Même dehors

OS n°2 : Escapades 19/

Samedi, 13h40, Périgord vert

La voiture d'Alex est en train de quitter leur champ de vision, et Li et Harry l'observent s'éloigner sans rien dire. Le garçon vient de les déposer à l'entrée d'un chemin de forêt. Il leur a dit que la chapelle était tout au bout, à une heure de marche d'ici environ. Il a précisé que c'était une balade facile pour les gens de la ville, ce qui a fait tiquer Li, évidemment.

Enfin, la jeune fille doit reconnaître que le bouclé et elle ne sont pas apprêtés non plus pour une randonnée en pleine montagne, donc ça tombe plutôt bien quand même.

— Alors, on y va ? lance Harry.

Li acquiesce et les deux jeunes gens s'engouffrent dans le chemin de terre. Ils commencent à marcher, silencieusement. Harry ne profite pas vraiment de ces grandes forêts verdoyantes. Alex avait l'air persuadé que Louis serait là-haut, à la chapelle, alors l'angoisse est moins présente. Mais c'est un autre sentiment plus cruel qui prend peu à peu sa place ; la culpabilité.

Dans sa tête, ça crie : « Et après ? »

Et Harry n'a pas de réponse.

Il doit se changer les idées.

— Comment as-tu su qui était ce type ? demande-t-il à Li.

— J'ai... observé, dit-elle, évasivement, comme le sont toujours ses prises de paroles.

Harry acquiesce, enfonçant ses mains dans les poches de son pantalon. C'est raté pour le changement d'idées, car tout le ramène à Louis. Il se sent nul, à propos de tout. Il n'a pas vu qu'Alex était un ancien ami de son copain, probablement parce qu'il ne sait pas écouter. C'est forcément lui, le problème. C'est pour ça que Louis est parti. Il le regardait sans le voir, il l'entendait sans l'écouter, peut-être même qu'il l'aimait sans être présent. Et c'est horrible. Ce sentiment le prend et lui noue le ventre à mesure qu'il avance, si bien qu'il finit même par se demander s'il ferait bien d'aller jusqu'au bout.

Et si Louis est bien à la chapelle, qu'est-ce qu'il pourra lui dire ? L'engueuler d'être parti sans prévenir ? S'excuser parce qu'il l'a fait et que lui doit en être responsable ? Ne rien dire et simplement le serrer dans ses bras si fort qu'il espère que son copain n'envisage plus jamais la possibilité de lui échapper ?

Et si Louis n'est pas là-bas, au contraire ? Et s'il arrive trop tard et que le brun s'est déjà envolé ? Il ira où, après ça ? Demander de l'aide à qui ? Trouver quel magazine à la con pour avoir ne serait-ce qu'un semblant de piste ?

Il y a trop de questions dans sa tête, trop de stress et pas assez de sommeil, il y a tout un tas de choses et ses jambes le lâchent. Harry s'accroupit, au sol, comme un petit enfant qui ne voudrait plus avancer. Et il pleure. D'abord en silence, puis bientôt les sanglots l'enveloppent tout entier. Harry sent la main de Li se poser sur son épaule et il laisse tout ressortir. Tout ce qu'il a retenu depuis leur départ précipité dans la nuit. Il pleure la peur et l'absence et l'amour.

Li vient derrière lui, ses bras l'encerclent et elle ramène le bouclé à elle. Harry se laisse faire, il apprécie que la brune ne dise rien, qu'elle le laisse juste déverser sa peine sans juger.

— Je l'aime vraiment, Li, déclare-t-il entre ses sanglots. Je ne me pardonnerai jamais de lui avoir fait du mal.

— Il avait mal tout seul, murmure la jeune fille. Tu n'y es pour rien.

— J'aurais dû savoir atténuer sa douleur.

— Non, souffle-t-elle.

Et pourquoi Li est-elle toujours aussi Li ? se demande le bouclé. Pourquoi est-elle si indéchiffrable et pourquoi dit-elle calmement des choses qui n'ont jamais de sens ?

— Je suis son copain, bien sûr que j'aurais dû le savoir, insiste-t-il.

— Parfois, les gens sont malheureux et tu n'y peux pas grand-chose, dit Li. Tu sais, je crois que c'est pour ça qu'on aime se confier à moi... Je ne cherche pas à consoler les gens, je les laisse juste être tristes. C'est important aussi, de s'autoriser à l'être.

Harry se redresse. Le regard de la brune est doux, et évidemment qu'il comprend pourquoi Louis lui parle tant, tout paraît si simple avec elle.

— Tu n'es pas dans la tête de Louis et tu ne le seras jamais, poursuit Li. Tu ne peux pas te battre à sa place, mais tu peux être son allié dans son combat.

— Comment ?

— En lui demandant ce dont il a besoin.

Li se remet debout, époussetant son pantalon qui a récolté quelques feuilles mortes au passage, puis elle lui tend sa main :

— Et c'est ce qu'on va faire, maintenant. On va le retrouver et on va être là pour lui.

Le bouclé attrape la main tendue vers lui et se redresse à son tour. Les mots de Li lui ont mis du baume au cœur et il se demande comment il a pu, l'espace d'une seconde, ne pas vouloir courir jusqu'à cette foutue chapelle pour serrer Louis contre lui.

Il irait n'importe où.

— Ne doute pas de l'amour que tu portes à Louis, déclare Li. Tout le monde n'est pas capable de faire ce que tu fais.

Harry sait à qui elle fait référence, parce que lui n'est pas venu la chercher elle, et c'est comme si Li était encore à la dérive depuis.

— Moi aussi, je peux être ton allié, lui assure Harry.

La brune lui sourit, et peut-être qu'ils ne réalisent pas tout à fait que leurs mains sont encore liées l'une à l'autre, mais ils se remettent à marcher. 

Ensemble. 

#SecretLarry

#SecretLarryOS

#Mêmedehors