Les choses qui fâchent

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Chapitre 11

Sherlock ne veut pas me raconter ce qu'il s'est passé cette nuit. Il a dit qu'il allait dormir ailleurs mais ce matin, je le retrouve ici. Quand je lui demande où il est parti dormir, il me répond que ça ne me plairait pas. À force de l'interroger, j'ai fini par comprendre que c'était à l'hôpital, là où était son frère. Je lui ai demandé plusieurs fois pourquoi il était rentré mais il reste muet et détourne le regard à chaque fois. Ça commence sérieusement à m'énerver. S'il ne me dit pas ce qu'il s'est passé, comment je suis sensé lui faire assez confiance pour qu'il aille dormir ailleurs ? Pour l'instant, Rosie dort à l'étage, c'est l'occasion d'avoir une petite conversation avec le sociopathe. Il est dans sa chambre mais la porte n'est pas fermée à clé alors je rentre.

- Sherlock, je veux savoir ce qu'il s'est passé. J'ai le droit de savoir.

Il ne me répond pas. Il est allongé de tout son long dans son lit dos à la porte, dos à moi.

- Sherlock ... Tu pourrais me le dire au moins, je ne veux pas être obligé de demander à ton frère. Et puis, comment je suis sensé te faire confiance si tu ne veux pas me dire ?

Il soupire. Je ne vois pas son visage alors je ne sais pas s'il abdique ou s'il est simplement ennuyé par mes propos. Il ne se retourne pas.

- J'ai effectivement dormi dans la chambre d'hôpital de mon frère. J'ai dormi par terre avec un oreiller. J'ai dormi plusieurs heures, ça m'a fait du bien mais j'ai fait une crise de somnambulisme. Ça ne m'était jamais arrivé, du moins, pas que je sache. C'est mon frère qui m'a réveillé, il était inquiet parce que je me rapprochait trop de la fenêtre et qu'il avait oublié de la refermer. J'ai trébuché dessus et j'ai basculé dans le vide. Il m'a rattrapé mais je me suis accroché à son bras gauche et deux de ses blessures se sont rouvertes. Il a vraiment eu l'air ... d'avoir très mal et ... je vais retarder sa sortie de l'hôpital. Tout est de ma faute.

Alors là, je m'attendais à tout sauf à ça. Je reste une seconde sans bouger, sans rien dire, ces révélations m'ont un peu choqué. Je finit par me reprendre et je vais m'asseoir sur le lit et je pose ma main sur son épaule.

- Non ce n'est pas ta faute. C'est juste le hasard, un accident. C'est une bête suite de circonstances sur lesquelles ni moi, ni toi, ni personne n'avons le contrôle.

Il y a un long silence. Il se retourne vers moi et me regarde. Je peux voir dans ses yeux d'un bleu toujours aussi glacé qu'il se sent triste et impuissant. Cependant, il n'a pas pleuré, il est trop en colère contre lui même. Je lui sourie pour essayer d'être réconfortant et rassurant. Il me sourie en retour. C'est un sourire un peu triste mais je sais qu'il est sincère. Il se redresse pour s'asseoir à côté de moi. Il ne devait pas s'y attendre car il sursaute mais je le prend dans mes bras.

- Ne t'inquiète pas. Ça fait déjà un moment que ses blessures ont été faites, elles ont eu le temps de bien commencé à cicatriser. Tu as dit qu'elles s'étaient rouverte, c'est donc qu'elles ne l'étaient pas. Elle ne sont pas très grave donc.

- Oui mais ... je lui ai fait mal ...

- Je suis sûr que c'est déjà passé. Et puis c'était un accident, je suis certain qu'il est d'accord avec moi. Arrête de t'inquiéter.

Je le sens qui se détend dans me bras. Il croise d'ailleurs les siens et pose ses mains sur le mien qui passe sur son torse. Je mets ma tête sur son épaule et il met la sienne par dessus. On reste comme ça un moment mais je sens bien qu'il s'en lasse assez vite. Je pars donc de sa chambre et vais à la cuisine pour préparer le repas du soir. Lui reste dans sa chambre pour s'occuper de je ne sais quoi qui à l'air plus ou moins important.

Le lendemain, je dois aller travailler, Sherlock m'a appris que l'hôpital avait appelé pour dire que Mycroft en sortait dans trois jours mais que lui n'avait pas le droit de lui rendre visite pendant ce délai. Ça me paraît parfaitement logique car il est venu en dehors des heures de visites et, qui plus est, ils ont peur qu'un autre accident arrive. Je suis d'ailleurs étonné que la sentence ne soit pas plus sévère mais je suppose que Mycroft y est pour quelque chose.

Je me rend donc à mon travail. À ce qu'il m'a dit, mon colocataire a également du travail qui, tant qu'il n'a rien de concluant et de précis, va apparemment rester inconnu de moi. Au moins, je suis content que les deux Holmes aillent mieux. La journée d'hier m'a bien fatigué mais, cette nuit, j'ai bien dormi et je n'ai pas fait de cauchemar. Ça ne m'était pas tellement arrivé depuis la tentative de suicide de Mycroft. J'ai rêvé plusieurs fois que ni moi ni Sherlock n'arrivions et qu'il mourrait tout seul comme il le voulait à la base. J'ai aussi vu Sherlock et Mary les bras dans cette baignoire. Rien que d'y penser, j'en ai des frissons d'horreur. J'ai aussi plusieurs fois rêvé de cette scène que je trouve toujours aussi déchirante. Sherlock, pleurant, assis dans une marre de sang avec son frère mourant dans les bras. Je pense que je ne pourrai jamais l'oublier. Non, impossible.

Bon, arrêtons de réfléchir aux choses qui fâchent. Aujourd'hui, j'ai beaucoup de rendez-vous, je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur mon sort. Si les cauchemars continuent plus que de nécessaire, j'en parlerai à une psy. Quoique je me demande si je ne devrais pas en parler à Sherlock, c'est lui qui en subit les conséquences et que ça empêche de dormir, il serait peut-être bon qu'il sache. Je ne m'étais pas dit d'arrêter de penser à ces choses là ?

IcemanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant