Samedi, 7h25, Dordogne
— On est où, Lou ? demande Léo de sa voix grave.
— Chez moi, murmure le brun en s'asseyant sur le lit. Enfin, mon ancien chez moi.
Léo fronce les sourcils en regardant autour de lui, ils sont dans une espèce d'hôtel en périphérie d'une petite ville de campagne. La fenêtre de la chambre donne sur une forêt qui semble s'étendre à perte de vue. Ils n'ont qu'à traverser la route pour y accéder.
— Chez toi ? souligne Léopold, surpris.
— Hum, grommelle Louis en prenant le sweat que lui tend machinalement Léo, encore pas tout à fait éveillé. C'est là où je vivais avant, enfin pas là, à l'hôtel, mais dans le coin. Je ne sais pas pourquoi je t'ai demandé de venir, finit le brun.
Léopold a bien sa petite idée, mais le temps n'est pas vraiment à la discussion, enfin pas celle-ci. Il est un peu fatigué par la route qu'il a faite pour arriver jusqu'ici, malgré les quelques heures de sommeil qu'il a grapillées lorsque Louis et lui se sont écroulés sur le lit de la chambre qu'ils venaient de prendre.
Quand la réceptionniste des maisons d'hôte de sa mère lui a dit qu'un certain Louis cherchait à le joindre, hier soir, Léo a tout de suite compris que quelque chose se passait. Les appels à l'aide ne sont pas vraiment le truc de Louis, ni les larmes d'ailleurs.
Bref, il a conduit le plus vite possible et sans doute qu'il s'est pris quelques pv, mais il voulait être là. Il a garé sa voiture à l'adresse indiquée et Louis l'a guidé. Le temps de faire un aller-retour devant cette secte et leurs voitures patientes désormais sur le parking de ce formule 1 légèrement douteux.
Heureusement qu'il est en vacances, il n'a de compte à rendre à personne.
Machinalement, Léopold se pose à côté du brun le plus confortablement possible. Ils ne sont pas si mal installés pour un départ précipité.
Mais ce qui inquiète le plus le jeune homme, c'est le silence du brun, Louis n'a pas dit grand-chose, à peine que son père avait refusé de le voir. Quand il est arrivé, en plein milieu de la nuit, Louis était assis sur un rebord, à côté de la voiture d'Harry. Silencieux, Léopold a eu l'impression de voir un enfant pendant un instant. Et il sait qu'il va se souvenir de cette image.
— Léo ? demande timidement le brun, brisant le silence presque confortable qui s'est installé.
— Oui ?
— Est-ce que je peux appeler Harry ?
— Évidemment, répond Léopold en saisissant son téléphone.
Louis se lève et ouvre la porte de la salle de bain qu'il semble connaître par coeur. Tout est toujours pareil dans ce genre d'hôtel. Il les a un peu fréquentés, lorsqu'il a fui la communauté avec ses frères et soeurs. Malgré les années, rien ne semble bouger. C'est marrant, il a l'impression que son monde intérieur est complètement chamboulé, mais les lieux et les gens, eux, restent les mêmes.
Il ferme la porte derrière lui, s'isolant complètement, pas qu'il ait peur du jugement de son ami, mais il doit s'excuser auprès du bouclé et toutes ses choses-là, le genre de moment qui ne doit appartenir qu'aux protagonistes.
Facilement, il trouve le contact de son petit ami et le sélectionne, il a l'impression de passer sa vie à appeler des gens en ce moment.
La première fois, personne ne répond et Louis se dit que c'est une erreur, mais la deuxième et troisième fois, le brun doit se rendre à l'évidence : Harry ne répond pas. Son téléphone ne sonne même pas, remarque-t-il en fronçant les sourcils.
Raisonne-toi, Louis, murmure-t-il. Il doit forcément y avoir une explication rationnelle, n'est-ce pas ? Sans doute que, comme lui, son téléphone est déchargé. Parce qu'Harry ne peut pas ignorer son appel, pas lui, ce n'est pas son genre, même s'il est énervé, il ne le ferait pas. Mais évidemment la petite voix au fond de son cerveau ne peut s'empêcher de penser que peut-être que si, peut-être qu'Harry s'en fiche ou qu'il veut lui faire payer son départ. Et encore plus profondément, il se dit qu'il l'a peut-être bien cherché.
Sans doute que Li, elle, répondra et l'aidera à prévenir son petit ami, se dit-il, et Louis fait vraiment tous les efforts du monde pour combattre la nouvelle peur qui l'envahit et essayer de penser rationnellement. Le brun s'empresse d'appuyer sur le nom de la jeune fille.
Mais rien ne vient apaiser le bourdonnement de son coeur. Aucun son, pas même la messagerie. Rien. Comme si ni Harry ni Li n'étaient disponibles. Louis sait qu'il est égoïste, mais à ce moment-là, il leur en veut. Il sait que ce n'est pas bien, il le sait, mais ça déborde et ça vient juste le blesser un peu plus. Il essaye de se persuader du contraire, de se rappeler que tout ne tourne pas autour de lui, mais là maintenant il a du mal. Vraiment du mal.
Léopold frappe doucement à la porte de la salle de bain et offre sans le savoir une échappatoire à Louis. Le moyen de redescendre sur terre, de se reconnecter aux choses. Léo, sans attendre de réponse, passe sa tête. Louis a le visage baissé vers le sol, mais il remarque sans problème qu'il a envie de pleurer.
— Louis... commence le garçon.
— Ce n'est rien, coupe-t-il, un peu sèchement, pour ne pas donner à ses pensées la possibilité de reprendre le dessus. Ils doivent avoir du travail. Ce n'est pas grave.
Le brun essuie rapidement son visage avec la manche de son sweat vert et, sans rien ajouter, il dépasse Léopold pour retourner dans la chambre. Il sait ce qui lui ferait du bien, là, tout de suite. Et même la fatigue que ressent son corps ne suffit pas à taire cette idée. Il a besoin de se reconnecter au monde, de faire le vide, de ne plus penser à lui, à ses blessures. D'oublier. C'est sans doute pour cette raison qu'il a appelé Léopold. Il ne lui rappelle aucun mauvais souvenir, il a toujours été bon avec lui.
— Louis, répète Léo comme un avertissement.
Le garçon sent bien qu'il n'est pas dans son état normal, mais il a l'impression d'être complètement impuissant, c'est comme regarder quelqu'un chuter et ne pas pouvoir lui tendre la main.
Il ne sait pas que sa seule présence empêche Louis de tomber complétement.
— Je t'assure, murmure le brun. Tout va bien. Je veux juste aller me promener, explique Louis en mettant ses chaussures. On va juste aller se promener et, quand on reviendra, il m'enverra un message et j'irai mieux, je te le promets, tente de le rassurer Louis.
Leopold peut sentir d'ici l'accent désespéré de son ami alors il n'ose rien ajouter, il oublie la fatigue, enfile sa veste et ouvre la porte. Si Louis veut se changer les idées alors soit, ils ont promis une belle journée aux informations.
#SecretLarry
#SecretLarryOS
#Mêmedehors
VOUS LISEZ
Même dehors
General Fiction"Même dehors" est un recueil d'OS qui est la suite de la fiction "Apparence". Après être passés dans une TV-réalité très populaire, les candidats sont désormais de retour dans le quotidien. Mais le succès est éphémère, alors comment retrouver une...