OS n°1 : Entre eux deux

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Louis n'est pas certain d'aimer cette journée.

Il regarde par la fenêtre du Uber, le front collé à la vitre teintée, le paysage de Paris défilant sous ses yeux bleus. Il aurait pu venir en métro. Un petit coup de ligne 9, Porte de Saint-Cloud, l'affaire était pliée. Seulement, ça fait partie des choses qu'il ne fait plus beaucoup. Prendre le métro. Marcher dans la rue. Vaquer à des activités ordinaires comme lire un livre dans un parc. Pas que ça lui est interdit, évidemment que non. Disons qu'il n'y est plus aussi à l'aise. Il faut s'arrêter sans cesse pour prendre des photos avec des fans - quand les gens demandent l'autorisation déjà, ce qui n'est pas si courant. Il faut parler à des inconnus, accepter les regards en coin, les messes basses, les rires et les exclamations dès qu'il passe quelque part.

Et c'est encore pire quand il se balade main dans la main avec Harry.

Voilà pourquoi ils sont dans un putain de Uber, alors qu'ils auraient pu profiter du soleil de ce début de journée.

— Stressé ?

Louis se retourne vers son petit ami. Harry était bien silencieux depuis un moment, et ce parce qu'il connaît bien son copain. En effet, il était certain que Louis aurait besoin d'un moment pour réfléchir à tout ça, mais peut-être que le silence commençait à devenir trop pesant.

— On n'a pas vraiment le choix, répond Louis.

Et comme pour répondre à son affirmation, le portable du brun se met à sonner. Il n'a pas besoin de regarder l'écran pour savoir de qui il s'agit. Il coupe aussitôt la communication pour faire basculer son interlocutrice sur son répondeur.

— Magalie ? demande Harry dans un soupir.

Louis acquiesce, avant de prévenir :

— Elle va appeler sur le tien.

La sonnerie du bouclé retentit dans l'habitacle et ils éclatent de rire. Louis croit même voir un sourire sur les lèvres du chauffeur.

— Elle doit avoir peur qu'on lui fasse une Sam, ajoute Harry en mettant fin à l'appel.

— Béni soit son courage, commente le brun. Je n'aurais jamais osé boycotter ce tournage.

— Elle avait une bonne excuse avec sa répétition générale, et elle est de retour à Berlin.

— Tu crois vraiment que Magalie l'a crue ?

Harry hausse des épaules. C'est vrai qu'il en doute un peu, mais Sam ne tergiverse pas sur ses principes, alors au grand jamais la productrice aurait pu la forcer à venir. Participer à Pas touche à mon écran, très peu pour Sam. "J'ai ma dignité, Harry", lui a-t-elle dit au téléphone, la dernière fois qu'ils se sont appelés. Enfin, même si lui, ça ne l'enchante pas des masses, le bouclé n'appréhende pas ce tournage. Il savait, en sortant d'une émission comme Secret Story, qu'il devrait se coller à cette publicité. Elle est même plutôt bénéfique dans son cas. Son nombre d'abonnés sur les réseaux a quintuplé, et de plus en plus de gens écoutent la musique qu'il produit. Et puis, de toute façon, Louis a raison. Ils n'ont pas le choix. La promo post-émission, c'est écrit dans leur contrat. Et il l'a signé, ce foutu contrat. Depuis, il enchaîne les interviews dans la presse people, à la radio, et puis évidemment à la télévision : Pas touche à mon écran, un passage quasi obligatoire pour les finalistes. L'émission de Sylvain, son présentateur vedette, est très populaire auprès du jeune public, ce qui est surprenant sachant que les chroniqueurs ne sont que des vieux cons.

— Ça va bien se passer, reprend Harry en posant sa main sur celle de Louis. Ne t'inquiète pas.

Son petit ami sourit au contact. Ça fait bientôt six mois qu'ils sont sortis de la Maison des secrets. Six mois qu'ils ne se sont jamais vraiment quittés, et pourtant, même une simple caresse du pouce d'Harry sur la main de Louis lui envoie une petite décharge au creux du ventre.

Même dehorsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant