Suite de l'épisode 1: La question du mariage à l'inconnu

22.7K 1.2K 5
                                    

J'aperçois au loin mon bus arriver. J’accélère pour ne pas le louper. L’homme derrière me suit toujours ! On aurait cru une course poursuite. La peur est toujours là ! Je suis angoissée ! Il est en train de me rattraper ! Je ne pers pas espoir! Je cours sans réfléchir! Ma seul solution c’est de rattraper ce bus. Ce dernier est la seule façon de me sauver la vie ! Au moment où il s’arrête à l’arrêt, je me prends un bout de bois sur le pied droit. Je suis sur le point de tomber mais Dieu merci je ne perds pas l’équilibre. Je me reprends, j’avance devant le portier et je saute devant le conducteur. L’homme derrière me rattrape désespérément mais les portes se referment devant lui. Je me retourne pour observer son visage à travers les vitres. Mon regard croise le sien. Je lis sur ses lèvres et je l’entends crier “Samira !”. Le choc m’envahit l’esprit ! Le bus s’en va aussitôt et m’emporte avec lui. Je ne réalise pas ce qui vient de se passer ! Il a bien dit mon prénom ? Qui est-il ? Son visage ne me dit rien. Seul son regard m’a frappé. De grands yeux noir qui me sont à la fois inconnus mais pas vraiment. Le trouble… Je pensais un instant que c’était un déséquilibré mental, un violeur ou encore un tueur en série. Je me suis fait énormément de films mais je commence à douter. L’homme semble me connaître. Je ne rêve pas, je l’ai bien entendu. Une fois dans le bus et toujours sous le choc je sors ma carte billettique pour valider ma montée. Je ne fais attention à personne. Je m’assois sur un siège. A côté de moi un homme assez âgé m'interpelle. “Vous aviez échappez belle”. Je me retourne vers lui: “Pardon ?”
- Vous m’avez l’air toute essoufflée. Le fruit d’une dispute amoureuse ou un disjoncté ? 
Sur le coup je ne sais pas quoi dire.
-Oh non une dispute avec un ami, rien de plus. 
-Il faut se méfier les tueurs en série ne manquent pas ici. 

Je commence à baliser, je le regarde. En souriant il me fait un coup de coude et poursuit: “Je plaisante…” Je lui réponds avec un sourire nerveux “Haa…” , comme si le fait qu’il me dise “je plaisante” me rassurait. 
Tout au long du voyage je l’esquive. Je ne cesse de repenser à cet homme, son regard et tout ce qui s’est passé. Les choses se sont déroulées très vite, en moins d’une seconde. Je n’ai pas eu le temps d’analyser et de réaliser les faits. La peur mélangée à la curiosité me rongent l’esprit. 

Je descends à mon arrêt pour rejoindre mon immeuble. Arrivée au bas de la cité, j'entends un gros coup de frein. Je me retourne et je vois une belle mercedes. Enfin je crois, c’est une voiture blindée. En clair c’est le genre de bagnole qui transportent les ministres et les stars. Je vois descendre deux hommes d’une trentaine d’années habillés en costard. L’un porte des lunettes de soleil en pleine nuit. Un style inhabituel dans ce quartier. L’un d’entre eux ouvrent la porte arrière et le comble… J’aperçois une autre personne descendre. Un jeune homme vêtu d’un survêtement, d’une paire de basket, d’une casquette et d’un sac de foot. C’est mon petit frère Karim ! J’hallucine ! Je m’arrête et j’insiste avec mon regard. Les deux hommes lui parlent. L’un d’entre eux lui sers la main, le tire vers lui, lui dis quelque chose à l’oreille et se tourne vers ma direction comme s’il s’était rendu compte que je les regardais. Je tourne ma tête aussitôt en faisant semblant de regarder ailleurs. Mon frère leur sourit, les salut et les quitte en se dirigeant vers moi. Une fois arrivé, je lui demande: “C’est qui ?”
-Personne.
-Tu te fou de moi.
-Wech c’est personne qu’est ce qui t’arrives ? 
-Personne ! Tu te fou de moi ! Des mecs en costard, en lunette qui te déposent dans une voiture blindée… ! Tu vas me dire que c’est personne ? !
-C’est des gars pour le foot ! C’est bon lâche moi !: et il s’en va s’en sans même m’attendre. 
Je n’insiste pas. Je suis fatiguée pour cette nuit. Ces hommes sont mystérieux. Ils ne m’inspirent pas la confiance mais alors là pas du tout. J’ai vraiment l’impression que mon petit frère ne tourne pas rond. Je ne sais pas ce qu’il mijote encore. J'espère avoir tord. L’avenir me le dira.

Les semaines défilent les unes après les autres. Boulo, maison dodo. Je n’ai jamais revu cet homme. Je ne l’ai pas oublié. Mon souhait est de le croiser encore. Je pense sans cesse à lui, à son visage et à son regard. Il a surgit de nulle-part comme s’il m’était destiné. Je ne perds pas espoir, s’il a tenté de me rencontrer une fois, il le refera une deuxième fois. 

Aujourd’hui c’est le week end et je suis toute seule chez moi. Ma meilleure amie Selma doit débarquer dans une minute à l’autre. Selma c’est le genre de fille superbe canon qui prend soin d’elle et c’est surtout une femme rusée avec un grand coeur. Je sais comment s'annoncera l’après midi avec elle. Elle va venir. Nous allons boire du jus de fruit, du thé et manger des gâteaux. Nous allons passer notre temps à discuter de tout et de rien mais surtout de ses zamours. 
“Didong”: c’est elle! Je vais lui ouvrir la porte. “Selem ma belle !”: me dit elle.
-Selem ! Et mais t’as changé de couleur ?
-Chut y a quelqu’un chez toi ?: me demande t-elle d’un aire un peu gênée. En effet elle se sentirait très male si je faisais allusion à sa nouvelle beauté devant mes frères ou mon père. Disons que ça craint un peu, c’est tabou. Je la rassure: “Non t' inquiète…”
Cool. Oui je me suis teints les cheveux en châtain ça me va bien ? 
-Trop. 
-Asya ne va pas tarder à arriver. Elle voulait te voir. 
-Ok pas de souci. Alors quoi de beau ?
Pour répondre à ma question, elle ne va pas passer par quatre milles chemins. Elle rentre dans le vif du sujet. C’est ça que j’admire chez elle. 
- Bein écoute Samira, ça m’énerve avec Halim. Il veut venir me khtobe (me demander ma main)...: je ne la laisse même pas terminer ! Quelle bonne nouvelle ! Je suis toute réjouis ! Je saute du zdali (du canapé marocain) en tapant des mains et je m’écrie: “Mais c’est génial ! Félicitation ! Bsahtek !” et je l’embrasse. Dans mes bras elle tire une de ces têtes et elle me regarde d’un air tout gêné. “Mais tu vois Samira le truc c’est qu’en faite…”. “Dindong” : on sonne à la porte. “Attends j’arrive !”
C’est Asya. Une autre amie. Asya c’est ma confidente. Une femme simple, humble dont le comportement illumine le visage. Je la vois comme d’habitude toute timide derrière son hijeb. “Vazi rentre ma belle ! Selma est déjà là”. Nous nous dirigeons dans le salon et les deux filles se saluent. Je regarde Selma avec insistance afin de savoir si elle veut que l’on reprenne la discussion devant Asya. “Elle sait tout”: me dit-elle.
- Ok. Alors dis-moi c’est quoi le problème ? Halim veut te demander un mariage et toi tu es là à faire la fille qui hésite. Franchement je ne comprends plus rien ! Tu as vu ça Asya ?: dis-je en cherchant son soutien. 
- Non mais de toute manière on est jamais content. Franchement Selma qu’est ce qui te bloques. Tu sors avec un homme pendant 2 ans. Ce qui déjà à la base est péché dans notre religion. Tu en es consciente, Halim en est conscient. Pour transformer ce haram en halal il décide de rencontrer ta famille pour te demander ta main, mener un projet et toi tu bloques tout. Ta peur de Dieu ou pas ?: ajoute Asya. 
Elle a l’air furieuse. Le freins de Selma (face cette demande en mariage) l’agace profondément. Elle n’est pas la seul d’ailleurs. J’avoue je ne comprends plus rien. Je ne comprends plus cette femme qui fut et qui est ma meilleur amie depuis toujours. Je l’envie. J’aurais aimé être à sa place. Vous voyez il y a ce genre de filles qui ont tout et qui se plaignent tout le temps. Quoiqu'il arrive, rien ne va.

- Non mais arrêtez de me juger ! Vous ne comprenez pas ou quoi…!
Elle est toute rouge. Elle n’est pas bien. Je la vois elle est mal à l’aise. Asya et moi la scrutons avec notre regard et là le comble… Elle nous avoue quelque chose. Une chose dont je n’aurais jamais cru. La nouvelle de l’année...

Chronique de Samira et Ziad: Le multimillionnaire et moi ! Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant