Chapitre 1: Origine

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Année 88, Troisième Âge, Terre du Milieu

— Evranï! Où es-tu ??

Thranduil Oropherion courait dans les couloirs de Gundabad, la forteresse orque.

Ces couloirs-ci formaient un labyrinthe, comme les méandres d'un fleuve sauvage. L'obscurité du lieu semblait vouloir l'empêcher de respirer, l'enfermant dans les ténèbres du monde. 

Sa svelte silhouette courait, le bruit léger de ses pas ponctuant le silence de quelques sons sourds.

Son armure argentée était recouverte de sang. Et ses longs cheveux blond argentés valsaient au rythme de sa course. Les murs sombres de la forteresse ne faisaient que renforcer son aspect magique, éthéré.

Dans son cœur, il sentait une légère vague d'angoisse monter. Il cherchait celle à qui son cœur appartenait.

Voilà plusieurs minutes qu'il cherchait désespérément son épouse dans la forteresse.

Mariés depuis quelques années, depuis une année, le couple avait eu un enfant, un elfe du nom de Legolas. 

Et malgré le jeune âge de leur enfant, Evranï avait insisté pour accompagner son mari pour l'attaque de cette place forte ennemie. 

Et ce jour-là, une légion d'elfes sylvestres, accompagnés d'elfes de la Lothlorien, avaient marché dans les Monts Brumeux, vers Gundabad pour éradiquer le reste de l'armée orque.

Pour le moment, Thranduil avait perdu de vue son épouse.

– EVRANÏ!!

Il s'arrêta, écoutant.

– THRANDUIL!! ICI! Je suis là!

Thranduil se tourna vers la droite s'engageant dans un couloir sombre.

Après une petite minute de course, il arriva en plein air. Le ciel était rougeâtre, ferreux, comme la sinistre forteresse qui s'étendait sous ses pieds.
Comme si l'air était pollué par la présence immonde des serviteurs de Sauron.

Thranduil, les cheveux tachés de sang noirâtre, chercha Evranï des yeux.

Elle était une elfe Sinda. Une guerrière hors pair. Elle dirigeait sa propre unité de soldats et elle était une reine incroyable. Mais même savoir cela ne pouvait empêcher Thranduil de s'inquiéter pour celle qu'il aimait plus que tout au monde..

Thranduil baissa les yeux et la vit.

Elle était avec Feren, son second et son fidèle capitaine. Les cheveux bruns du capitaine d'Evranï volaient en rythme de ses attaques et contre-attaques. 

Tous deux se battaient contre une vingtaine d'orques qui les assaillaient.

Thranduil, les voyant en difficulté, se précipita à leurs côtés. Il les aida à exterminer les orques restants.

– Melleth nin, commença Thranduil.

Feren s'agita, ayant remarqué trois archers orques embusqués.

IAN NIN! IDHER!! (Ma reine! Attention!!)

Un des archers tira. Feren s'interposa et prit la flèche dans l'épaule gauche. Sa loyauté était sans faille et il aurait donné sa vie pour sauver la reine du peuple sylvestre. 

Thranduil se précipita aux côtés de son épouse et ne vit pas l'orque qui s'approchait derrière eux. lentement, inexorablement, un sombre destin imminent se profila pour la reine.

L'orque leva sa lame et.. la planta dans le ventre d'Evranï. La retirant, il fut immédiatement décapité par Thranduil, furieux.

La reine de Mirkwood vacilla, avant de tomber à quatre pattes sur le sol. Le souffle d'abord coupé, elle fut soudain prise d'une quinte de toux et du sang s'écoula de sa bouche, à travers ses doigts.

Thranduil se précipita vers elle.

La prenant dans ses bras, il examina la plaie.

Melleth nin.. dit-elle en posant sa main sa main sur la joue de son époux. Im harnannen. (Mon amour.. Je suis blessée.)

– Melleth nin, Evranï..

Elle fixa de ses yeux verts intenses le visage de Thranduil. Tant de tristesse et de douleur passait dans ce regard..

– Je.. il est.. trop tard pour faire.. quoi que se soit..

– NON! Je.. je.. je.. refuse! Tu n'as pas le droit de nous abandonner, Legolas et moi.

– Chut..

Evranï regarda amoureusement l'elfe de son cœur et murmura :

– J'ai été si heureuse à tes côtés mon amour.. veille sur Legolas.

Thranduil, muet, serrait Evranï dans ses bras.

Les paupières de l'elleth se fermaient. La main de la glissa de la joue du roi, retombant au sol, le long de son corps. Sur la joue du roi, une trace de main ensanglantée resterait la dernière marque d'affection donnée par sa douce épouse. 

– Non! NON!! Non non.. Non non.. Reste! Je t'en prie.. Melleth nin..

Evranï, dans un ultime effort ouvrit ses yeux verts et dit:

Amin.. mela.. le, Thranduil.. (Je t'aime, Thranduil.)

Elle ferma les yeux et s'endormit de son dernier sommeil. Sa tête bascula sur le côté et Thranduil la regarda, ses lèvres se mettant à trembler. Démuni, il sentit ses yeux se remplir de larmes.

Quelque chose se brisa en lui. Son cœur.. il avait du mal à respirer, son cœur lui faisait mal. 

Jamais. Jamais il ne s'en remettrait. Elle l'avait quitté.

Les larmes affluèrent aux yeux du roi de Mirkwood.

Il pleurait.

Pour la première fois en deux millénaires, il versait des larmes. Comme ses larmes lui semblaient acides, rongeant sans pitié ses joues!! Rien. Plus rien n'existait. Le monde venait de se couvrir de ténèbres éternelles.  

Son cœur était brisé. Détruit. Il serrait contre lui le corps inerte de son épouse alors que Feren s'agenouillait à côté d'eux, l'air défait et regardant avec tristesse ce tableau dramatique.

– Reviens.. je t'en prie, gémit-il tout bas, espérant de tout son cœur qu'elle lui revienne.

Totalement prostré, serrant contre lui le corps de son elfe, il ne vit pas la victoire des siens. Seule sa peine comptait.

Il aurait dû pouvoir se relever, faire bonne figure, protéger les siens

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Il aurait dû pouvoir se relever, faire bonne figure, protéger les siens.. Mais il ne le pouvait. La faiblesse qui venait de le prendre était pire que la pire des blessures. 

***

Alors que l'âme d'Evranï quittait son enveloppe corporelle, elle sentit quelque chose quitter son ventre. Elle comprit rapidement. Au moment même où elle est morte elle saisit la signification de ceci, elle.. attendait un enfant.. Une fille. 

Et elle sentait à présent sa présence. Elle n'avait pu le dire à son époux et d'un autre côté cela était mieux qu'il vive une seule perte plutôt que deux..

Elle songea: "Ma fille.. que va t-il advenir de toi.. Si tu survis.. Althea.. Prend soin de ton père et de ton frère... Adieu.. Valars tous puissants.. Je vous en supplie.. épargnez-là.."

Qui sait si ce jour là les Valars ont entendu sa prière..


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