Partie 1 Episode 1 La question du mariage à l'inconnu

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Partie 1
Episode 1 : La question de mariage à l'inconnu

Donc moi c’est Samira Aït Millali. Mon père Nasser ben Mohamed ben Brahim Aït Millali est retraité mais il travaille dans la boucherie halal du quartier au cœur du centre commercial. Pour lui ce n’est qu’un loisir, c’est une façon de tuer ce temps libre qui rythme désormais le restant de sa vie. Mon père c’est le boss de la maison, c’est lui qui donne les directives mais il ne décide rien. Nasser n’est pas ce genre de “daron” autoritaire, nerveux qui passe son temps à fumer sa cigarette devant la fenêtre de la cuisine et qui gueule tout le temps sur sa femme et ses enfants. Non il n’est pas ce père à qui on aime donner ce genre de clichés dans les médias et dans les films. Mon père c’est un bel homme matte au grands yeux marron, fière, honnête, fidèle à ses principes et surtout il porte une moustache qui lui va très bien. Au delà de son caractère que j’admire énormément, il a une allure que j’aime beaucoup. Son look est classe surtout l'hiver lorsqu'il porte ses lunettes avec son bonnet russe. Incha’Allah mon future mari lui ressemblera à son âge. Mais au delà de ses soixante ans il est devenu un homme affaibli physiquement, je ne cesse de remarquer ses rides sur son front et cela me fend le cœur. Les signes d’une vie passée marquées par de dures épreuves... Ses 40 ans de carrière dans le bâtiment en tant qu’ouvrié non qualifier lui ont laissé des traces. Résultat il a des problèmes de dos et il est accro aux médicaments. Nous prions Dieu pour qu’il le guérisse. Mon père c’est mon repère et mon guide. Il est un homme calme et doux. Il est hors de son monde. Ce qui lui importe c’est sa religion, sa famille, ses amis et la santé. Et l’argent ? Et bien lui il s’en fou complètement. Il est du genre à travailler pour subvenir et non à travailler pour vivre au-delà. Telle est la philosophie de mon père.

Ma mère c’est Saleha, 55 ans le moteur de la maison. C’est elle qui décide le tout pour le tout. C’est l’adjointe et la conseillère de mon père. Ma mère est une femme de caractère, une guerrière, une maman courageuse. Elle est active à l’intérieure de la demeure mais aussi à l'extérieure. C’est une femme bien portante au look fidèle à ses convictions. L’hiver elle porte un long manteau et un foulard sur la tête. Une femme sociable capable de parler à tout le monde sans exception. Une chose est sûre tu ne peux pas la lui faire à l’envers. Elle est très fute fute.


Moi Samira je ne suis pas fille unique.

J’ai une grande soeur, Anissa 30 ans mariée à mon cousin du bled Salim 33 ans. Ils habitent un quartier pas très loin du nôtre. Anissa est toujours collée à ma mère. C’est le genre de femme réservée, respectueuse, obéissante, naïve de tout qui n’ose pas irriter les autres. Tous les samedis c’est elle qui ramène ma mère faire les courses. C’est une maman casanière. Son métier consiste à gérer la demeure et s’occuper des enfants. C’est le plus beau métier du monde qui demande énormément de courage. Je l’admire pour ça. 


Toujours honneur aux femmes: je vous présente Nawel 15 ans. C’est ma petite sœur et elle est au collège. Oula elle, elle a un très fort caractère ! Elle veut imiter Kim Kadarshian, elle passe son temps à écouter de la musique et à poster des photos sur facebook.
Rassurez-vous on la remet très vite à sa place lorsqu’elle dépasse les limites. En ce moment elle ne va pas très bien, je veux dire au niveau “morale”. Elle nous fait une crise de l'adolescence mais version “fille de quartier”.

Enfin j’ai un grand frère Abdel 32 ans marié à une fille de mon quartier Jamila 31 ans. Ensemble ils ont une fille de 3 ans Lina. Abdel depuis qu’il est marié tout va bien dans les meilleurs des mondes. Je ne m’attarde pas sur lui. J’ai un petit frère Karim 19 ans, le Kaïd de la maison ou du moins le “haflit”. Lui c’est un gros souci. Il pense encore qu’il peut devenir footballeur professionnel. Il veut marcher sur les pas de “Karim Benzema”. Ce rêve qui le fera sortir de cette prison à ciel ouvert. Que des illusions. Il ne fait rien de ses journées, il mène un peu une vie de thug. Il squatte les halls, les potes, les scooters, les chichas et les jeux vidéos. Avec lui on en peut plus. Ces bêtises nous dépassent. 
Après ma famille il y a mes amis que vous découvrirez par la suite. Leur vie, leur histoire bien qu’elles soient ordinaires, marquent profondément nos esprits c’est pourquoi je souhaite les partager. 

Le problème dans ma vie c’est mon âge. J’ai 26 ans. 26 ans pour une célibataire ça signifie beaucoup de choses. En France et dans le monde occidental ç’est la jeunesse, le bel âge et les aventures. L’âge à croquer la vie à pleine dent. Pour une grande partie de ma famille au bled, à 26 ans je suis foutue et vielle surtout pour le mariage (remarque tant mieux on me laissera tranquille).
Ce sont deux visions extrêmes. Il y a aussi la troisième qui est celle du “juste milieu”. Elle considère qu’avoir 26 ans pour une femme c’est un bel âge, c’est moyennement jeune mais c’est surtout l’idéal pour construire sa vie, en l'occurrence, se marier. C’est la vision de cette nouvelle génération de français issue de l’immigration maghrébine. Dont j’en fais partie. Pour tout vous dire dans ces trois descriptions de mes 26 ans, je suis vraiment à plaindre. Je ne croque pas la vie à pleine dent, je jongle entre le chômage et le ménage. A cet âge je suis toujours célibataire. Personne n’est venu demander ma main. Si à part mon voisin du bled mais ça ne m’intéresse pas. Je me méfie je refuse de me marier à un homme de là bàs… Il faut lui faire les papiers et tout le tralala. Au début il faut l’assumer. Moi je cherche quelqu’un qui va m’entretenir ! Non n’y voyez pas une onde du matérialisme. Je ne le suis pas ! Loin de là ! Les événements de ma vie font que je n’ai pas le courage de courir pour une personne. Non je ne suis pas égoïste mais je cherche pour ma part le meilleur. C’est naturel.

Justement en parlant de mariage aujourd’hui c’est dimanche.
Mes parents, la veille avaient décider d’inviter la famille à savoir les tantes, les oncles et les cousins pour le repas. Je suis là allonger dans mon lit et plonger sous ma couette. Je savoure cet instant. Dormir et dormir tout en profitant de ce jour de week-end. Oui je suis fatiguée, épuisée par cette semaine passée. Le dimanche est un jour que j'apprécie. Le soleil est déjà levé mais ma conscience voyage toujours dans mes rêves. Je vole sur un petit nuage, je sens mon corps confortablement reposé. Soudain j’entends des pas se diriger vers ma chambre. Je n’y prête que peu d’attention. Je les entends tout de même arriver. Je reconnais parfaitement ces élans . C’est elle, je sais que c’est elle. Le son des pas de ses babouches contre le sol ne me trompent jamais.

“Samira, Samira awili, awili elle dort encore ! Samira réveilles toi ! Samira ! awili awili ! Aujourd’hui il y a du monde et elle est toujours dans son lit !”
- Mais c’est bon eueueue …: dis-je toujours allongée et les yeux fermés.
- Réveille-toi ! Range moi ta chambre, range la maison et vient m’aider al Hamara !” Elle attend 2 petites secondes et elle se remet à hurler: “C’est toi qui dois te lever la première normalement ! Samira ! Samira réveilles toi il est 11h00…” 

Chronique de Samira et Ziad: Le multimillionnaire et moi ! Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant