OS n°2 : Escapades 20/

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Samedi, 14h20, Périgord vert


Louis se demande pourquoi il n'est pas revenu ici plus tôt. Le paysage familier dessiné sous ses yeux apaise son cœur. Il se revoit là, avec Alex et les autres enfants de la communauté, se cacher derrière les ruines de cette chapelle abandonnée.

Il était heureux, à cet âge-là, loin de comprendre qu'il était enfermé.

Un sourire effleure brièvement son visage. Est-ce qu'il ne l'est pas encore, quelque part ? Des fois, il a l'impression que les barreaux sont dans sa tête. Louis pense souvent à ce qu'il a loupé, comme s'il y avait des trous en lui, des parties manquées qu'il ne sait pas comment combler. Il se sent un peu gauche, mal fini.

— As quoi tu penses ? demande Léopold.

Louis hausse les épaules, que répondre ? À tout et rien. Il pense qu'il est soulagé d'être arrivé à cette chapelle, mais quelque chose ne colle pas. Louis a froid, il replie ses jambes contre son torse pour se protéger du vent.

— On peut essayer de rappeler Harry ? lance-t-il.

Son ami acquiesce, évidemment, Léo se demandait même quand il allait enfin oser lui demander. Il lui tend son téléphone. Louis sélectionne le numéro de son petit ami. Les sonneries retentissent... dans le vide. Il tombe sur le répondeur. Encore une fois.

Louis soupire. Ça serait son portable, il l'aurait balancé contre le mur de la chapelle, mais là, il se contente de le rendre à Léopold. Il lui doit au moins ça, le mec l'a littéralement suivi dans sa quête initiatique ou il ne sait quoi.

— C'est bizarre, commente son ami d'un froncement de sourcils, qu'il ne réponde pas.

Ils ont déjà abordé le sujet, mais Léo insiste. Vraiment. Rien de tout ça ne lui semble cohérent.

— Il m'en veut, dit Louis.

— Il décrocherait quand même, assure Léo.

— Je me suis barré sans prévenir, il va me le faire payer.

— Je ne crois pas qu'Harry soit aussi mesquin.

Louis ne le croyait pas non plus, mais honnêtement, il ne voit pas d'autres explications. Harry a forcément remarqué son absence, il ne peut pas ignorer ses appels sans le faire exprès.

Le garçon s'allonge à même le sol, le regard rivé vers les nuages qui défilent dans le ciel. Léopold imite son geste, et ils sont là, tous les deux, sous ces formes vagues qui forment un drôle de tableau. Ils ont une impression de déjà vue.

— Tu vois quoi, toi ? demande Louis.

Léo sourit, évidemment qu'il se rappelle que ce sont ses mots. C'est le premier moment qu'ils ont passé ensemble, dans la Maison des secrets, à discuter au bord de la piscine en regardant les nuages.

— Lequel ? reprend le garçon à la peau ébène.

Louis lui désigne le plus gros, quelques rayons passent à travers la forme brumeuse.

— Un... ours ? propose Léo.

— Je suis plutôt d'accord.

— Et celui-ci, alors ?

Léopold pointe son doigt sous le nez de Louis pour qu'il suive son regard, désignant un autre nuage, un peu plus bas, qui touche presque la cime des arbres.

Louis sait pourquoi son ami a choisi ce nuage et il le déteste un peu, là, tout de suite.

— Un cœur, répond-il quand même en soupirant.

Même dehorsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant