Chap X : Ce Qui Se Casse En Nous Et Qui Nous Rend Unique (2/2)

27 13 65
                                    

Je reste vingt bonnes minutes à essayer de lire dans son esprit :

Nous, les prêtres de la kerha pouvons arrivés à ce stade, seulement en ayant le niveau de prête de deuxième ordre et plus. Le fait que je puisse comprendre ce qu'il me signifie, voudrait dire que j'ai dépassé mon modeste titre de prêtre de troisième ordre du temple de la kerha.

Brusquement, l'e-motio se détache de mes membres. Il se dirige vers ma gauche où je considère un sentier bien ténébreux. La créature s'arrête, se retourna pour enfin bouger de la tête afin de m'inciter à le suivre.

— Tu veux que je te suive ? Très bien.

Je m'engage alors sur ce sentier, dont les centaines de lucioles viennent éclairer de leur faible, mais néanmoins utile lumière.

Sur le chemin, je considère des e-motios classiques aux stigmates violets, parcourant tout leur corps. Ils étaient entrain de générer bien plus de lumière que les lucioles nous entourant. Je remarque alors de plus grands e-motios bien plus loin, tous le corps comme dévorés par le sol jusqu'à leur abdomen.

Ils sont une bonne vingtaine, les mains en l'air chantant un cantique m'étant inconnu. Le plus étrange est qu'une musique tel un instrumental humain se donne d'accompagner la scène. Les e-motios en question ont les paupières fermées.

Leur peau est aussi noire que les troncs d'arbres qui les entourent. Grâce à la forte lumière des e-motios classiques au sol et en grande partie, grâce à une boule de lumière tel un soleil qui se distingue au milieu d'eux, j'observe tout de ce spectacle des plus exotiques.

Nous nous étions, à ma grande surprise, arrêtés pour contempler ce phénomène. Les grandes créatures avaient une tête fort arrondie tel un globe, mais en plus étiré. La forme de leurs yeux me déstabilisent quelque peu : quatre paupières en tout, aussi rondes que l'étaient leur crâne ; un nez tel une proue terminée, en deux gros orifices et des lèvres aussi grosses que leurs paupières. À les voir sous un autre angle, on parierait qu'il s'agît de statue. Mais, à mieux les considérer, ils sont bel et bien réels.

Soudain, ils se remettent à chanter la boule de feu toujours au milieu. Un chant que je trouve mélancolique, si cela n'est déjà pas dépaysant. Une musique aux tournures de deuil et de renouveau. Je ne peux perdre un seul mot prononcé, alors que les e-motios classiques tout en bas, lèvent leur main, à leur tour, latéralement :

Karma, le monde est en branle ;
Il était censé de briser le cycle ;

Karma, où est ton honneur ?
Les hommes sont devenus misérables ;

De leur monde, nous devions être connectés ;
Le sais-tu ? Ils nous ont oublié ;

Trois tours sur soi et les âmes se sont séparés ;
Trois tours encore et force leur manque ;

Brusquement, j'assiste à l'apparition d'un e-motio aussi noir que ses congénères, mais cette fois, son visage est relativement humain : des yeux de dimension normale, un nez plat, des lèvres assez petites. Son corps est étonnamment maigre. Il se redresse près de la boule de lumière et lève le bras en direction du ciel.

Je lève à mon tour la tête et constate que le ciel est voilé de branches et de feuilles. Je suis rappelé à l'ordre par la suite du chant donnant aux invités du moment, un balancement rythmique :

Karma, ils nous ont refusé leur cœur ;
Exilé, ils t'ont nommé, tel l'un des leurs ;

Karma, donne leur ce qu'ils méritent ;
Que nous puissions rentrer là-bas ;

Bientôt, ils reviennent ;
Bientôt, la Nova sera là ;

Tout ne sera que frayeur ;
La folie des hommes n'est rien comparable ;

La tempête approche et les hommes te rappelleront ;
Et alors, nos âmes se lieront ;

Karma, où es-tu ?
Est-ce bientôt la fin ?

À ce moment, je reste abasourdi devant un autre phénomène étrange. Cachée sous les feuilles des arbres au-dessus de leur tête, une main aussi noir que celle de la bête au centre, mais bien plus longue surgit et se rapproche de la main tendue du premier, au sol. J'observe sa main polydactyle, serrant de suite la main du premier tandis que le chant ne cesse :

Est-ce bientôt la fin ?
Tu ne dois pas nous oublier dans ce voyage ;

Ô Karma, que la lumière ait pitié de toi ;
Tu es un de leur maux, l'ami ;

Le moment vient ;
La seconde nous parvient ;
De mémoire, nous reviens ;

Le chant continue en une seule intonation, pointant un seul mot devenant plus fort fort petit à petit. L'animal au sol est extirpé d'un bond hors du sol et que sa peau noire se détache telle une morte, de son corps, laissant place à un blanc immaculé saisissant.

Tel une nova, l'heure approche ;

Les bras sont étirés latéralement ; Le chant est poussée à sa dernière lettre, achevant le tout ;

À la fin, seule la musique de fond demeure. Tous les e-motios abaissent leurs bras. Les têtes s'inclinent, suivis des dos. Puis, les visages s'écrasent au sol comme raide mort. Personne ne parle. Tout le monde s'efface. Le silence n'en démord pas. Seul l'e-motio blanc redresse la tête et semble me considérer.

Sur la seconde, un frisson me traverse. J'ai une soudaine envie de malaxer de la kerha en prévision d'une attaque. Je le vois tourner la tête vers sa gauche avant de finalement me faire volte-face. Un pas devant l'autre, il s'éloigne sans se retourner. Il emporte avec lui, la lumière qu'il émane, l'esprit comme happé par un monde encore plus mystique que le sien.

Je me redresse à mon tour. Je porte un regard à mon guide qui comprend de suite et reprend la marche doucement, mais sûrement. Nous longeons une rangée de buissons violets dont les fruits me sont évidemment interdits.

Au bout de l'allée jonchée d'herbes, ils tombèrent sur un étang. Là où je fus, dernièrement.

Il est interpellé par un mouvement au loin, entre les buissons. Ne voulant prendre aucun risque, il produisit une minuscule boule de lumière qu'il laissa voltiger jusqu'au milieu de l'étang.

À ce moment précis, il leva son regard, droit devant lui et reconnu une silhouette qui lui était familière se détacher des feuilles.

À ce moment précis, il leva son regard, droit devant lui et reconnu une silhouette qui lui était familière se détacher des feuilles

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Ce Que Tes Émotions Leur FontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant