Je ne sais ce qu'il s'est passé durant mon sommeil. Je doute même d'être vraiment réveillée, mais une voix me somme de m'extirper de là. Elle est très faible, mais j'arrive à la percevoir.
Je suis debout. Je n'arrive pas à bouger le moindre doigt, pas plus que l'envie m'en prenne. Devant moi, me hurle un e-motio. C'est Mentio, de retour. Il tournoie autour de moi. Je croise ses traits inquiets. Je m'étais bien demandé où il était. Il a l'air de s'être cogné car une balafre dessine son front minuscule. Que me dit-il ? Je l'oublie dès l'instant où il s'exprime.
Un frisson me traverse. La voix de Mentio se fait de moins en moins audible. Je suis comme plongée dans le vide, tout en étant dans cette forêt. Je ne sens plus le vent me caresser la peau et siffler à mon oreille, je ne sens plus les senteurs terres sèches et l'apport de moisissure, m'environnant.
Et pourtant, j'arrive à entendre le souffle de ma respiration. J'ai assez froid. Le temps semble me narguer en prenant appui sur mon impatience. Une voix me parvient. Ce n'est pas Mentio. C'est la voix que j'entendais durant mon voyage avec les autres. Celle qui se mélangeait avec les premières à mon entrée dans la forêt et pendant mon sommeil. La voix devient bavardage. Le bavardage devient hurlement. Le hurlement me blesse.
Je finis par cligner des paupières. Lorsque je les rouvre, je tombe sur une jeune fille. Elle porte une robe courte noire, un manteau beige et des bottes texanes. Ses iris émeraude attirent l'attention vers ses cheveux bruns, bien serrés à l'arrière. Elle a l'air pressé. Elle traverse une rue. Elle est dans les temps, car un véhicule la frôle presque. Sa peau est blafarde, alors que ses doigts se rejoignent formant des poings. Elle s'approche de la foule défilant. Elle a failli cogner un passant. Ses yeux sillonnent son périmètre. Elle est mal à l'aise.
Elle emprunte subitement une ruelle qui me paraît bien déserte, en ce chaud midi. Elle s'arrête soudainement pour réfléchir sur le chemin à prendre pour continuer. Devant elle se présente deux bifurcations, tout aussi désertées. Un vieil homme en sort et continue sa route sans considérer la jeune fille qui s'est déjà remise dans la cadence de son empressement, tentant de garder la tête haute.
Subitement, une envie me vient de l'interpeller. Ne sachant si je peux y arriver. Est-ce un canal d'émotion ?
— Emy ! lâché-je doucement, presque comme si je craignais des représailles.
La jeune adolescente se retourne. Elle s'est figée sur place, comme si elle m'aperçoit. Elle plisse ses sourcils avant de les relâcher. Elle me paraît à présent livide. Et je peux entendre le souffle de sa respiration se voulant plus intense.
— Qui es-tu ? me pose-t-elle, calmement.
Je cherche les mots adéquats et lui donne ma réponse :
— Serait-il possible que tu arrives à me voir ?
— Bien-sûr... mais tu as l'air si... transparente... Si...
— Tu n'as pas peur ? demandé-je, n'ayant pas envie de gaspiller ma salive, parce qu'il est certain qu'elle prendra la première à gauche, si jamais je lui déballe tous les détails sur un plateau.
— Je... Non, j'ai déjà vu ce genre de chose dans mes rêves...Je sens sa poitrine gonfler. Elle a une forte émotion qui débute déjà son petit manège dans son corps.
— Je suis content de te rencontrer, Emy.
— Qu'est-ce que vous êtes ? reprend-t-elle, timidement.
— Je suis ton amie, Emy.
— Comment connaissez-vous mon nom ?
— Je t'observe depuis longtemps... Je sais qui tu es...
— C'est possible ?! Je ne rêve pas ?
— Je suis là devant toi. Toi seule peux me voir...
— Qu'est-ce que vous me voulez ?
— Emy, je suis ici pour te tenir la main... Je sais ce que tu vis...
— Ce sont les anges qui vous envoient ? Vous êtes ici pour me dire quoi faire, c'est ça ?
VOUS LISEZ
Ce Que Tes Émotions Leur Font
Fantasy« Tu ris, tu pleures, tu cries, tu te caches... Oui, tes états d'âmes te définissent aux yeux des autres. Tes émotions traversent le temps et atterrissent dans le sang et la chair des e-motios. C'est grâce à cela que je sais que tu as mal ou que tu...