je m'aperçois que son absence m'est familière et aujourd'hui rien n'est différent.

Laura acquiesça d'un hochement de tête compréhensif et se chargea de changer de sujet pour ne pas plomber ce début de matinée :

– Viens, on va le tester de suite, suis-moi, me proposa-t-elle.

Dans la cuisine, Alice se préparait une tartine de pâte à tartiner. Elle avait décroché un petit boulot en horaires décalés comme serveuse dans un bar. Laura me demanda d'un signe si j'étais prête et je lui répondis en brandissant mon appareil photo en guise d'affirmation. Elle se positionna derrière sa sœur et lui poussa la tête sur sa tartine.

– Tu n'as encore jamais testé les teintes marrons, vociféra Laura.

Alice releva la tête, biscotte collée au front. Je m'empressai de fixer cet instant désopilant sur ma carte mémoire et nous partîmes au pas de course nous réfugier dans la chambre de mon amie.

Danse pour moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant