C'est le branle-bas de combat dans ma tête.
Je commence à m'affoler ! Il faut dire que je panique souvent pour pas grand chose, mais là !
C'est pas n'importe quoi !Oh mon dieu ! Mes poils !
Et oui .... Dans les livres, dans les films, il y a jamais un poil visible, mais dans la vraie vie, après quinze ans de vie couple, c'est une autre histoire...Bon ! Demain à la première heure, je suis chez l'esthéticienne.
Maintenant l'hôtel....
Je peux réserver sur internet, déjà, c'est une bonne chose.
Je regarde l'heure d'arrivée, midi, parfait, je vais pouvoir aller chercher la clé avant.
Je me vois mal récupérer le pass de la chambre avec cette femme à mes cotés. Je serai bien trop mal à l'aise.Les plus gros détails sont réglés, je peux aller me coucher....
Bien évidemment, je ne trouve pas le sommeil.
Je ferme les yeux et imagine la scène.
Moi sur un lit, les yeux bandés et les mains attachées, sa bouche, sa langue, ses doigts ...Et puis d'un seul coup, je panique.
Merde ! Elle va me voir nue.
Évidemment ! Sophie ! C'est quand même mieux !
Voilà, c'est comme les poils.... Dans les films et dans les livres, les femmes ont toujours des corps parfaits.
Dans la vraie vie, il y a les bourrelets, les cicatrices de césarienne, tous ces petits défauts qui nous gâchent la vie.J'essaie de relativiser en espérant qu'elle ne soit pas trop regardante sur la marchandise, sinon, je suis fichue.
**********
J'ai dû réussir à dormir quatre heures.
J'ai une telle excitation dessus, que je ne suis même pas fatiguée.
C'est tout sourire que je commence cette journée.Après avoir déposé mon fils à l'école, je file tout droit chez l'esthéticienne.
Ça fait des années que je n'ai pas franchi la porte d'un salon de beauté.
Rien que le nom, me donne l'impression de ne pas être à ma place.Je prends une grande respiration et je pousse la porte.
- bonjour Madame, vous désirez?
- bonjour, c'est pour une épilation
- oui ! C'est à quel nom ?
- euh ...Je n'ai pas pris rdv, c'est pour une urgence !
- je suis désolée madame, mais il nous reste un seul créneau à 17h
- 17h ! Ah oui, ça va pas être possible.
Vous pouvez pas me mettre dans un coin. S'il vous plaît, c'est vraiment une question de vie ou de mort .- je suis navrée mais je ne peux vous proposer que le créneau de 17h.
Le téléphone sonne et je rebrousse chemin un peu dépitée.
Je m'apprête à poser un pied sur le pavé lorsque j'entends la jeune femme me rappeler.- madame attendez, j'ai un désistement.
Je me retourne, reboostée par cette nouvelle.
- je peux vous proposer 10h30, ça vous irez ?
- c'est parfait !
Ça me laisse un peu de temps pour faire quelques boutiques.
Je m'arrête devant une vitrine de lingerie, c'est le moment ou jamais de me faire plaisir.Je déambule dans le magasin, en admiration devant toutes ces dentelles.
Je ne sais pas quel ensemble choisir.
Je me laisse séduire par des dessous roses poudrés, quand je sens mon téléphone vibrer.C'est Yïvi qui vient d'envoyer une photo d'elle, en train de jouer de la guitare, avec comme légende.
* Y: Je travaille ma dextérité 😉Un sourire niais se dessine sur mon visage qui vire au cramoisi.
Ni une ni deux, je prend une photo du soutien gorge avec comme commentaire.
*S: J'espère que tu es assez habile de tes dix doigts pour le retirer en deux secondes 😉J'ai à peine le temps de ranger mon portable, qu'une réponse arrive.
* Y: Pas besoin de mes doigts, je vais le retirer avec les dents 😉Sa réponse me cloue le bec, mais je me laisse pas déstabiliser.
*S: J'ai hâte de voir ça 😉Je me mets à l'imaginer dans mon dos, ses mains caressant mon ventre, sa bouche déposant des baisers le long de ma colonne....
Merde ! L'esthéticienne !
C'est bien beau de rêvasser.. mais il y a des priorités !
Je passe à la caisse et je file tout droit pour une heure de torture.Lorsque je ressors, j'ai juste le temps de passer à l'hôtel récupérer les clés et de rentrer chez moi me préparer.
Un passage sous la douche et ma peau a la douce odeur du magnolia.
J'enfile l'ensemble rose acheté pour l'occasion, je me plante face au miroir et devant mon reflet, mon regard devient cinglant.
Je détourne les yeux et je prie intérieurement pour qu'elle soit aveugle...
Je passe une robe de la même couleur que mes dessous avec un joli décolleté.
Une touche de mascara, de parfum et je suis prête.La tension monte, si j'écoutais ma peur, je resterai blottie sur mon canapé, mais il faut savoir se faire violence.
Alors avec une grande détermination, je glisse les foulards dans mon sac et je sors de l'appartement.13h55, je fais beaucoup moins la maline.
Je suis sur le point de décéder.
Les battements de mon coeur pulsent dans mes tempes, je suis en hyper ventilation et je suis obligée de m'asseoir car j'ai les jambes en coton.Bravo Sophie ! Tu es encore toute habillée ! Et tu es déjà dans cet état !
Je ferme les yeux et je respire calmement pour me ressaisir, les rayons du soleil sont soudainement cachés et une voix douce m'interpelle.
- salut !
Je lève les yeux et mon regard glisse sur des courbes généreuses.
Mon coeur s'affole de plus belle devant un magnifique sourire et des yeux d'un vert envoûtant.
Je deglutie difficilement et je prononce tant bien que mal un salut Yïvi hésitant.- tu vas bien ?
- ça va, oui et toi ?
- très bien, merci !
Aller Sophie ! Il faut que tu dises ou fasses quelque chose, vous n'allez quand même pas rester devant l'hôtel...
Je quitte le vert de ses yeux pour le bitume plus rassurant et dans un élan de courage je reprends la parole.- on monte ?
- je te suis avec plaisir
Je me lève et je m'avance vers l'entrée de l'hôtel.
J'ai l'impression que ce que je m'apprête à faire est inscrit sur mon front en lettres rouges et que tous les yeux sont braqués sur nous.
Je suis écarlate et surtout j'évite son regard.
Elle me suit jusqu'à l'ascenseur, qui bien évidemment n'est pas là, ce qui rallonge ce moment gênant.
Je commence à ronger mes ongles, quand je sens qu'elle se rapproche de moi et me glisse à l'oreille.- calme toi, tout va bien se passer...
Je ne pense pas que l'on puisse être plus rouge que moi à cet instant précis.
Je relève les yeux vers elle.
Je suis incapable de prononcer un mot alors je me contente de lui répondre par un sourire timide.La porte de l'ascenseur s'ouvre et ma gêne monte d'un cran.
Je me cale dans un coin, lui laissant tout l'espace de la cabine pour se poser.
Elle prend place juste en face de moi. Ses yeux se plantent dans les miens.
Son regard ne me lâche pas.
J'ai soudain chaud même très chaud.
Elle remarque son effet, ce qui la fait sourire.
Comme si ça ne suffisait pas, elle mord sa lèvre, ce qui réveille toutes les terminaisons nerveuses de mon bas ventre.
Elle fait un pas vers moi.
Je vois son corps se rapprocher.
Elle n'est plus qu'à quelques centimètres de moi.Quand la porte s'ouvre, sauvée par le gong ....
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La Morsure Du Désir
General FictionJe me présente, je m'appelle Sophie, je mène une vie bien rangée avec un conjoint, un enfant, un chat, une maison et un travail. Une vie parfaite mais une vie lisse, plate, ennuyeuse en somme. Depuis peu, j'ai décidé de mettre un peu de piquant dans...