Chapitre 12.2

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– Alors les filles, qu'est-ce que vous avez prévu de faire ce week-end ? demanda Sharon lorsque nous prîmes place à table.

– On va à la patinoire avec des copains demain, lança Laura évasive.

Loïc me jeta un regard rempli de sous-entendus et je ne pus m'empêcher de lui répondre par un sourire.

– J'espère, Julie, que tu n'as pas oublié les leçons que je t'ai données quand on était petits ? Histoire que le temps passé avec toi ait servit à quelque chose, lança-t-il tacite.

Je réprimai un rire en voyant sa tête de conspirateur. Qui aurait cru que l'on redeviendrait complice comme quand nous étions enfants ? Sharon nous regardait dubitative, mais ne dit rien de plus. Marc et Francis, eux, comme à leur habitude se contentaient de manger en silence, impassibles.

– C'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas en théorie, précisai-je en étouffant un gloussement.

J'étais d'humeur joyeuse. J'allais voir Éric entourée de mes amis, dans un lieu différent du manoir, pour pratiquer un sport que j'avais su maîtriser petite, et j'étais certaine que je saurais toujours évoluer sur la glace, comme alors. Toutes les conditions seraient réunies pour que je sois détendue. De plus, il avait accepté sans la moindre hésitation et avec un réel entrain. Il me tardait d'être à demain.

– Et bien Julie, tu fais plaisir à voir. Ces derniers jours nous étions plutôt habitués à te voir d'humeur morose. Est-ce que l'on pourrait savoir ce qui te met de si bonne humeur ?

Sharon me regardait avec insistance, je devais trouver une excuse crédible rapidement pour ne pas entretenir ses soupçons me concernant. Elle avait déjà du mal à croire que la seule raison m'ayant motivée à continuer les cours se résumait au fait de vouloir danser face à un public.

– Oh, rien de spécial. Avec Laura on se charriait simplement sur laquelle de nous parviendrait à patiner sans tomber. Mais elle oublie que sur ce terrain j'étais la plus douée ! lançai-je en regardant mon amie pour qu'elle m'apporte son aide.

– Possible, mais ce que tu ignores c'est que je suis retournée à la patinoire avec Sam pendant que tu préférais réviser tes leçons de danse.

Bien joué, au moins, elle anticipait le pourquoi de ma tante sur le fait que j'avais passé mes derniers week-end à la maison au lieu d'être avec Laura comme d'habitude.

– Nous verrons bien !

Sharon affichait un visage incrédule, Francis leva la tête trente secondes pour montrer qu'il nous écoutait mais ne comptait pas prendre part au débat. Marc se hasarda à s'intéresser à notre discours.

– C'était sympa quand on y allait tous ensemble, ça me manque.

Je me tournai vers lui, ébahie de voir qu'il se souvenait de ces moments, et encore plus d'apprendre qu'il regrettait ce temps où nous étions encore soudés. Pourtant, il n'avait que dix ans lorsque j'avais décidé d'arrêter de les accompagner.

– Peut-être qu'un de ces jours on pourrait y retourner, comme au bon vieux temps ? proposa Loïc.

Laura et moi le regardâmes en essayant de masquer les sourires qui tentaient de s'afficher sur nos visages. Nous avions retrouvé notre enfance l'espace de quelques instants.

– Ce serait super ! dit Marc ravi.

– Et pourquoi pas demain ? suggéra Sharon.

Je lançai un regard insistant en secouant légèrement la tête en direction de Loïc.

Danse pour moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant