Chapitre 7 _ Soupçon De Magie

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    "Toute pratique occulte alliant magie et forces de l'ombre et qui visent à attenter à l'Ordre Naturel sera qualifiée de sorcellerie" Décret n' 9 de l'Inquisition.

  " Le crime de sorcellerie, qui de tout temps, est une affaire de femmes, se base sur trois critères : l'occultisme, l'alchimie et le démonisme qui peut être substitué à la nécromancie. Il faut donc un alliage obligatoire de ses trois critères pour condamner une sorcière" Extrait du livre " Les cinq pilliers de la Purge".

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Bien vite, un lien affectif évident s'installa entre les deux jeunes filles, accentué par la grande empathie de Löy. Dès le lendemain de leur rencontre, elle prit l'habitude de se rendre dans le bois où, sur les pas du chat et plus tard  par ses propres moyens, elle rejoignait Crysée sous un arbre, près d'une clairière, derrière un bosquet ou dans sa petite chaumière. Elles devinrent un peu comme deux sœurs. La jeune fille l'écoutait jouer, l'aidait à récolter les dernières noix, lui faisait la conversation pendant qu'elle retaillait sa flûte, touillait sa jatte de thé, brossait le poil de Chepsyre ou se promenait dans la forêt.

Mais dès le troisième jour, Löy dû écourter ses visites, car elle avait de nouveau à faire. En effet, elle devait se rendre à Tanbuse pour y passer deux jours en compagnie de la Comtesse, deux jours près de la tant redoutée guillotine.

En arrivant au manoir, Löy remarqua aussitôt l'effervescence du personnel. Du cuisinier, elle apprit que le Comte recevait des invités de marque : le Duc de Val-Fournaise et la Princesse Jasmine, fille du vice-Roi en personne, sa propre nièce. Celle-ci accompagnait son oncle dans une tournée et ils avaient décidé de commencer par Tanbuse. La Comtesse, qui choppa sa protégée dès son arrivée, entreprit de l'habiller dignement et à la hauteur de leurs invités, selon ses propres mots. Löy ravala toute protestation qui aurait d'ailleurs été parfaitement inutile.

On lui fit enfiler une élégante robe de soie rouge et nuit et lui arrangea ses court cheveux en une coiffure sophistiquée. Un peu malmenée, la petite demeura la mine fermée durant tout le temps de l'opération et ne desserra pas les dents. Les deux femmes qui s'occupaient d'elle quittèrent finalement sa chambre et la laissèrent enfin en paix. En s'approchant de sa fenêtre, Löy tressaillit. Il faisait si froid et sa robe n'était pas suffisamment lourde pour qu'elle tente le diable et se réfugie dans le jardin. Elle aurait mille fois préférée être dans la vieille chaume de Crysée que dans le somptueux salon des Aviniar.

Sans qu'elle le sache, un changement s'était effectué en elle : elle avait entrevu l'ébauche d'une réalité encore obscure mais qui ferait plus tard d'elle une figure de proue dans l'abolition de la Purge. Mais ça, Löy ne pouvait pas le deviner.

Enfin, Löy rejoignit le salon. Là, assise dans de somptueux sièges rembourrés, autour de l'argenterie étincelante, le Comte, le Duc, la Princesse et la tante de Löy attendaient. Elle fut génée d'être la dernière et s'excusa poliment. Elle fut bien vite ignorer, après que le Duc, un homme gros et gras avec des moustaches qu'envieraient Chepsyre et une bedaine proéminente, lui ai fait un compliment sur sa mine de gentille fille sage, qu'elle se félicita de pouvoir arborer en déguisement à tout épreuve, et les conversations allèrent bon train. Furtivement et tout savourant son assiette, Löy observa les convives.

Le Duc était un homme aux traits engloutis sous une bonne couche de graisse et aux petits yeux de porc rieur. Très sérieusement. Quand il riait, Löy avait l'impression qu'il toussait, tant sa voie était gutturale. Son nez en crochet lui donnait un air de rapace vicieux et Löy n'osait pas soutenir son regard.

Le Comte lui, était un homme tout de nerfs et de muscles. Il était d'un naturel raffiné, avare de parole et la petite ne l'avait jamais vu sourire. Sa mine variait entre l'impassible et la sévérité et son ton était presque toujours coupant. Ses deux yeux bleus étaient incroyablement glaçants et ses ordres indiscutables. Ce n'était pas pour rien qu'on le surnommait le Bourreau.

La sorcière de FocaliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant