Je grimpai deux par deux les marches et arrivée à l'étage, accélérai mes pas pour atteindre sa chambre. Je récupérai la pochette laissée la veille sur son bureau, pris le cadre de sa sœur dans les mains et le contemplai quelques instants avec mélancolie et admiration. Même après sa mort, elle avait fait preuve de détermination et m'avait permis d'avoir la vie dont je rêvais. Je ne la connaissais pas, et pourtant, elle était là depuis toujours, cachée derrière des phrases mal interprétées. Je reposai la photo à sa place puis retournai hâtivement auprès de mes proches.
– Tenez, dis-je en sortant les clichés de ma pochette pour les donner aux danseurs.
– Toujours aussi douée, c'est vraiment sympa d'y avoir pensé, me remercia Maxime.
– Elle en fait vraiment tout le temps ? demanda Candice à ma famille.
– Tout le temps oui, répondit Sharon, depuis toujours c'est sa passion, finalement Julie à plein de talents cachés, il fallait juste qu'elle trouve quelqu'un pour le lui montrer.
Laura et Sam me jetèrent un coup d'œil incompréhensible pour les autres, mais extrêmement clair pour nous. Tout était parti d'Anaïs, mais cela, seuls Laura, Sam, les cousins italiens et moi le savions. Éric venait juste de le découvrir. Nous nous étions tout dévoilé la veille, comme promis, un an après la disparition de sa sœur et de ma mère. Je savais pourquoi je l'avais intrigué dès le premier jour, pourquoi il avait su en posant ses yeux sur moi que sa sœur veillait sur lui, et la façon dont elle était décédée. Je comprenais pourquoi il se sentait bien dans ce lieu et pourquoi il n'était pas parti en courant, après lui avoir parlé de l'ombre sur le balcon.
Il me cachait autre chose, ses yeux l'avaient trahi une fois de plus, mais je ne voulais plus le savoir, ou peut-être que je le savais déjà... Peu importait... Je lui avais remis le carnet où je notais tout concernant l'ombre et il avait lu avec plaisir le petit mot que je lui avais laissé, suivi de toutes ces petites phrases que nous seuls pouvions comprendre, celles qui avaient construit notre histoire. Il m'avait promis de noter les prochaines. Après tout, la partie ne faisait que commencer.
Je lui révélais ce qu'il savait déjà, que je l'aimais, qu'il m'avait permis de me découvrir, de me sentir vivante, aimée, comprise. Je le terminais par quelques phrases traduites de la chanson de Tiziano Ferro « L'ultima notte al mondo »(La dernière nuit au monde ) : J'ai trouvé ton doux sourire avec cette neige blanche, rappelle-toi, rappelle-moi : tout ce courage n'est pas de la neige. Et ça ne fond jamais. Ne pas laisser l'occasion d'être bien sans exceptions, s'écrouler devant tout le monde et puis sourire. Aimer n'est pas un privilège, ce n'est qu'une habilité, c'est rire de chaque problème... tandis que celui qui hait tremble. Ton doux sourire est si transparent qu'il n'y a rien derrière, il est si simple, si profond, qu'il essuie tout le reste et fait finir le monde...
J'avais passé dix-sept ans de ma vie enfermée dans ma coquille, et je prenais enfin le temps de regarder autour de moi, de sourire, d'aimer, d'espérer. Un temps précieux, que je ne pouvais figer que sur du papier glacé. J'avais dû faire preuve de courage, de patience et de persévérance pour y arriver. Rien n'arrivait par hasard, chaque épreuve traversée, aussi dure soit-elle, réservait une belle surprise. Il suffisait d'être indulgent, se contenter de peu, et d'apprécier les moments passés auprès de ceux qui comptaient.
Je regardai ceux qui avaient été là pour moi depuis toujours et ceux qui venaient juste de rentrer dans ma vie. Je pensais à Anaïs, la force qu'elle avait eue, sa détermination à rester près de son frère. Elle m'avait apporté beaucoup, je comprenais pourquoi maman s'était attachée à elle et je regrettais de ne pas l'avoir connue. J'étais sûre que nous aurions pu être très proches, peut-être même que nous l'avions toujours été...
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Danse pour moi
Teen FictionDepuis le décès de sa mère, Julie 17 ans, voit ses nuits hantées par une ombre dont elle ne devine qu'une forme féminine aux longs cheveux chutant dans la noirceur qui l'entoure, la faisant se réveiller alarmée et déstabilisée. Installée chez sa tan...