OS n°2 : Escapades 5/

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Vendredi, 22h10, Paris


C'est peu fréquent, mais ça lui arrive tout de même. Ces battements de cœur rapides qui lacèrent la cage thoracique. D'habitude, elle sait contrôler l'angoisse montante, elle sait respirer, calmer son esprit, apaiser ses maux.

Pas ce soir.

Li sort de la gare de Lyon en courant. À son épaule, un sac en lin suit ses mouvements, tapant contre sa hanche à mesure qu'elle avance. Elle cherche des yeux la station de métro la plus proche. Li n'aime pas Paris. Elle n'a jamais aimé les grandes villes.

La brune finit par suivre la foule grouillante, il y a de fortes chances qu'ils se rendent tous dans les souterrains de la capitale.

Elle entre dans une rame. Dans sa tête, elle entend encore la voix d'Harry dans le combiné : « Il est où ? » Elle n'a pas répondu, et pourtant, au fond d'elle, elle le sait. « Il est où ? » répétait Harry, et sa voix devenait à chaque intonation plus douloureuse.

Li n'a pas attendu bien longtemps avant de prendre un billet de train pour rejoindre Harry. Elle est amie avec Louis, mais elle apprécie aussi le bouclé et il n'était pas question de le laisser seul cette nuit, avec ses pensées... ou ses non-pensées, le pauvre ne doit absolument rien y comprendre. Li a réussi à avoir le dernier train, son père l'a déposée à la gare à la hâte, juste après le coup de fil d'Harry. Et alors qu'elle courait vers son wagon, presque arrivée au niveau du quai, Billy a appelé.

Il devait se voir, elle a annulé. Li n'a pas été très sympa, au téléphone, elle le sait, mais elle lui expliquera plus tard. Demain. Au calme. Quand ils auront retrouvé Louis. Billy comprendra.

La jeune femme observe les arrêts défiler sous ses yeux. Elle a déjà été chez le couple, elle se rappelle de leur adresse. De sa main fine, elle serre la hanse de son sac. Il n'y a pas grand-chose à l'intérieur, juste une brosse à dents et une tenue pour le lendemain.

Li sort du métro, elle n'a même pas regardé son portable. En avançant jusqu'à leur appartement, elle espère que Louis sera là, dans le salon, et qu'ils se sont inquiétés pour rien avec Harry.

La valise disparue ? Empruntée par sa sœur. Son absence de ce soir ? Justifiée par des heures supplémentaires à l'hôpital. Mais à mesure que ses pas foulent le trottoir parisien, chacune de ses pensées lui paraît bien illusoire.

Louis ne peut être qu'à un seul endroit.

Et il est temps qu'elle en parle à Harry.

Lorsque le bouclé lui ouvre la porte, Li comprend tout de suite que Louis n'est pas revenu. Harry se pousse, faisant un pas en arrière, la main dans ses cheveux. Il soupire. Peut-être qu'il avait le vague espoir que ce soit son petit ami derrière le battant. Li entre à tâtons dans la pièce, elle suit le bouclé jusqu'au salon, où le garçon s'affale dans le canapé. Son visage disparaît dans ses deux mains. Il a l'air désemparé. Li ne sait même pas où se mettre.

— Louis veut me quitter ? demande-t-il enfin.

Il y a un tel silence que les mots ont une sonorité brutale.

— Il ne m'aime plus et il n'ose pas me le dire ? poursuit Harry.

— Non, répond calmement Li. Ce n'est pas ça.

Le bouclé redresse la tête. Il fixe son amie, encore plantée au milieu du salon, son sac pendant toujours maladroitement de son épaule découverte, car son cardigan beige a glissé pratiquement au niveau de ses coudes. Ses cheveux sont emmêlés, son souffle encore un peu erratique. Malgré son allure, ses yeux ne traduisent ni une course folle ni une tentative de le couvrir.

Même dehorsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant