Chapitre 8 : Long into the abyss

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Le reflet du miroir me renvoi l'image d'une jeune femme. Un chemisier blanc sur un jean noir. J'ai laissé tomber les baskets pour mettre des bottines afin de compléter ma tenue.

Aden a décidé de venir avec moi, je n'arrive pas à dire si ça me conforte, ou si j'angoisse de ce qu'on pourrait découvrir.

A priori, la succession devrait être rapide, mais j'ai peur qu'ils ne me laissent pas la garde de mon frère, et en même temps, je suis terrifiée d'avoir cette responsabilité.

Après le notaire, c'est le juge qu'on va voir. Tout ne va pas se régler aujourd'hui, mais on saura au moins à quoi s'en tenir. C'est étrange comme je me suis sentie proche de Bellamy ces derniers temps. J'imagine que ça a tout à voir avec le fait d'être orphelin.

Est-ce qu'on va devoir vendre la maison ? Et se prendre un appartement comme les Blakes ? Mon regard se promène dans la pièce. C'est ma maison. Celle où j'ai grandis. Celle où j'ai été heureuse. La maison de ma mère. Je secoue la tête pour chasser ces pensées. Ce n'est pas le plus important. Tout ce qui compte pour le moment, c'est qu'on puisse rester ensemble avec Aden.

Un léger coup sur la porte attire mon attention. Lui aussi a fait un effort. Le col roulé qu'il porte sur son jean sans trous, lui donne l'air plus âgé qu'il ne l'est en réalité. Il est appuyé nonchalamment contre le chambranle de ma porte.

- T'es prête ?

J'acquiesce avant de m'approcher de lui.

- Tu t'es dit que si le juge est une femme, on aurait plus de chance si tu joues le beau gosse ? Je le taquine en lui ébouriffant les cheveux.

- Je me dis qu'entre toi et moi, homme ou femme, personne ne peut résister au charme des Primheda. Il rétorque en m'offrant l'un de ses plus beaux sourires. Ça va bien se passer Lex'.

Je n'en reviens pas que ce soit mon petit frère qui me rassure. Il n'a pas l'air inquiet pour deux sous. Comment peut-il être aussi confiant.

- Bien sûr. Quoi qu'il arrive, on reste ensemble. J'ajoute avant de bouger.

Il me suit dans l'escalier, tandis qu'on descend jusqu'au garage où nous attend la voiture de maman. C'est la première fois que je vais la conduire depuis qu'elle n'est plus là. J'ajuste le siège et le rétroviseur machinalement, effaçant du même coup un premier vestige de sa présence. Jamais plus ce siège ne sera réglé aussi près du volant, ce rétroviseur tourné avec cet angle.

Je réalise que petit à petit, chaque jour un peu plus, sa présence va s'estomper. Jusqu'à devenir un souvenir, qu'on se remémorera grâce à quelques photos, et quelques objets conservés avec soin. Cette pensée m'emplit d'une immense tristesse, mais il faut qu'on avance malgré tout. Alors avant qu'Aden me demande ce qu'il se passe, car je n'ai toujours pas démarré, je tourne la clé et le moteur se met à ronfler.

xxx

La journée était interminable. Toute cette paperasse, ça n'en finira donc jamais. On nous a bien fait comprendre qu'il était préférable de vendre tous nos biens afin de partager en deux, et qu'on en finisse. Nous n'avons pas pris de décision.

La maison est maintenant à nous, grâce à l'assurance de la banque. Mais c'est, avec la voiture, la seule chose de valeur que nous possédons. Maman n'avait pas d'argent de côté, et comme je suis majeure, les assurances ne payeront une pension que pour Aden. C'est déjà mieux que rien.

Contre toute attente, le rendez-vous chez le juge s'est mieux passé que chez le notaire. Etant donné l'âge de mon frère, ils ont décidé que le mieux était que l'on reste ensemble, à condition que l'on trouve un moyen de vivre convenablement. Ce qui signifie, un logement, un revenu, et j'ai six mois pour m'organiser. Mes cours reprennent la semaine prochaine, je pense que la fac, c'est terminé pour moi.

I was nineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant