Chapitre 15_ L'Instable Et L'Espoir [2/2]

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Le cheval galopait à travers la toundra reverdie et encore humide du val. Entre les monts majestueux et élévations brusques des collines qui donnaient sur le val, Löy se sentait déjà petite. Vulcaine se trouvait en hauteur mais ses hameaux étaient construits en piedmont. Ainsi, plus on s'en éloignait, plus les monts au loin semblait hauts et grands.

L'air était encore froid, le soleil hésitant. On avait beau être au printemps, le temps n'était pas et ne serait plus jamais le même. Vulcaine venait définitivement de passer un cap et un mal inconnu allait désormais le ronger. Et ça, l'aspect froid de la région le laissait deviner.

Elle s'enfonça dans un bosquet sombre. À première vue, l'endroit semblait assez terrifiant car un léger brouillard vert flottait dans l'air. Löy fit avancer son cheval pas le moindre du monde rétiçant. Les Nonedos étaient des guerriers, littéralement. Ils étaient très courageux et ne craignaient pas grand chose. De plus, ils n'abandonnaient jamais leurs maîtres.

Löy se tenait plus au moins droite, les mains le long de la bride et les pieds bien enfoncés dans les étriers. Elle maintenait les éperons en place en tachant de ne pas trop agiter le cheval. Le sac en giberne rebondissait contre le flanc de l'animal et son encolure fournie était un peu hirsute. Löy scruta les environs d'un œil peu assuré et finit par descendre de selle pour plus de visibilité.

Le bois était inquiétant, dans le genre très peu rassurant. Sa vision était réduite, mais elle parvenait à distinguer ses environs. Néanmoins, elle ne s'expliquait pas le fait qu'une telle atmosphère règne dans un bosquet pas le moins du monde enfoncé et qui se trouvait à la lisière d'une vallée. Il aurait dû y faire claire et chaud et non le contraire.

Soudain, un craquement retentit à sa droite et Löy sursauta. Sa jambe gauche percuta celle du cheval. Elle se retourna sur elle-même pour sonder les environs et sursauta en reconnaissant un silhouette dans le fond. D'abord, elle pensa que ce fut Crysée mais dû faire fi de cette idée quand une forme masculine émergea de l'obscurité. Löy plissa les yeux, sur ses gardes et manqua de défaillir en reconnaissant Sivane Ozahir, l'Inquisiteur qui lui avait fait passé un interrogatoire. Immédiatement, elle songea à fuir, jusqu'à ce qu'elle remarque l'attitude intrigante de l'homme en face d'elle.

Premièrement, il était silencieux et ne semblait pas vraiment la voir ou se rendre compte de sa présence_ ce qui était impossible à cette distance_ et passait devant elle dans une indifférence déstabilisant. Deuxièmement, sa démarche n'était pas normale et il ressemblait plus à un tavernier qui flâne qu'à un homme qui sait où il va. Löy en demeurait sidérée. Elle hésita d'abord à l'appeler puis finit par se résigner en se promettant d'élucider cette histoire. Plus tard.

Elle reprit sa marche en tenant le Nonedo par la bride. Bientôt, le bois s'éclaircit, tandis que Löy allait de surprise en surprise. Des hommes, les cavaliers de tout à l'heure, marchaient dans le bois, parfaitement indifférents à sa présence et comme absents. Elle en croisait à tout bout de champs, et cela en devenait terrifiant. De plus, Löy avait remarqué que leurs pupilles avait viré au blanc et qu'une espèce de rune, un sigil si elle en croyait ses connaissances, s'était apposé dans leur dos. Elle n'y comprenait plus rien.

Enfin, Löy atteignit un petit clair dans le bois occupé par un petit rocher surmontant une épaisse mousse. Sur ce rocher, se tenait une silhouette féminine, dos à elle. Assise en tailleur, l'air parfaitement calme, Crysée avait le nez en l'air. Löy quitta le couvert de l'arbre et marcha vers elle avec précaution. Bien sûr, à cette distance et avec la mousse à ses pieds, Crysée l'avait déjà identifiée. Mais elle ne se retourna pas, tenant visiblement quelque chose dans ses bras.

Löy la contourna. Furtivement, elle remarqua quelques silhouettes qui vagabondaient à la lisière sans la dépasser. Reportant son attention sur Crysée, Löy nota son air pitoyable et ses quelques blessures. L'adolescente avait les cheveux défaits_ ce qui était une première_ et lui tombait sur le visage. Löy baissa le regard vers ce qu'elle tenait et sentit son cœur se serrer. Avant qu'elle n'ai put rien dire, Crysée releva la tête.

La sorcière de FocaliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant