Chapitre 15_ L'Instable Et L'Espoir [1/2]

8 0 0
                                    

    " L'âme, l'esprit, l'œil, le cœur, le corps. Ce sont les cinq canaux de la magie dans ton être. L'âme se grave des péripéties du cœur, l'esprit s'avise de l'expérience de l'œil qui affine son observation par l'intuition du cœur. Le corps est l'arme, et l'arme se façonne, obéit à l'esprit et répart l'offense." Floriande à sa fille.

                        ___________

Le martèlement des chevaux troublait le silence de la forêt. Une à une, les montures contournaient la colline et s'enfonçaient dans le val. Une nuée d'oisillons s'éparpilla du faîte des arbres. Les cavaliers pénétrèrent dans un bosquet obscur et accélérèrent l'allure.

Un bruit de fiole brisée retentit. Des torches enflammées percèrent un brouillard soudain. Les hommes descendirent de selles et empoignèrent leurs différentes armes. L'un d'entre eux, non armé et muni seulement d'une toge d'un blanc tranchant, promena son regard sur le bois où flottait un relent vert et gris un peu terrifiant. Son regard semblait traverser le brouillard, traverser la limite entre ce qui est vu et ce qu'on ne peut voir.

  __ Tu ne pourras pas te cacher là indéfiniment, prononça Sivane d'une voix forte et pleine d'autorité.

Il fit un pas dans le brouillard. Un sifflement se manifesta à sa droite. Soudain, l'inquisiteur écarta les bras et dispersa l'illusion à l'instant même où le pan d'une cape fuyait au dessus d'un arbre devant eux. Trois lames vinrent meurtrir le tronc de l'arbre en question.

  __ Tu ne pourras pas nous tromper. Nous voyons au delà des apparences, tonna-t-il. Tu ne peux ni fuir, ni te cacher.

  __ Qui a dit que je voulais me cacher ? fit une voix.

Un sifflement. L'inquisiteur eût tout juste le temps de se retourner pour parer le jō qui visait sa nuque de sa paume dressée. Un sifflement d'air et l'assaillant avait déjà disparu. Mais, de son Œil vigilant, Sivane avait eût le temps de voir.

  __ Une gamine, ricana-t-il. Je m'attendais à tout sauf à une demi-portion. Qui comptes-tu entourlouper, au juste ?

  __ La demi-portion, elle t'emmerde.

La voix venait de derrière eux. Collée au tronc de l'arbre, les muscles bandés et les doigts crispés sur son jō, se tenait Crysée. Elle se mordit la lèvre comme pour retenir le flot de son propos inopportun et n'eût juste que le temps de faire un bond en arrière qu'une hache puissante fendait le bois en deux.

Elle brandit son bâton de combat et fit face à la dizaine de cavaliers armés jusqu'aux dents. Le colosse à la hache leva son arme et l'abbatit sans compassion sur l'adolescente qui n'eût d'autre choix que de s'écarter vivement en faisant un salto. Elle attérit à peine que le colosse revenait à l'attaque, en même temps que deux épéistes et une rapière. De son jō, Crysée para la première épée, dévia l'estoc de la rapière d'un coup sec et se baissa in extremis pour éviter la dernière lame.

Elle recula encore, harmonisant coup, roulade, salto et saut aérien pour parer ses adversaires qui s'y mettaient à plusieurs. Ses pirouettes étaient fougeuses mais gracieuses et la combattante défiait l'apesanteur. De son bâton, Crysée frappa violemment un homme à la hanche puis le contourna furtivement pour le frapper à la nuque.

L'homme, déboussolé par la rapidité de l'attaque, s'écroula, sonné. Deux autres se jetèrent sur elle et tentèrent de la prendre en tenailles. Elle se hissa grâce à son bâton et envoya ses jambes contre leurs torses. Sivane en profita pour envoyer son poing en traitre contre sa hanche. Toujours en l'air, Crysée conserva un sang froid admirable, esquiva sa poing et se servit de son ressort pour valser hors de l'embuscade. Les inquisiteurs ne lui laissèrent pas de répit et se jetèrent à nouveau sur elle.

La sorcière de FocaliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant