Chapitre 6

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Marinette avait encore le ventre rempli de friandises concoctée par les cuisiniers du Grand Palace – offerte en guise de pot-de-vin par Chloé pour qu'on ne parle plus de cet après-midi – lorsqu'elle arriva devant l'hôtel particulier des Agreste.

Elle aurait sûrement pu attendre le lendemain. Peut-être qu'elle avait pris cette décision sous le coup de la fatigue de cet après-midi, entre son infiltration douteuse du Grand Palace et son sauvetage de Chloé. Ou alors, peut-être que les habits que la riche héritière blonde s'était sentie obligée de lui prêter pour remplacer ses vêtements trempés lui donnaient de la confiance en excès. Après tout, jamais elle n'avait porté de jupes Dior. Ni de hauts Gucci. Peut-être qu'avec des vêtements aussi chics, elle pourrait pénétrer la résidence Agreste sans problème, pour une fois.

Car c'était ce qu'elle comptait faire.

Oui, elle allait le faire, songeait-elle avec détermination en s'approchant de la sonnette. Même s'il était huit heures du soir, même si un lourd ciel d'orage s'amassant au-dessus de la demeure lui donnait une apparence plus imposante que jamais et qu'elle n'allait jamais arriver à trouver le courage d'affronter le cerbère qu'était Nathalie, l'assistante de Gabriel Agreste.

Son doigt se figea à deux centimètres de la sonnette, incapable d'aller plus loin. Marinette grimaça.

Mais qu'est-ce qu'elle faisait là, au juste ? Pourquoi elle était venue ? Enfin, non, si, elle savait pourquoi : c'était pour voir Adrien.

« Tout le monde sait que Dupain-Cheng bave sur mon Adrichou depuis dix mille ans au moins ! »

La voix sarcastique de Chloé semblait coincée dans sa tête, tournant en boucle dans son esprit. Quelque part, elle disait vrai. Elle « bavait » sur « Adrichou » depuis des lustres, sans rien en retour. Elle aurait dû être énervée, catastrophée, désespérée que Chloé affiche une telle vérité de la sorte.

Pourtant, tout ce qu'elle avait ressenti, c'était de la douleur – et encore, seulement quand la pile de pots de crèmes de beauté qu'elle déplaçait lui était tombée sur la tête.

Il fallait qu'elle en ait le cœur net. La présence d'Adrien au collège se faisait de plus en plus rare, ces temps-ci, mais elle avait besoin de le voir, juste un instant. Juste pour vérifier que ses sentiments n'avaient pas complètement disparu.

Elle avait eu un mauvais pressentiment quand elle avait dû passer par chez elle et examiner l'emploi du temps d'Adrien pour déterminer où il était. Bon sang, trois semaines plus tôt, elle aurait pu sortir sa position exacte en trois secondes deux dixièmes, sans regarder le tableau qu'elle gardait toujours dans sa chambre (Alya avait chronométré). Trois secondes deux dixièmes ! Qu'est-ce qui s'était passé ?

Quelque chose ne collait pas. A vrai dire, rien ne collait vraiment, ces temps-ci.

Mais Marinette était tenace – et probablement un peu folle, mais ça, elle commençait à s'y faire.

« Géronimooooo ! » brailla-t-elle, s'attirant les regards étonnés des passants apercevant une adolescente à couettes, habillée comme une riche héritière, se jeter à corps perdu sur la sonnette.

Immédiatement, l'œil de la gorgone – aussi appelé plus communément la caméra de sécurité – se pencha vers la petite silhouette de Marinette.

« ...Oui ? » fit la voix de Nathalie, prenant des consonnances métalliques à travers la caméra.

Marinette tiqua. Evidemment, elle ne pouvait pas voir Nathalie depuis là où elle était – mais elle aurait juré qu'elle sonnait... différemment des trente-cinq fois précédentes où elle avait tenté d'entrer (sans succès) chez Adrien. Hagarde. Un peu paniquée.

Si jamais j'oublie - Miraculous LadybugOù les histoires vivent. Découvrez maintenant