Un départ qui va tout bouleverser

Chapitre 14

     La semaine est passé à une vitesse affolante, nous sommes déjà vendredi. Il faut dire qu'entre les préparatifs de la fête et les cours je n'ai pas le temps de m'ennuyer.

     Il me reste une heure devant moi avant d'aller décorer la maison des jumelles. J'ai rassemblé toutes les décorations que j'ai trouvé dans un carton. J'en ai fabriqué la plupart car tout est resté dans mon ancienne maison. Pour les préparatifs de la fête tout est prêt mais en ce qui concerne la tenue c'est autre chose... Je n'ai aucune idée de ce que je vais porter. Le choix de mes robes est restreint à trois seulement. Et ce n'ai pas très approprié à la soirée. Il faut impérativement que j'aille en ville demain, pour me trouver une tenue.

     Mon téléphone, posé sur mon lit, s'allume. Le nom de Mathias s'affiche.

Mathias : Salut, rendez-vous chez moi dans 10 minutes pour l'exposé.

     Quoi ! C'est une blague j'espère ? Je vérifie à nouveau l'heure : 17h06. Je ne peux pas me permettre de les abandonner une nouvelle fois et de les laisser tout organiser pour la fête.

Moi : OK, mais je n'ai pas beaucoup de temps devant moi.

     Je prends mes affaires de cours et dévale les escaliers. Lorsque j'arrive devant chez Mathias, ce dernier se tient sur le pas de la porte, ses yeux fixés sur son téléphone.

- Une minute et 36 secondes, annonce-t-il lorsque j'arrive à sa hauteur.

- Tu m'as chronométré ? dis-je en reprenant mon souffle.

     Il acquiesce en rigolant.

- Alors comme ça tu n'as pas énormément de temps ? Tu ne dis pas ça pour m'éviter ? me questionne-t-il.

- Je dois installer la déco pour la fête de Laura.

     Il me fait signe de le suivre dehors et ignore ce que je viens de dire. Je me souviens soudain que la dernière fois que j'ai évoqué le sujet, de nombreux souvenirs sont remontés à la surface. D'un coup, je me sens un peu coupable. Soudain une idée me vient à l'esprit.

- Eh Mathias, je l'attrape par le bras et il se retourne surpris. Tu pourrais venir à la fête demain soir ? Je sais que je t'ai dit que tu n'étais pas le bienvenu. Mais je pense que ça serait bien pour toi. Ça te permettrait de montrer aux autres que tu veux essayer de recoller les morceaux avec la classe. Je suis sûr qu'ils voudront bien te laisser une seconde chance.

     Son regard s'est assombri et sa mâchoire est crispée. Je vois bien que ma proposition ne l'enchante pas. Il s'adosse contre un arbre, d'un air désespéré.

- Écoute, c'est plus compliqué que ça. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, Amélia. Je ne veux pas gâcher la fête juste pour ça...

     Moi-même je trouve ça risqué mais j'ai envie de l'aider. J'ai découvert un autre Mathias depuis quelques jours. C'est vrai qu'au début, il était froid et distant. Mais au fil des jours j'ai appris à le connaître. Sa carapace s'est peu à peu enlevée. J'aimerais que mes camarades se rendent compte qu'ils passent à côté d'une personne, qui a certes de nombreux défauts mais qui est aussi géniale. Je n'aurais jamais pensé dire ça un jour mais je crois que je commence à....bien l'apprécier. En tant qu'ami bien sûr !

- Je t'assure que ça va être bien !

     Il pousse un soupir.

- Si tu ne viens pas pour eux, viens pour moi alors.

     Mais qu'est-ce qu'il me prend ! J'ai prononcé ses mots sans m'en rendre compte. Tant pis je ne peux pas revenir en arrière.

     Il tourne la tête vers moi en haussant les sourcils.

- Tu es en train de me demander d'être ton cavalier pour la fête ? dit-il en riant.

- N'y pense même pas !

     Il croit que je m'intéresse à lui, non mais je rêve !

- Bon, on commence à travailler ? dis-je pour changer de sujet.

     Il attrape mon poignet et m'emmène sous l'arche fleurie de son jardin. J'admire les fleurs grimpantes et leur odeur printanière remplissent mes poumons.

- Waouh ! On se croirait presque dans un conte de fée !

     Il me fait un petit signe de la tête et nous prenons place autour d'une petite table ronde. Je trouve cet endroit très... romantique.

     Au bout de trente minutes, nous avons presque terminé notre travail. Il faut encore que l'on s'entraine à l'oral. Mais ça sera pour un autre jour. Il est l'heure pour moi de me rendre chez les jumelles.

- Bon, je dois y aller. Réfléchis à ce que je t'ai dit !

     Il sourit et secoue la tête. Je ne lâcherais pas tant qu'il ne viendra pas. Et s'il faut que je vienne le chercher demain soir avant que je parte, je le ferais.

     Après trois longues heures d'installation, nous avons presque fini. Je m'effondre sur le canapé à côté de Théo qui sirote son coca.

- Tu as l'air épuisé, tu veux boire un truc ? me demande Théo en me tendant un verre.

     Je lui fais non de la tête.

- Là, j'ai juste envie de rentrer chez moi et de plonger dans mon lit...

- Tu n'es pas habituée à faire autant d'effort à ce que je vois !

     Je tourne la tête vers lui et hausse les sourcils.

- Pardon ! Tu sous entends que je suis une flemmarde ?

- Pas du tout, proteste-il en levant les mains l'air innocent. Je pense juste que tu es du style, « princesse ».

- Tu me vois comme la fille qui attend que tout lui tombe du ciel ! Et bien détrompe-toi car ce n'est pas le cas.

     Il pose son verre sur la table basse et plonge son regard dans le mien.

- Eh ! Je plaisantais Amélia !

     Je lui donne un petit coup dans l'épaule et lui souris. Il se tord de douleur comme s'il avait eu mal. Alors, nous partons dans un fou rire.

     Éloïse se racle la gorge :

- Désolée de vous déranger mais on aurait besoin d'un coup de main !

     Théo se redresse et essai de prendre un air sérieux.

- Ne vous inquiétez pas, j'arrive, s'exclame-t-il en montrant ses biceps.

     Je me remets à rire de plus belle alors qu'Éloïse lève les yeux au ciel.

- Il se passe un truc entre vous ? me questionne-t-elle.

     J'arrête de rire et fronce les sourcils.

- Pas du tout !

     Elle me sourit et le feu me monte aux joues. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je ne serai pas... Je chasse cette pensée de ma tête et pars rejoindre les autres. Ils sont en train d'accrocher une énorme banderole dans le salon.

- Et voilà ! crie Sacha.

     Nous observons tous la pièce remplie de décoration, fier du résultat.