La Morsure Du Désir

4

Je reprends doucement mon souffle et mes esprits pendant qu'elle détache le foulard .
Malgré mes paupières fermées, les rayons du soleil viennent m'agresser.
Je suis un dans un état second, j'ai perdu toute notion du temps.
J'en oublierai presque qui je suis et comment je m'appelle.
Le corps d'Yïvi se décolle du mien, ses mains viennent m'allonger doucement sur le lit et ma tête se pose sur un oreiller bienfaiteur.

- je vais prendre une douche..

Sa voix me sort de mes pensées, j'ouvre difficilement les yeux.
Mon effort est très vite récompensé.

Quelle doux retour à la réalité !

Elle est de dos.
Elle ne porte qu'un shorty noir qui met les courbes de ses fesses en valeur.
Mes yeux se posent sur ses jambes, puis  remontent et mon regard vient contempler chaque parcelle de son dos nu.
Le bas de mon ventre, pourtant plus que rassasié, se réveille de nouveau.
Le dos d'une femme, me fait toujours un effet de folie.
Ça peut paraître, étrange, mais c'est une des parties du corps que je trouve le plus sexy.
Après son dos, elle m'offre une magnifique vue sur son sein, son ventre et son intriguant tatouage...

Je regarde avec regret son corps se diriger vers la salle de bain.
Elle sort de mon champ de vision, et je me rallonge comme une masse, en fermant les yeux.
L'image de son dos apparaît derrière mes paupières et j'imagine mes doigts longer sa colonne, se promener sur la cambrure de ses reins, venir flirter avec l'eslasique de son shorty, hmm..

Du calme, Sophie ! Du calme ! Où tu vas finir sous la douche !

La douche !
D'un seul coup, tout s'embrouille, mon cerveau part en cacahuètes.
Et si elle voulait que je la rejoigne?
Merde! Je n'avais pas pensé à ça ..
En même temps, je lui ai dit clairement que je voulais juste qu'elle me donne du plaisir.
En aucun, j'ai laissé entendre que je lui en donnerais, enfin je crois..
Est ce que ça me déplairait autant que ça, de lui en donner ?
Je pourrais y aller !
Non, c'est une mauvaise idée, elle doit avoir beaucoup d'expériences et moi, je n'en ai aucune.
Je vais être nulle, sans aucun doute.
Forte de ce constat, je décide de me rhabiller.

Je me lève, j'attrape mes vêtements gisant sur le sol, et je tourne la tête vers le lit.
Ma mâchoire est sur le point de se décrocher, il y a une énorme tâche sur le drap.
Oh! Mon! Dieu!
C'est moi, qui ait fait ça !
La honte totale !
J'ai envie de partir en courant, mais ça ne serait pas très respectueux de la laisser en plan.
Alors en toute hâte, j'enlève le drap et le roule en boule au bout du lit.
Les preuves du délit dissimulées, je remet ma culotte, ma robe, enfin je me sens beaucoup plus à l'aise.

Au même moment Yïvi fait son apparition.
Elle passe devant le lit et ses yeux font des allers retours entre le drap et mon regard.

- pourquoi tu as défait le drap?

- euh ... parce que....

Je cherche une explication plausible, beaucoup moins embarrassante que la vérité mais elle me prend de court.

- ahahah, c'est parce qu'il était trempe de cyprine...
C'est pas grave, et c'est très flatteur pour moi...

Elle accompagne ces derniers mots, avec un sourire de satisfaction tout en me faisant un clin d'œil.

-  ne rougis pas ! Tu n'as pas avoir honte...

- euh ..si tu le dis...

- mais oui ! Bon tu veux faire quoi maintenant ?
Tu es habillée, donc je présume que tu n'es pas prête à remettre ça !

- pour aujourd'hui, non, je dois retourner à ma vie de maman, mais si tu es d'accord pour une autre fois, j'en serai ravie.

- je suis toujours partante ! Par contre, je dois te prévenir, je ne vois pas une femme plus de cinq fois.

- d'accord ..

- c'est comme ça, je ne déroge jamais à ma règle.
Il nous reste encore quatre rendez vous possibles, donc si tu as d'autres fantasmes à assouvir, tu sais où me trouver.

Je retrouve soudain un peu d'audace et lui réponds du tac au tac.

- compte sur moi, je saurai faire bon usage de ta proposition.

- parfait ! Sur ce, je te souhaite une bonne fin de journée.

- m.. merci.

Elle dépose un baiser furtif sur ma joue, la porte de la chambre se referme derrière elle et je me retrouve comme deux ronds de flan.

Aller Sophie ! Tu vas pas rester plantée là !

Je prends une douche, je dépose la clé à l'accueil tout en évitant de croiser le regard de l'hôtesse.
Une fois dehors, une drôle de sensation m'envahit, tout me semble différent.

Non! Je rigole!

Rien est différent mais je suis vraiment bien.
Ça fait bien longtemps, que je n'ai pas été si apaisée, si détendue, si heureuse...

La chaleur du mois de septembre, ne me donne pas du tout envie de rentrer chez moi.
Je regarde l'heure, et décide de me poser en terrasse.
Le serveur arrive et je commande un verre de vin blanc pour me remettre des toutes mes émotions.

Après quelques gorgées, je laisse mon esprit divaguer.
Je me remémore chaque instant.
C'était vraiment, un moment de pure folie.
Rien que d'y penser, mon corps s'embrase.
Je n'ai jamais connu un tel désir et encore moins un tel plaisir.
Il faut dire que ma vie sexuelle n'a jamais été très fun.
Sortie de la position de l'étoile de mer, et d'un cuni le jour de noël, je n'ai connu rien d'autre.
Quand on ne sait pas ce qu'on loupe, on ne peut pas avoir de regrets, on se satisfait, ou pas, de ce qu'on a...

Je termine mon verre en pensant à toutes ces sensations dementes, et je retourne affronter ma réalité.
L'après midi se termine entre goûter, devoirs et préparation du repas puis je pars bosser.

Je retrouve Caro l'entrée de l'hôpital.
C'est mon binôme infirmier depuis dix ans, et mon amie depuis autant d'années.
Je m'assois à côté d'elle, et je la vois m'observer avec insistance.

- qu'est ce que j'ai ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?

- je sais pas... On dirait que quelque chose à changer !

- ah bon ?

- oui tu as l'air plus rayonnante !

J'esquisse un léger, que mon amie ne manque pas de remarquer.

- ah ! Tu vois, tu souris ! Il y a un truc !

- non... Je ne vois rien de particulier..

- je sais ! J'ai trouvé !
Je ne pensais pas ça de vous Mme  Dumond !!!

- je t'écoute ... Dis moi ta folle théorie.

- Tu as un amant !