Un départ qui va tout bouleverser

Chapitre 32

Je suis réveillée brutalement par un coup d'oreiller dans la tête. Un petit grognement sort de ma bouche puis j'ouvre, avec grande difficulté, les yeux.

-        Aller debout ! s'exclame Judith en me secouant les épaules.

-        Qu'est-ce qu'il y a ? bougonnais-je.

-        Il est déjà 10h, Amélia !

Je crois que notre petit tour en bateau m'a fatigué. Il faut dire que depuis quelques jours, je passe de mauvaises nuits. Mais il faut que je profite de passer des moments avec ma meilleure amie sans que ma fatigue prenne le dessus. Alors dès qu'elle a le dos tourné, j'attrape l'oreiller qui se trouve sous ma tête et lui jette dessus.

-        Tu veux jouer à ça ? Alors c'est parti ! lance-t-elle en courant vers le couloir.

Je sors du lit et je la poursuis, le coussin à la main. Lorsque j'arrive à hauteur des escaliers, je la vois qui est déjà dans le salon. Alors je jette l'oreiller du haut de la rampe.

-        Apprends à mieux viser la prochaine fois, se moque-t-elle. 

Je dévale les escaliers puis prends un coussin qui se trouve sur le canapé. Lorsque je l'attrape un petit crissement se fait entendre.

-        Tu arrêtes la partie, tu as peur de perdre ? interroge Judith.

Elle s'approche doucement de moi pour observer ce que je fais.

-        La lettre !

-        Chut, Judith !

J'ouvre la doublure du coussin puis retire la lettre. Nous rassemblons les oreillers, que nous avons parsemé un peu partout, et remontons dans ma chambre.

-        Tu attends quoi pour l'ouvrir ? demande-t-elle en voyant que je dépose la lettre sur mon bureau.

Je soupire puis je me tourne vers Judith. Elle fronce les sourcils et penche légèrement la tête sur le côté.

-        Je... je ne peux pas faire ça.

-        Et pourquoi ?

-        C'est juste une simple lettre. Pourquoi ne pas la rendre à mes parents ?

Elle prend son visage entre ses mains et semble réfléchir. Puis elle se lève et récupère la lettre sur mon bureau.

-        Tu l'as dit toi-même : c'est juste une simple lettre. Alors tu peux l'ouvrir !

J'attrape la lettre, pas très sûre de moi, puis je regarde Judith qui est impatiente de savoir de quoi il s'agit. Je tourne l'enveloppe pour l'ouvrir et retombe sur le nom de l'expéditeur : Sonia Muller. Qu'est-ce qu'elle nous veut ? Je vais bientôt le savoir car ça y est j'ai ouvert l'enveloppe. Je retire le papier qui était à l'intérieur et je le déplie.

-        Alors qu'est-ce que c'est ? interroge Judith en s'asseyant à côté de moi.

Une écriture fine et délicate, comme celle sur l'enveloppe, est inscrite sur toute une page. Il est écrit :

Mr et Mme Dawson,

Je vous informe que je suis libre. Libre oui. Et je souhaiterais reprendre ma vie qui a été mise en pose pendant bien trop d'année maintenant. Je sais très bien que cela ne sera pas facile pour vous, mais s'il vous plait, comprenez-moi. Je suis consciente que, ce que je vais vous demander est loin d'être facile à accepter. Mais je serais prête à attendre. A attendre le bon moment. Je sais aussi que vous aller certainement m'en vouloir et je le comprends. Qui ne le serait pas... mais pensez à elle. C'est pour ça que je vous demande sincèrement de réfléchir à ce que je vais vous proposer. J'ai attendu ce moment depuis si longtemps que j'ai peur d'être déçu, maintenant. Alors voilà, j'aimerais que l'on se retrouve ce jeudi vers 18h à Lyon près de la mairie. J'ai une proposition à vous faire. Je sais que ce que je vous demande est compliqué pour vous mais en faisant le choix que vous avez fait il y a 15ans, il fallait vous douter que ce moment arriverait. Mettez-vous à ma place. Au moins pour une fois. Il n'est pas nécessaire de me contacter après avoir lu cette lettre. Réfléchissez et pensez à elle. A ce qu'elle penserait si elle savait. C'est primordial. Je serais présente au rendez-vous et j'espère que vous aussi.

Sonia Muller.

Je relis la lettre une seconde fois pour essayer de comprendre. Mais je n'y arrive pas. Par contre, j'ai maintenant la certitude que mes parents me cachent bien quelque chose. Je ne sais toujours pas ce que c'est, mais je commence à avancer dans mes recherches. Il faut dire aussi que je n'avais pas vraiment cherché mais avec tout ce qu'il s'est passé depuis mon arrivée ici, c'était compliqué.

-        Il faut que je donne cette lettre à mes parents.

-        Il vaudrait mieux que tu la remettes dans l'enveloppe et que tu la dépose comme si de rien n'était avec le reste du courrier. Sinon ils vont se douter que nous sommes au courant de quelque chose. Ils risquent d'effacer toute preuve de leur secret.

Elle n'a pas tort. Je replace la lettre dans l'enveloppe et descends jusqu'à la cuisine pour la replacer sur le comptoir. 

-        Bon, cette lettre ne nous a pas trop éclairé mais c'est un bon début, suggère Judith.

-        Tu penses que quand il y a écrit « pensez à elle », il s'agit de moi ?

-        Il y a de grande chance, oui.

Mais bon sang qui peut bien être cette femme ! Elle a l'air de connaître mes parents depuis longtemps et pourtant je n'ai jamais entendu parler d'elle.

-        Tu penses que tes parents décideront d'aller à ce rendez-vous ?

-        Je ne sais pas. Peut-être que si ça à un rapport avec moi, ils réfléchiront à s'y rendre.

Judith hausse les épaules puis s'empare de mon ordinateur. Elle ouvre une page internet et commence à taper sur le clavier.

-        Qu'est-ce que tu cherches ? questionnais-je en m'approchant d'elle.

-        Si elle ne veut pas nous dire qui elle est, nous allons enquêter nous même !

Elle tape le nom de Sonia Muller mais aucune information n'apparait. Elle doit avoir une vie assez basique. En tout cas, ce n'est pas gagné...

-        Tu es sûr que tu n'as jamais entendu parler d'elle ?

-        Oui, sûr et certaine.

-        Pour l'instant nous n'avons que cette foutue lettre avec le nom de cette femme comme piste.

Je ne sais pas comment nous allons nous y prendre... J'ai l'impression d'être bloqué sur le même niveau d'un jeu vidéo.

-         Qu'est-ce que c'est ? demande Judith, un bout de papier à la main.

Je récupère le papier pour lire ce qu'il y est inscrit.

-        Oh c'est juste un numéro d'une dame qui avait appelé un soir. D'ailleurs elle connaissait mon prénom mais elle n'a pas voulu me dévoiler qui elle était. Bizarre non ?

-        Oui c'est étrange. A moins que tout soit lié ! Cette lettre, ce numéro et cette femme ?!

Elle bondit de la chaise et attrape mon téléphone. Elle me le tend après y avoir composé le numéro.

-        Appelle-la et demande si c'est elle. Fais-moi confiance, en plus de ça tu n'as rien à perdre, pas vrai ? dit-elle en voyant mon air hésitant.

Je fronce les sourcils, un peu confuse puis je m'exécute. Après plusieurs sonneries la femme décroche.

-        Allô ?

-        Oui bonjour, est-ce bien Sonia Muller ? demandais-je en croisant les doigts.

-        Oui c'est moi, c'est à quel sujet ?

Une boule se forme en travers de ma gorge. Je ne sais pas quoi lui répondre. Je ne pensais pas que notre conversation irait jusque-là. Cependant, une question me brulait les lèvres.

-        Connaissez-vous Amélia Dawson ? j'ai articulé difficilement par peur de la réponse.

-        Et bien... oui, mais pourquoi cette question ? Que lui est-il arrivé ?

Je lance un regard plein de sous-entendu à Judith. Je reste sans voix pendant que cette femme, prénommée Sonia, me demande si je suis toujours à l'autre bout du fil.