Chapitre 9.1

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Ma nuit fut sans cauchemar, cette ombre qui me suivait depuis des mois n'était pas venue perturber mon sommeil. C'était étrange de se réveiller sans avoir le cœur tambourinant et la gorge sèche. Cette silhouette faisait partie de mes nuits depuis le décès de maman et voilà qu'elle disparaissait après son apparition au manoir. Je ne savais pas si je devais me réjouir de cette soudaine liberté. Elle était apparue devant mes yeux, et l'idée qu'elle puisse à présent sortir de mon subconscient pour se matérialiser devant moi, m'effrayait.

Je sortis de mon lit et toutes ces craintes disparurent quand mon regard trouva les deux nouvelles photos collées sur mon mur. Il n'y avait pas meilleure surprise pour commencer la journée. Elles étaient la preuve que j'éprouvais des sentiments pour une personne réelle. Je m'étais convaincue du contraire, croyant être la seule à voir ce danseur, m'accrochant à un rêve impossible.

Quand je descendis prendre mon petit déjeuner, tout le monde était déjà parti à l'exception de Loïc. Il sirotait un verre de jus d'orange, sa tasse remplie de café posée devant lui.

– Salut Julie, bien dormi ?

Son intonation semblait vraiment s'intéresser à ma réponse, pas comme une simple phrase que l'on balance par politesse. Je le dévisageai d'un œil soupçonneux, attendant le moment où il allait se transformer en une créature monstrueuse, cherchant à gagner ma confiance pour mieux me dévorer par la suite.

– Bien merci, et toi ?

– Bien. Tiens, je t'ai préparé ton chocolat, il doit être encore chaud.

Il me fit signe de prendre place et déposa mon bol devant moi.

– C'est quoi ce plan que tu me fais ? Elle est où l'embrouille ? demandai-je en observant le liquide avec attention tout en remontant ma cuillère plusieurs fois pour vérifier que rien de suspect n'avait été dissimulé.

– Tu cherches quoi ? demanda Loïc, intrigué.

– J'en sais rien, quelque chose que tu aurais mis dans mon chocolat, du sel ou autre chose. Tu attends que je le boive et là, tu vas enfin montrer ton vrai visage. Celui du garçon idiot qui prend un malin plaisir à offenser les gens. Et ce sera d'autant plus jouissif pour toi, vu que tu auras réussi à gagner ma confiance, en jouant le parfait petit cousin attentionné. Pas de chance pour toi, ça ne prend pas, je ne le boirai pas.

Je poussai le bol de chocolat et me levai.

– Sérieux Julie, arrête ta paranoïa, faut pas t'étonner si personne ne veut te parler. Regarde-toi, quand on te parle tu restes muette, et quand on essaye d'être gentil tu fais ta méfiante.

– Avoue qu'il y a de quoi non ? proclamai-je. Tu as toujours été odieux avec moi, tu l'as dis toi même hier. Pourquoi tu changerais subitement ?

Loïc sembla blessé que je ne prenne pas ses efforts en considération.

– T'es bien en train de changer toi. C'est pour ça que je commence à te considérer comme un membre de la famille à part entière.

– OK, sympa, je ne sais pas comment je dois le prendre !

– Prends-le pas mal, mais ça n'a pas été facile. Maman passait énormément de temps à s'occuper de toi et Kate. Le temps qu'elle passait avec vous, elle ne le passait pas avec nous. Et puis, nous n'avions rien en commun, même pas d'un point de vue physique. Tu étais si renfermée, tu ne parlais jamais. J'ai été dur avec toi, c'est vrai, mais justement je ne supportais pas de te voir si faible, je voulais te faire réagir.

– Et tu t'es dit que tu allais être ignoble avec moi pour que je m'endurcisse ! Curieuse façon de procéder.

– C'est vrai, mais mets-toi cinq minutes à ma place. Maman s'en est terriblement voulu quand Kate est décédée. Elle ne cessait de répéter que c'était de sa faute, qu'elle n'avait jamais cherché à la comprendre. Et toi, tu ressemblais tellement à ta mère. J'avais peur que tout recommence.

Danse pour moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant