La sorcière de Focalia

Chapitre 13_ Inquisition

"D'abord, il y a le supplice du soupirail, celui où on passe quatre jours dans un cachot, sans eau ni vivres, dans la solitude. Puis, vient le moment de la torture, celui où ils vous châtient tout en vous posant trois questions : avez-vous parlé aux démons ? Avez-vous pactisé au diable ? Êtes-vous une sorcière ? Bien sûr, la plupart des innocents rejettent ces accusations. C'est avant le supplice de la tôle. Ils vous placent sous une tôle brûlante dans une fosse et déverse de l'eau qui coule par des trous dans le métal. C'est la douche brûlante. Puis, on reprend le cycle à zéro ou on improvise de nouvelles tortures. Vient aussi le moment du bûcher où on vous crame la peau en vous posant les éternelles questions. Ils ont besoin que vous avouez pour vous passer sur le bûcher mais perdant patience ils le font quand même. Celles qui résistent et n'avouent jamais mais meurent quand même et celles qui meurent lors des supplices sont à peine déplorées. Parfois innocentées, elle sont considérées comme des erreurs et qualifiées de revers de la Purge. Le sacrifice inexorable. Et ça, c'est uniquement quand ils ne viennent pas directement incendier votre village pour cramer tout ce qui bouge et faire parfois de bons petits prisonniers" Témoignage d'une fugitive dans une taverne d'Istram.

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Le nez collé à la fenêtre, Löy observait la tornade faire rage en cette fin de Ventôse d'un œil indifférent. La cour de la ferme était déserte mais couverte de verglas. La clôture s'ébranlait sous les coups de vent. À cet instant, il aurait pu pleuvoir des cordes ou tomber des rubis, cela n'aurait pas su troubler d'un iota son regard morne.

Une semaine s'était écoulée depuis ce jour dans la clairière. Löy était rentrée chez elle où elle avait été sévèrement réprimandé. C'était la première fois qu'elle voyait ses parents dans un tel état de colère mêlée d'inquiétude. Ses protestations ne lui avaient pas épargné le sermon et elle avait dû supporter leurs longs monologues sans rien pouvoir dire en retour. En revanche, elle refusait de leur dire où elle avait été et exposait une hargne nouvelle et un front têtu. Clio, désemparée, ne reconnaissait pas le comportement de sa fille.

Dans la région, le Gel diabolique se retirait peu à peu provoquant le soulagement des habitants. Mais les commérages allaient bon train. En effet, pour certains, c'était le fait des nombreuses prières des érudits du Culte, pour d'autres, l'action des Mages et pour d'autres encore, la rumeur courrait qu'un ou une thaumaturge aurait combattu la chose, que les mages nommaient désormais Nœud.

Et puis il y avait ce garçon, qui avait répandu la nouvelle de la présence d'une sorcière qui serait à l'origine du Gel surnaturel. Les Mages ne suivaient pas cette piste, convaincu qu'il s'agissait d'un égrégore, mais leur autorité s'arrêtait là et ils ne pouvaient contraindre l'opinion publique. Cette opinion manipulée qui finit par adhérer à la thèse des partisans de la Purge qui criaient à la souillure. Les terres de Vulcaine étaient bafouées par la présence d'un serviteur du diable.

Pourtant, l'accalmie se perdura et le temps passa sans qu'on puits se mettre d'accord sur quoi que ce soit. Tous ce que le peuple voulait concéder aux mages, c'était que ce Gel n'était pas naturel et qu'il fallait peut-être se mettre en investigation pour mieux le combattre s'il revenait à l'avenir. Mais si les habitants pensaient majoritairement qu'il fallait lancer une traque, les érudits de la magie, plein de sagesse, préconisaient la recherche et la compréhension du phénomène en soi. Seulement, ils s'opposaient alors aux prêtres du Culte et la tension enflait dans et autour de la capitale.

Löy devenait de plus en plus cynique, s'enferment dans un mutisme renfrogné, mangeant à peine, parlant peu et devenant de plus en plus casanière. Ses parents n'y comprenaient plus rien. Clio et Arsène avaient beau taquiner leur fille, lui parler doucement, lui accorder milles attentions, Löy demeurait stoïque, comme absente.