OS n°2 : Escapades 13/

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Samedi, 12h15, Dordogne


— Louis ! s'écrit Léopold en faisant de grands gestes. Attends-moi !

Leo n'est pas épuisé, mais il ne connaît pas bien la région, contrairement à Louis qui semble tout connaître comme sa poche. Mais s'il n'y avait que ça... depuis trente minutes, Louis marche loin devant sans l'attendre. Et si le plus grand n'était pas vraiment agacé et ne l'est toujours pas, il a décidé que Louis avait eu assez de temps pour cogiter.

Il l'observe qui ralentit et s'assoit sur un rocher, Léopold saisit sa chance et accélère encore un peu, il est midi ou quelque chose ça et le ciel commence à s'éclaircir. Il espère que le cœur de Louis aussi.

Il foule les cailloux et la poussière et parvient en quelques grand pas à rejoindre son ami. Il reste debout face à lui et les garçons se regardent un instant.

Ils ne sont pas très bavards, et pour cause Louis ne veut sans doute pas parler et Léo le laissait respirer. Mais au-delà de ce moment, ils appartiennent à la catégorie des taiseux. Pour des raisons différentes, mais c'est la même grande famille. C'est sans doute pour cela que Louis comprend facilement par le regard de Léopold qu'il est peut-être allé un peu loin en tenant son ami aussi éloigné de lui.

Alors Louis saisit rapidement la main tendue de Léopold, la serre. Le plus petit fronce les sourcils en sentant un métal froid. C'est une bague dorée.

— C'est la bague de ton père ? demande Louis en marchant maintenant à côté du brun.

Léo lui répond en hochant la tête et observant la campagne aux alentours, il trouve ça apaisant, lui qui connaît plutôt les villes et la pollution lumineuse.

— Il me l'a donnée quand il est parti, je te l'avais dit ?

La question est rhétorique, Louis est au courant de pas mal de choses dans la vie de Léo que ce soit avant ou après Secret. Il sait que le brun essaye de relancer la conversation, parce que Louis le veut. Sans doute qu'habituellement il l'aurait laissé sur ce hochement de tête.

— Mon père ne m'a jamais rien donné, s'aventure Louis en empruntant le sentier de droite, qui semble le plus escarpé.

— Il t'a offert des souvenirs, non ?

Louis ralentit un peu, le brun marque un point et il ne peut pas démentir, n'est-ce pas ? S'il est ici, c'est précisément car le souvenir le plus heureux qu'il possède se trouve là. Il essaye d'en saisir les dernières bribes, de s'en nourrir pour se donner de la force et en créer de nouveaux. Avec Léopold, apparemment.

— Mon père ne m'a rien donné d'immatériel tu sais, ajoute Léo en replaçant le sac qui contient les sandwichs sur son épaule. Je n'essaye pas de dire qu'un parent est mieux que l'autre, juste qu'il ne faut pas envier ce qu'on ne connaît pas.

— Les histoires ont toujours plusieurs versions, je sais, Léo, affirme Louis avec un drôle de souvenir. J'aurais seulement aimé que la mienne en ait des versions plus joyeuses.

— Je sais, soupire tristement le brun en tournant sa tête vers son ami.

Il sourit quand il remarque qu'il doit baisser sa tête pour bien voir Louis. Il semble petit ici, avec la nature autour de lui, on ne sait pas dire si les arbres vont l'engloutir. Il aime vraiment ce garçon, soupire-t-il en se détournant. Il a des amis à Bordeaux bien sûr, mais ce n'est pas le même lien, il sait que les gens pensent que la télé n'apporte que du superflue. Mais Léopold n'a pas cette impression, pour être honnête, il a même le sentiment inverse.

Même dehorsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant