L'air est froid, malgré le soleil qui brille dans le ciel. Je frissonne au moindre souffle de vent, en tentant de ne rien montrer. Clarke m'avait prévenu mais j'ai fait ma tête de mule, je n'ai pas pris mon pull. A presque neuf cents mètres d'altitude, on perd au moins cinq à dix degrés comparé à Kyoto.
Le mont Koya est connu pour son sanctuaire bouddhiste, et son célèbre cimetière. C'est là qu'on a choisi de passer le week-end avec Clarke. Ce soir, on dormira dans un temple, avec les moines. Une immersion totale dans leur vie. En attendant, on fait le tour des nombreux temples que l'on trouve autour de l'avenue principale.
Je suis très heureuse d'être ici. D'ailleurs, qu'importe où le « ici » est, tant que je suis avec Clarke. Mais quelque chose m'intrigue tout de même. J'ai passé la semaine à écumer les temples de Kyoto, musées, châteaux, etc...J'aurais pensé qu'on profiterait du week-end pour se faire une virée à Tokyo, et sortir un peu. Au lieu de ça, Clarke préfère venir ici, dans un lieu sacré, chargé de spiritualité et d'histoire. Entre deux Torii, je me lance.
- Clarke, ne le prend pas mal mais pourquoi tu as tenu à venir ici ce week-end ?
Elle pose sa main sur le poteau rouge vermillon, pour le caresser doucement, d'un air songeur.
- Quand j'étais petite, papa me parlait souvent de Kobo Daishi. C'est lui qui a fondé ce monastère. La légende raconte que Kobo Daishi est entrée en méditation dans la salle au fond du temple, celui qui est dans le cimetière, et qu'il y est encore depuis plus de mille ans.
- Kobo Daishi ? C'est un moine c'est ça ? J'en ai entendu parler à plusieurs reprises lors de mes visites à Kyoto.
- Oui, le fondateur d'un important mouvement bouddhiste.
- Et tu t'intéresses au bouddhisme ?
La religion, c'est un sujet qu'on n'a jamais abordé toute les deux. Dans notre petit village, on se retrouvait à la messe de minuit, le soir de Noël, pour écouter les chants du chœur du village. C'était les seules fois où on allait à l'église, en dehors des mariages, baptêmes et enterrements.
Malgré l'enseignement catholique que ma mère a tenté sans succès, et sans grande conviction il est vrai, de nous inculquer, Aden et moi, sommes toujours athées. J'avais bien demandé à maman, un soir où elle me racontait une fable sur Moïse ou je ne sais qui, que si c'était important pour elle, pourquoi elle ne nous avait pas fait baptiser enfants. Elle m'avait répondu qu'à l'époque, elle n'était pas la seule à décider. J'imagine qu'elle faisait allusion à mon père, mais je n'ai jamais réussi à en savoir d'avantage. Je suppose qu'ils n'étaient pas de la même religion.
Clarke s'éloigne de la porte, et s'assoit sur un banc installé là.
- Je m'intéresse à toutes les religions qui traitent de la réincarnation.
C'est la première fois qu'elle me regarde de la sorte. Avec un mélange d'appréhension et de curiosité. Je fronce les sourcils en m'approchant un peu, mais je reste debout à côté de ce banc.
- Est-ce que tu as quelque chose à me dire ? Dis-je en sentant une espèce de malaise monter en moi.
Je ne suis jamais mal à l'aise avec Clarke, jamais. Quel que soit le sujet.
- Est-ce que tu as quelque chose à me demander ? Rétorque-t-elle en accentuant l'intensité de son regard.
J'hésite un instant. Pourquoi c'est si difficile d'aborder ce sujet avec elle ? Pourtant je sais que je peux tout lui dire. Mais parler de mes rêves, ça rendrait les choses trop réelles, et j'ai comme l'impression, que ce serait comme mettre le doigt dans un engrenage. Si je n'en parle pas, je pourrais presque me convaincre qu'il s'agit de coïncidences, de mon imagination, et d'un trop plein de films d'action.
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I was nine
RomanceJ'avais neuf ans quand j'ai vu Clarke pour la première fois... Lexa vit dans un petit village à la campagne, et l'arrivée de la nouvelle, va bouleverser sa vie à jamais. L'histoire d'une rencontre, d'une amitié, d'une histoire d'amour, et plus si af...