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Une lumière blafarde éclaire le parking de l'hôpital.
Dans le rétroviseur, je regarde discrètement Yïvi enfourcher sa moto.
Elle se cambre puis dans un geste terriblement sexy, elle secoue la tête pour rassembler ses cheveux dans son dos et visse son casque sur sa tête.
Je l'observe se pencher vers l'avant et le spectacle qui s'en suit est un véritable bonheur pour mes yeux.
Dans cette position, son jean me nargue et met le galbe de ses fesses en valeur.
Je détaille chaque courbe.
J'imagine mes mains se glisser dans les poches arrières de son pantalon et venir caresser son corps à travers le tissu.
Mon esprit pousse la tentation un peu plus loin et m'offre une vision d'Yïvi nue sur sa moto, le dos contre le guidon succombant au plaisir de mes doigts.
J'ai l'impression de l'entendre gémir quand un énorme vacarme me sort de mes pensées.
J'ai à peine le temps de lever les yeux que je la vois partir en trombe et disparaître dans la nuit...

C'était il y a cinq jours.
Elle s'est évaporée dans la nuit tel un mirage et depuis cette soirée de pur plaisir, je vrille.
Je suis complètement terrifiée.

Insensé ...

Je voulais du piquant, du piment.
Je voulais vibrer, palpiter.
Et c'est parfaitement l'effet qu'elle me fait.
Sous ses doigts, sous son corps, je me sens légère, complète, vivante.
Je me sens exister.
Je n'avais jamais ressenti autant de désir, autant de plaisir.
Alors pourquoi ça cloche ?
Pourquoi j'ai si peur?

Très certainement parce que c'est parfait.
Trop parfait pour être vrai.

Ce n'est pas réellement du désir que je lis dans ses yeux.
Ce n'est pas possible, je ne suis pas désirable.
Ce n'est que la pulsion d'un corps, une envie assouvir, rien de plus.
Elle ne devrait pas me regarder comme elle le fait..
Elle ne peut pas me donner autant de crédibilité.
Je n'en vaut tellement pas la peine.

Ce qui m'effraie le plus, c'est que je vais finir par y croire.
Par vraiment penser que je suis peut être un peu désirable, un peu jolie.
Mais qu'est ce qu'il se passera au cinquième rendez vous.
Un orgasme, une bise sur la joue et une magnifique phrase du style.
C'etait bien, merci pour la baise...

Et puis ...
Plus rien, il n'y aura plus que le vide de cette vie insipide.
Une vie sans aucun sens, remplie de solitude, de dénigrement et d'indifférence, où je finirais par redevenir terne et transparente.

Et ça ...

Ça fait mal.
Je ne veux pas avoir mal.
Je veux pas la laisser me vendre du rêve pour m'écraser la tête la première quand il faudra se réveiller.

Je dois dire stop.
Je le fais à contre cœur, parce que, putain, cette fille c'est une déesse et son corps une arme d'une puissance redoutable, mais je dois le faire maintenant, avant qu'il ne soit trop tard.
Avant que cette drogue si puissante rende accro la plus infime partie de mon corps.

Je prend mon téléphone, bien décidée à mettre un terme à tout ça.
Je commence à taper un début de phrase et le doute s'installe.
Je respire un grand coup pour essayer de dissiper toutes ces questions qui s'agitent dans ma tête et je recommence à écrire.
Il me faut plus de dix minutes pour aligner la vingtaine de mots.
Je relis le message encore et encore.
Mon doigt se place au dessus de la petite flèche pour l'envoyer mais la connexion entre mes neurones et ma main ne se fait plus.
Je reste là, le pouce suspendu dans les airs à quelques millimètres du téléphone.
Je respire le plus calmement possible, je ferme les yeux et j'appuie en le regrettant dès la seconde suivante.

*S: salut, je t'écris ce soir pour mettre fin à nos entrevues.
Tu n'y es pour rien, tu as été parfaite.
Merci pour toutes tes bonnes actions.

La Morsure Du DésirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant