— Karyo ? lâché-je, prête à l'aider et à régler son problème.
Il pivote légèrement en croyant y rencontrer quelqu'un. Ne voyant personne, il reprend sa position initiale.
— Karyo, je suis dans ta tête, inutile d'avoir peur.
Je le vois bouger dangereusement vers sa droite. Il manque de glisser alors qu'il me répond :
— Quoi ? Mais de quoi tu me parles ?
À ce moment, je l'exhorte de ne point se mouvoir à nouveau. Après quelques secondes, je lui demande de redescendre de la balustrade.
— Non, non...
— Karyo, je te demande de lâcher prise et de me rejoindre.
— Non, non... je dois m'en aller. Je dois partir, désolé.
— Je suis désolé de n'être pas intervenu plutôt.
— Vous êtes qui à la fin ?
— Descendons un moment... nous pourrons mieux en parler.
— Ha, typique de ceux qui veulent me manipuler. Je vous prie de ne pas vous donner tant de peine. Je n'en ai plus pour très longtemps, après tout.Inutile d'insister, malheureusement. Cela se retournera contre moi. Il finira par commettre une erreur monumentale.
— Tu as mal, n'est-ce pas ?
— Ha ! Vous êtes comique, vous. Après vous être cachée derrière le pilonne là-bas, vous voulez jouer les psychiatres...
— Si je te disais que je ressens ce que tu as vécu, je te mentirai.
— Alors ne dites rien.
— Je ne pourrai faire autre...
— Foutez le camp, merde ! s'écrie-t-il.Je laisse un vide durant quelques minutes avant de reprendre très vite la conversation :
— Elle était jolie, n'est-ce pas ?
— De quoi tu parles ?
— Je parle de Suou. Tu t'es fourni pas mal de temps afin de l'observer durant tes pauses.
— Tu m'espionnes maintenant ? Qu'est-ce que tu veux ?
— Te parler, Karyo.
— Ah oui ? Curieusement, quelqu'un retrouve mon nom au moment même où je désire quitter ce monde ?
— Sais-tu à quelle hauteur tu te trouves ?
— Non et alors ? On s'en fout, non ?
— Connais- tu la sensation que cela produit lorsqu'on touche le sol ?
— J'te le dirai en revenant, malade.Il tente de reprendre ses positions.
— D'abord le vent ne te sera pas clément. Ensuite, lorsque ta tête aura percuté le sol, tu sentiras dans la seconde une douleur incommensurable, mais si sourde que tu ne l'entendras même pas.
— Hum, raison de plus pour tenter l'expérience.
— Et sais-tu ce qu'il y a après la mort ?
— J'irai y faire un tour et je te le dirai.
— Crois-tu que tu pourras en revenir si ce monde-là est pire que celui-ci ?
— Rien ne sera pire que ce monde.
— Tu abandonnes Suou, c'est cela ?
— Vous vous foutez de ma gueule, n'est-ce pas ? Elle fera quoi avec un gars... qui n'arrive même à tenir face à un misérable fils à papa. Non, elle n'a rien à faire avec un déchet comme moi. Elle est belle, compréhensive, bref, plein de valeur à offrir. Moi, je suis le looser, celui qu'il faut fuir comme la peste...
— Tu penses que tu pourrais l'avoir si on te donnait un nouveau corps ? Une richesse inégalable ? Si tu étais plus fort, plus volontaire et bien moins coincé ?
— Je... je ne l'aurai pas. C'est... c'est juste que ma vie...
— Tu désirais un peu d'attention, mais personne ne s'est proposé de t'aider sans devoir te crier dessus?
— Mêles-toi de tes affaires, où crois-tu te trouver ?
— Je suis ici pour écouter le petit garçon qui pleure sans que personne ne voie ses larmes. Je suis ici pour te replacer sur les rails, mon ami.
— On n'est pas ami. Comment savez-vous pour...
— J'ai juste cherché dans tes souvenirs. Tu en as vécu, des situations difficiles. Devoir trouver un chemin pour répondre à la volonté de ton entourage. Encaisser les coups et les moqueries de tes supérieurs.
— Vous ne pouvez savoir combien cela peut affecter un esprit faible comme le mien. Et je vous demande de ne pas me faire croire le contraire. D'ailleurs, la preuve... vous n'êtes pas partie malgré mon ordre. Vous voyez bien. Vous décidez d'être... moi, je subis.
— Tu n'as jamais essayé d'être différent ? De changer tout, autour de toi ? Choisir de ne plus subir ?
— Écoutez, j'ai tout essayé. Je connais le baratin, je... Vous ne pouvez pas me sauver, moi.
— Je n'ai pas l'intention de le faire...
— Vous voyez ?
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Ce Que Tes Émotions Leur Font
Fantasy« Tu ris, tu pleures, tu cries, tu te caches... Oui, tes états d'âmes te définissent aux yeux des autres. Tes émotions traversent le temps et atterrissent dans le sang et la chair des e-motios. C'est grâce à cela que je sais que tu as mal ou que tu...