Je marche à travers le district de la hache de la colère. Aujourd'hui, je suis aux aguets. Dès mes premiers pas hors de la grotte, je tombe sur un groupe d'e-motio se déchirant comme chien et chat. N'étant pas apte à régler mes problèmes présentement, je ne tiens pas à m'en générer d'autres.
Des flashs de batailles me traversent au fur et à mesure que je m'avance. Il n'est point aisé d'influencer tous ces êtres à se maîtriser, vue l'adrénaline qui les rappelle à l'ordre. Ils veulent se battre d'emblée et cherche par tous les moyens à avoir raison.
Je ne suis pas franchement d'avis de rencontrer les deux gouverneurs. Ils ont une manière de procéder qui m'étonne moi-même.
— Je ne peux que te souhaiter bonne chance. Et surtout souviens-toi du plan.
La voix mielleuse de Synda m'emplit l'esprit, à présent. Elle doit parfaitement me voir de là où elle est, pour quelqu'un d'enfermé dans une geôle. Mon but, aujourd'hui, est de quitter ce district pour rejoindre celui de l'antre de la honte. Quelque chose m'intrigue. Je suis comme attirée vers cet endroit et je me découvre des raisons significatives pour m'y enfoncer. Je sens que c'est là que se trouve l'entrée vers le district du palais de la joie, le septième district.
Il est évident, c'est que ce district n'a rien à envier aux autres pour sa végétation, des plantes de toutes espèces y sont répertoriées. Je suis entourée d'une myriade de couleur, les unes scintillantes d'un jaune marquant une petite allée. Du bleu sur la droite, donnant l'impression d'être sous un océan. Et sur le chemin, maintes fleurs tel un dépotoir se donnent à une représentation des plus attachantes. C'est le paradis des couleurs, je dirais.
Je croyais autrefois que les plantes ne pouvaient communiquer ; qu'elles étaient (malgré le fait qu'elles respirent et se nourrissent) insensibles au langage et se contentaient d'exister. Avec celles-ci, j'ai droit à une démonstration me laissant admirative. Les pétales d'une fleur se lient à une autre, offrant une forme singulière. Une sorte de carriole en voûte devenant un cœur, au fur et à mesure. Les deux plantes s'enlisent mutuellement à chaque seconde. Leurs couleurs bleu-rouge s'harmonisent et comble du comble, le gros de leurs semblables les imite. Ils deviennent alors plus grands et plus volumineux. Nous nous retrouvons vite avec un message dessiné par toute cette agitation matinale : nous sommes unis.
Je distingue un entassement dans un coin, formant une flèche dans ma direction. Et toi ? est écrit en noir juste à côté.
À la minute même, deux e-motios déboulent sur la place et se jettent sur les plantes qui se retrouvent étouffées et écrasées. Sans nouvelle considération, je détourne les yeux et continue mon chemin avant de tomber sur un étrange personnage. C'est un e-motio, mais sa corpulence athlétique me force à reconsidérer une lutte présentement. Hélas, en clignant des yeux, je découvre la masse noire en position de combat, bras et jambes écartés comme pour réceptionner une balle.
Je recule quelque peu et prends en compte mon environnement. Je sors mes lames. Je le vois sourire avant de se mettre à s'esclaffer jusqu'à s'ouvrir presque la mâchoire.
Je fais fi de ses gesticulations et tente de le contourner. Il se précipite brusquement et me barre à nouveau le chemin. J'essaie à nouveau de l'éviter, il recommence. Je voudrais bien engager un rapide échange, mais après mûre réflexion, j'en conclus que le simple fait d'enclencher l'engrenage de la lutte, ne m'accordera qu'une perte de temps.
J'opte pour la fuite. Je m'engage sur le terrain à ma droite, en prenant soin de frôler de près un saule pleureur orange, dont de gros fruits noirs ne m'inspirent pas l'envie d'y croquer. Il me faut le semer coûte que coûte, me dis-je, intérieurement.
VOUS LISEZ
Ce Que Tes Émotions Leur Font
Fantasy« Tu ris, tu pleures, tu cries, tu te caches... Oui, tes états d'âmes te définissent aux yeux des autres. Tes émotions traversent le temps et atterrissent dans le sang et la chair des e-motios. C'est grâce à cela que je sais que tu as mal ou que tu...