La sorcière de Focalia

Chapitre 10_ La Procession De Feu

"Les chemins sont tous lumineux, mais un concours de circonstances peut créer une porte d'entrée à l'ombre. L'esprit emprunte un chemin, avec tout le libre-arbitre pour l'assombrir ou sauvegarder sa lumière. L'esprit commande à l'arme et l'arme exécute la sentence et répare l'offense." Propos de Floriande à sa fille, Crysée.

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Cela faisait maintenant deux semaines que Crysée avait raconté son histoire à Löy. Durant ces deux semaines, les deux jeunes filles avaient fait plus amplement connaissance, en toute sincérité et sans aucune barrière ou mystère. Löy avait parlé à Crysée de ses parents, de son enfance à la Ferme Du Chanceux, sa double vie bourgeoise-fermière et son attrait pour les étoiles. Elle lui avait parlé du projet de son père, de la superstition de sa mère, si bien que Crysée connaissait Clio et Arsène sans même les avoir rencontrés.

À son tour, Crysée avait parlé de sa famille, de sa ville telle qu'elle l'avait connu avant le drame, de son frère et de leurs petits défis fraternels et de leur passion pour la musique. Elle lui avait parlé du don de son frère de voir derrière son dos et de ses incroyables capacités au combats. Löy avait bien vu qu'elle était très fière. Elle avait évoqué le fait que sa mère lui avait tout appris et qu'elle avait héritée de ses dons de sorcière et de son savoir. Dans sa famille, elle était la petite dernière mais aussi celle qui avait le Sigma le plus élevé, témoignant de son potentiel. À ce sujet, Crysée avait dit :

__ La pratique de la magie laisse des traces, aussi bien matérielles que spirituelles.  Le Sigma est l'empreinte que laisse un thaumaturge à partir du moment où il invoque la magie pour la première fois. Il peut être pister ou reconnu grâce à cette empreinte.

Le sujet avait ensuite dérivé sur le potentiel de la magie et Löy avait consciencieusement menée son enquête. Elle avait appris certains anecdotes sur la formation de Lumae, la différence entre une amulette et un talisman, ce qu'était un sigil, pourquoi les mages préconisaient l'incantation, les différentes branches de la magie et bien d'autres choses qui l'avaient passionnées. En deux semaines, Crysée était parvenue à la charmer.

Un matin de la troisième semaine, Löy débarqua chez Crysée un paquet dans les mains. Celle-ci était occupée à agiter une bouteille ayant la forme du fiole et contenant un liquide gluant. Löy jeta son écharpe sur le sofa et s'installa à la table. Toujours aussi perspicace, elle demanda :

__ Qu'est-ce que c'est ? Une potion ?

Crysée hocha la tête.

__ C'est la Cazr-haro que je préparais depuis tout ce temps. Il y a un temps qu'elle est prête mais j'hésite à l'essayer.

Elle tourna et retourna la bouteille dans sa main, la mine hésitante. Löy s'affala sur la table et appuya ses deux mains contre son menton.

__ Tu as peur de t'être trompé ?

__ J'ai peur d'avoir échouer, corrigea Crysée. Peut-être ai-je omis ou oublier quelque chose...

__Pourquoi n'essaies-tu pas pour en avoir le cœur net ?

__Je ne sais pas... J'appréhende le résultat.

Löy fit grimper le paquet qu'elle tenait sur le bois de la table.

__ je t'ai apporté une couverture chaude, déclara-t-elle. L'hiver s'annonce rude et j'ai pensé que ça te ferait plaisir.

Touchée, Crysée arbora un sourire reconnaissant.

__ Merci.

__ Pour ce qui es de ta potion, reprit la jeune fille, selon moi, il n'y a pas de raison pour que tu échoues. Et le seul moyen de t'en persuader, c'est de l'essayer, justement.