OS n°2 : Escapades 7/

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Samedi, 6h10, à côté d'Aix-en-Provence


Billy traverse le village de Li. Il n'est pas très éloigné d'une grande ville, mais on a cette impression d'être dans une parenthèse. La vie de village commence tout juste à s'éveiller au rythme du soleil, et Billy se surprend à aimer cela plus que nécessaire. Sans doute qu'imaginer Li dans les ruelles qu'il emprunte l'y aide.

Le blond a laissé sa moto sur un parking en périphérie, et sincèrement il espère qu'aucun jeune n'aura l'excellente idée de la rayer. C'est ce qu'il aurait fait, lui, il y a quelques années. Stupide gamin.

Il tire sur sa cigarette et accélère le pas, il a eu le temps de réfléchir sur le trajet pour venir jusque chez Li, et il a envie de la voir, de discuter avec elle. Il en est à un point où, juste lui parler, la regarder, est comme un privilège, tant l'occasion est rare.

Enfin, ils s'appellent parfois, ils essayent de garder ce lien si particulier entre eux, mais ils n'ont pas tant d'effort à faire, c'est toujours là, bien installé au fond de leur cœur. C'est cela qu'il veut lui dire, que l'affection qu'il lui porte est réelle et qu'elle ne passe pas.

Mais il sait que Li ne voit pas vraiment les choses ainsi, elle a peur, encore, d'être déçue. Et si Billy sait les efforts qu'il est prêt à faire, elle ne le sait pas, ce sont souvent les actes qui révèlent les cœurs.

Billy est là pour ça, pour lui montrer ce qu'il veut et ce qu'il est prêt à faire, et faire ces huit heures de motos de nuit, ça veut dire quelque chose, et il sait que la brune s'en rendra compte, elle aussi.

En pensant à tout ça, Billy ressert un peu son sac à dos en cuir contre son épaule nue, et observe brièvement un vieux déjà debout devant une boulangerie. L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. Il n'a qu'à tourner à gauche, et il est arrivé. C'est ce que lui indique son portable silencieux de tout message.

Il tourne et reconnait immédiatement la maison, il aurait même pu la trouver seul. Parce que tout respire Li et il n'est pas étonné que la jeune femme soit aussi douce en ayant grandi ici.

Les murs sont de pierres blanches, mais la maison est à moitié mangée par une immense glycine, fleurie, à cette période de l'année. Il y a des vases en pierres topaze, des plantes, des fleurs. Et quand il passe le portail, il voit un hamac entre deux arbres. Li doit forcément venir lire ici.

Il grimpe les quelques marches et s'arrête devant la porte. Il est tôt, sans doute que Li n'est même pas réveillée, mais quelque chose retient son attention. Immobile, il entend une mélodie s'échapper, pas le genre de musique que Billy lance jusque tard dans la nuit (ou tôt le matin), mais il est heureux de partager cette habitude avec la brune.

Le blond écoute quelques instants les notes qui s'échappent, mais il finit par se sentir un peu idiot à attendre tout seul. Et comme il ne trouve pas de sonnette, il finit par crier tout simplement.

— Hé oh, il y a quelqu'un ?

Ok, pas la meilleure façon de s'annoncer à cette heure, mais c'est plutôt efficace puisqu'il entend des pas se rapprocher. Ils ne viennent pas de la porte d'entrée, plutôt du jardin. À droite de la maison, une tête apparaît et s'apprête à le rejoindre. Billy cache sa déception en reconnaissant Darshan. Pour être honnête, il l'avait presque oublié.

Et pourtant, il n'y a rien d'étonnant à ce qu'il soit déjà levé, vêtu d'un pantalon fluide et d'une chemise en lin. Certainement qu'il faisait son yoga dans le jardin.

— Bonjour, Billy, salue la voix grave du père de Li en s'approchant pour lui serrer la main.

Billy descend les marches et lui rend sa poigne, en l'observant. Force est de constater qu'il ne semble pas spécialement surpris de sa présence. Comme Li ne l'aurait pas été, sans doute. Quoique, si elle se base sur son expérience, elle n'aurait pas forcément parié sur sa venue, pense Billy. Il a déjà raté le coche une fois. 

Même dehorsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant