67 - Mort ?

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C'est pas possible... Il ne peut pas être mort... Je ne bouge plus, mon regard rivé sur la fenêtre cassée par laquelle Clément vient de passer. Comment ? Non... Je ne veux pas y croire... Je ne peux pas croire qu'il soit mort... Il ne peut pas être mort comme ça ! Je refuse de croire qu'il soit mort !

C'est à cause de moi... Si je n'avais pas eu cette idée il serait encore en vie à l'heure actuelle... Des larmes mouillent rapidement mon masque tandis que ma vue se brouille. Je remarque tout de même Valerian se tourner vers nous avant de dire:


-Si ça peut vous rassurer, ou au contraire vous choquer, j'ai entendu un craquement au moment de l'impact avec le sol... Peut-être qu'il s'est fracturé le crâne ?

-Il ne peut pas être mort... Pas à cause de moi...


Ma voix est tremblante, mon regard perdu, je me sens coupable, j'aurai pour le restant de ma vie ce poids à supporter... La mort de mon "sauveur".


-Si ça peut te rassurer, je comptais le faire passer par la fenêtre à un moment ou à un autre, tu as juste accélérer sa chute.


Non... Non... Non... Pas ça !


-Il tient toujours ces promesses ! Il ne peut pas mourir ! Il n'as pas vécu assez de choses ! Il peut pas...

-Tu parles du fait qu'il devait retrouver Lucas dans une semaine ? De toute façon, deux âmes liés seront toujours réunis, même dans la mort... Que c'est pathétique...

-Vous l'avez tué... Comment avez-vous pu !? Tuer un être vivant !? Priver des personnes de la présence d'un être cher tout ça parce que vous voulez du pouvoir !? C'est ridicule ! Vous êtes ridicule ! Le pouvoir ça se mérite ! Les personnes qui ont du pouvoir travaillent dur pour y arriver ! Et vous, vous tuez pour y accéder ! Pour accéder à ce que des personnes honnêtes ont bâti ! Vous êtes abject ! La seule chose que vous méritez c'est de souffrir et de passer le restant de vos jours seul et isolé de toute présence vivante !

-Vraiment ? Je m'en fiche de ce que je mérite. Bientôt je serai au pouvoir ! L'école de Calices sera mise en service et tu sais quoi ? Tu y auras même une place. Parce que tu sais quoi ? Tu n'es pas très bien élevé...

-Jamais il n'ira. Je ne laisserai pas faire ça.

-Mais vous n'aurez pas le choix monsieur Lennix. J'y veillerai personnellement. Ce sera  vous qui causerez votre propre chute... Enfin c'est comme si vos parents avaient envoyé eux-mêmes votre calice en enfer ! C'est drôle n'est-ce pas ?


Je le regarde avec toute la haine que j'éprouve à son égard dans mes yeux, mes larmes se tarissant pour ne laisser place qu'à de la colère, une colère dévastatrice refoulée depuis trop longtemps déjà. Hors de moi, je me lève mais suis vite retenu par Adrien qui me fait rasseoir, décidant d'ignorer celui-ci pour me concentrer sur l'unique chose qui me permet de ne pas me morfondre, ce taré de Valerian:


-Qu'est-ce que tu comptes me faire petit calice de toute façon ?

-Rien... C'est peut-être étonnant mais je ne peux rien faire d'inconsidéré.

-C'est vrai que la seule chose que tu sais faire c'est pleurer...


Il essaie de me mettre plus en colère encore mais ça ne marchera pas, je respire profondément pour me calmer tandis qu'Adrien dit:


-Laissez le tranquille, il ne vous a rien fait.

-C'est faux... Il m'a lancé une bouteille d'eau dans la tête... J'ai mal.


Valerian perd l'équilibre, il se stabilise en s'accrochant au second canapé qui n'a pas bougé, puis on entend une voix:


-Tu pensais pouvoir te débarrasser de moi comme ça Valerian ? C'est mal me connaître...


La joie m'envahit en reconnaissant la voix de Clément, ma colère disparaît momentanément. Il n'est pas mort ! Il n'est pas mort !


-As-tu vu le piteux état dans lequel tu es ? Il ne m'en faudra pas beaucoup d'avantage pour te tuer !


Il reste encore de l'espoir ! Les gardes ne devraient plus tarder à présent ! Il faut juste l'aider à tenir le temps qu'ils arrivent. Valerian saute de la fenêtre, directement après, je me lève avant de me rapprocher de la fenêtre pour regarder comment se porte Clément. C'est vrai qu'il n'a pas l'air très bien... Il ne lui en faudra pas beaucoup pour s'écrouler... Il faut que je l'aide ! Il est doué avec des couteaux non ? Alors je vais lui donner des couteaux ! Regardant partout dans la salle, je vais finalement vers les tiroirs avant de les ouvrir à la va vite, cherchant des couteaux. Après quelques tiroirs vides, je trouve des couteaux, fourchette, cuillères. Je prends tous les couteaux avant de me diriger vers la fenêtre, malheureusement Adrien me stoppe:


-Que fais-tu Antoine ?

-Je vais lancer ça à Clément, pour qu'il se défende... Je ne sais pas si tu as vu dans quel état il est mais...

-Laisse moi t'aider...


Je le regarde avec incompréhension avant de lui donner quelques couteaux qui menaçaient de tomber de mes mains. Une fois fait, nous retournons à la fenêtre, la scène que je vois me fend le cœur. Clément est au sol, cet enfoiré à le pied sur son torse et l'immobilise ainsi, il lui parle:


-Tu es vulnérable... Ce que tu détestes, tu détestes avoir un point faible car cela te rend vulnérable. Tu détestes être soumis, ne pas avoir le contrôle sur ce que tu ressens te terrifie au plus haut point, c'est pour cela que tu es parti, tu avais peur de ce que tu ressentais.


Clément a les yeux fermé, attendant patiemment qu'il en finisse. Alors c'est comme ça ? Il rend les armes maintenant ? Après tout ce qu'il a traversé, il décide de mourir maintenant ? Est-il fou ? Détournant leur attention, je crie:


-Alors tu abandonnes ? C'est comme ça que tu veux mourir Allan !? Si proche du but ? Après avoir souffert tout ce temps ? Tu abandonnes maintenant !? Tu n'as plus d'armes n'est-ce pas ? Alors laisse nous t'aider ! Tu as été mon bouclier hier, alors aujourd'hui nous serons le tien !


Suite à mes paroles, je lance un couteau qui force Valerian à esquiver et donc à lâcher Allan qui semble se ressaisir rapidement, attrapant le couteau. Adrien et moi lançons les couteau, le plus proche possible de Clément sans le toucher mais aussi quelques uns sur Valerian pour le repousser. Une fois à cours de couteaux, je me retourne après avoir vu le léger sourire que me lançait Allan, je marche vers la sortie mais Adrien m'interpelle à nouveau.


-Tu vas où ?

-Je vais aller chercher de quoi procurer les premiers soins à Allan, les gardes ne devraient pas tarder... Et puis je te rappelle que j'ai le PSC1 !

-Je viens avec toi, on sait jamais.


Nous sortons donc rapidement avant de passer à l'infirmerie récupérer un kit de soin ainsi que des tissus assez longs pour faire des garrots ou des pansements compressifs. Une fois le tout en main, nous sortons discrètement dans la cour avant de nous cacher derrière un arbre pour être à l'abris tout en attendant le moment d'intervenir.



CaptivantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant