Chapitre 3 _ La Forêt De Focalia

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"Les sorcière, dans les mœurs du peuple, sont bien plus souvent des soigneuses que des serviteurs du diable. Seulement, les nobles nourrissent une véritable hantise pour ces femmes et entreprennent de les éradiquer, en vertus de la conservation de l'équilibre entre les citoyens-lambdas et les thaumaturges, entre le bien et ce qu'il appelle le mal". Témoignage d'une sorcière anonyme.

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À l'aide d'un râteau, Arsène déblayait la litière des bestiaux. Un sac de foin  s'entassait dans un coin et une petite bouteille emprisonnait quelques lueurs-fées qui éclairaient la pièce. Löy interpella son père qui eût juste le temps de se retouner pour réceptionner la jeune fille, propulsée par son énergie euphorique dans les bras de son père.

__Papa !

__Löy, tu es de retour ! Alors, ce voyage, comment c'était ?

Arsène Naraïdin était propriétaire de la Ferme Du Chanceux depuis plus de trente ans. Très jeune, il avait quitter la capitale s'était installé dans la campagne avec sa femme. Clio et lui avaient toujours cherchés à être près de la nature et ils entretenaient cette ferme plus par désir que par contrainte vitale. En effet, les Naraïdin, au même titre que les Aviniar, était très proche du vice-roi de l'Empire d'Hallegarde. C'était de grands nobles connus à la capitale mais Arsène avait préféré se retirer de la Cour. Leur fille, que sa femme désirait sociable et connue de la Cour, côtoyait néanmoins les grandes familles, dont celle la Comtesse.

Ils ressortirent de l'étable, où Arsène travaillait un peu pour combattre le froid. Plus la saison allait et plus il faisait froid, les premières neiges ne devraient pas tarder. En pénétrant dans la grande cuisine qui donnait sur la cour et où s'affairait deux serviteurs, Arsène prit subtilement deux friandises et en glissa une à sa fille en lui faisant promettre, avec des airs théâtrales, qu'elle ne dirait rien à sa mère. La cuisinière, qui avait vu le manège, ne broncha pas et sourit même, amusée. Dans le salon de la modeste demeure, un chaudron bouillonnait sur les braises, dégageant une odeur de cannelle.

Clio, dans son tablier bleu et noir et son chemisier blanc, fit claquer ses sabots impeccables sur le parquet du salon. Ses longs cheveux noirs étaient scintillants et ses yeux bridés, plus limpides que ceux d'une naïade_ dont elle avait peut-être bien un ancêtre_ brillaient comme des rubis.

__Ma petite fleur est de retour à ce que je vois, sourit-elle. Alors, comment va ta tante ?

__Très bien !  Elle me dit de te faire parvenir une commission : elle voudrait trois lés de fourrures pour confectionner des gants.

Leur petite famille passa la journée dans le salon, car on ne pouvait sortir à cause du froid. Ses parents racontaient souvent à Löy qu'à une époque, pas une seule grêle, pas un seul flocon de neige n'aurait pu s'abattre sur les montagne arides qui constituaient la région. Mais elle s'était brusquement refroidisse. Les anciens avaient alors découvert le verglas, la grêle et la neige. Ce climat qui se refroidissait les avait d'abord effrayé, habitués à la chaleur annuelle. Mais les siècles avaient amené avec eux l'adaptation, comme toujours.

Löy raconta à ses parents son séjour chez les Aviniar et la nuit d'orage qui lui avait fait si peur.

Le soir,  Löy s'assist sur un petit tabouret en face d'une table au bois lisse, cala la plume entre ses doigts agiles et dessina, à le dérive, plusieurs glyphes aux différentes significations. L'esprit en vagabondage, elle traça un dernier trait arrondie, une boucle gracieuse puis souffla, ravie. Sans y prendre garde, elle venait de tracer un Glyphe qui signifiait : l'ébauche, l'entreprise. Le commencement. Peut-être le début d'une aventure intrigante ?

La sorcière de FocaliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant