𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚚𝚞𝚊𝚝𝚛𝚎

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Bonne lecture !

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L'été, quand l'année venait de commencer et que les premières vacances n'étaient pas encore arrivées, Izuku avait la mauvaise habitude d'arriver à la faculté en avance. Enfin, ce n'était pas vraiment ce qu'on pouvait appeler un défaut, mais il n'aimait pas non plus se retrouver seul, à attendre son premier cours dans un coin désert.

Quand Kacchan n'était pas là pour le retenir à l'appartement jusqu'à la dernière minute, il se réveillait aux aurores et finissait par attendre sur le coin de son lit, habillé et prêt à partir.

Aujourd'hui n'avait pas vraiment fait exception, et Izuku se retrouvait à présent sur le campus à à peine huit heures trente, quand il ne commençait pas les cours avant dix heures. Le temps était clément, presque déjà chaud, ainsi il prit la direction du terrain de foot sans vraiment y réfléchir à deux fois.

L'air du matin s'infiltra sous son large t-shirt, il resserra ses doigts autour des bretelles de son sac à dos, et fixa ses chaussures rouges.

En y repensant, il lui semblait avoir apporté ses écouteurs et les avoir placé dans l'une des poches extérieurs de son sac. Izuku s'arrêta pour le faire glisser devant lui, et fouilla quelques secondes. Derrière lui, il pouvait entendre les voix d'un groupe d'élèves assis sur l'un des bancs ; lorsqu'il était à l'extérieur, il préférait largement ne rien entendre, au risque de se concentrer sur la moindre petite chose.

Quand Izuku mit enfin la main sur ce qu'il cherchait, un léger sourire vainqueur étira ses lèvres. Derrière lui, quelqu'un se racla la gorge : il sursauta.

— Excuse-moi, Midoriya ?

En se retourna, son regard tomba sur un garçon de son âge. Deku ne l'avait jamais vu, mais peut-être qu'il n'était tout simplement pas dans sa promo. Sa faculté accueillait plusieurs filières, et ils partageaient les locaux avec les littéraires, les historiens, et les sociologues. En plus des scientifiques, bien sûr.

Izuku hocha lentement la tête. Derrière le garçon, ses amis les observaient depuis le banc, en chuchotant entre eux : cela le fit se renfrogner, et Deku recula d'un pas.

En suivit son regard, l'inconnu sembla comprendre.

— Est-ce que... je peux te parler ? Ça sera pas long. À moins que t'aies cours ?

Il secoua la tête. Même en étant largement intimidé, Izuku ne put se résoudre à lui mentir : ce n'était pas que ce garçon avait l'air méchant, loin de là, simplement les inconnus lui faisaient toujours cet effet là, même à plus de vingt ans.

— On peut aller un peu plus loin ?

Il lança un nouveau coup d'œil à ses amis, puis sourit timidement à Izuku. Ce dernier haussa les sourcils, puis hocha à nouveau la tête.

L'inconnu avait de grandes jambes et un petit gilet marron : ce fut ce qu'Izuku retint en lui emboîtant le pas, tandis qu'il partait vers le gymnase. En arrivant juste à côté, ils finirent par s'arrêter presque en même temps, à l'abri du vent et à l'ombre.

— Je... m'appelle Rei. Rei Takano. Je suppose que tu me reconnais pas, mais je suis en science de l'éducation. Tu faisais parti des tuteurs en maths, quand j'étais en premier année, et...

Izuku fit un petit « oh » avec sa bouche. Oui, il se souvenait : ce garçon lui disait vaguement quelque chose à présent, et cela venait de là. Enfin, il était tout de même un peu différent des quelques fois où il l'avait vu, car en plein hiver, avec un sweat-shirt et un bonnet, il n'avait tout de même pas la même tête.

— Je me souviens de toi, dit-il. Oui, tu étais le..

— Cas désespéré. Ouais, un peu, ajouta Rei en se massant l'arrière de la nuque avec un air gêné. C'est grâce à toi que j'ai réussi à valider mon année. On est pas passé loin de la catastrophe.

Son hésitation et son embarras mirent Izuku un peu plus en confiance, et il commença doucement à relâcher les bretelles de son sac. Ses yeux s'ouvrirent en grand, et il tenta un sourire un peu timide.

— Ravi d'avoir pu t'aider, dit-il. Si tu as besoin, je vais repostuler en tant que tuteur pour le deuxième semestre.

Rei hocha la tête, mais il semblait toujours un peu étrange : ses joues rosés et ses jambes qui dansaient d'un pied sur l'autre. Il inspira un peu fort, puis se redressa.

Il regarda Izuku dans les yeux.

— Je voulais te dire autre chose. J'ai appris que tu... ne sortais pas avec Katsuki Bakugo ?

Deku haussa un sourcil. Il eut une étrange impression, une sorte de déjà vu. Quelques jours auparavant, la semaine précédente, une fille de sa promo avait commencé une discussion en tenant absolument le même discours.

Et si la première fois, il s'était demandé ce que Kacchan pouvait bien à voir là dedans, à présent il se sentit un petit peu sur ses gardes.

— C'est mon meilleur ami, confirma-t-il.

— Oui, c'est ce que j'ai entendu. Je pensais que vous étiez... enfin, c'est pas la question, mais je voulais te demander...

Sans pouvoir s'en empêcher, Izuku regarda rapidement autour de lui. Personne ne les filmait, pas plus qu'il ne les regardait. Il s'en doutait : ils n'avaient plus douze ans, mais tout de même.

À la place, il attendit.

— Je t'aime beaucoup, confessa Rei. Depuis ma première année. J'ai toujours voulu te l'avouer, mais je ne suis jamais retombé sur toi pour le tutorat, et comme tu étais toujours avec Bakugo, je pensais....

Il entortilla ses doigts entre eux, et Izuku se dit que c'était impossible. Qu'il y avait forcément quelque chose qui se passait, quelque chose dont il n'était pas au courant, quelque chose qui le concernait : un pari, un post sur un réseau social ? Deux personnes en moins de deux semaines, quand il n'avait jamais reçu une seule confession de toute sa scolarité, c'était beaucoup trop curieux pour être vrai.

Mais alors qu'il allait répondre quelque chose, Rei insista :

— Je suis sérieux. Et je sais que c'est un peu soudain, parce que tu dois à peine te rappeler de moi, alors tu peux réfléchir autant que tu le veux. Tiens, mon numéro.

Il lui tendit un morceau de papier plié en deux, qu'Izuku accepta avec automatisme. Il cligna deux fois des yeux.

— Quand tu te sentiras prêt, donne moi une réponse, d'accord ? Je... je vais y aller. J'ai cours dans le bâtiment G, et je dois...

Il fit marche arrière, sans même laisser le temps à Midoriya de dire un mot de plus, et se détourna rapidement le regard. En quelques secondes, il s'était déjà éloigné de plusieurs mètres, et Izuku le regarda disparaître au loin. Ses amis étaient partis.

Médusé, il baissa les yeux sur le morceau de papier entre ses doigts.

— Qu'est-ce qui se passe, ici, murmura-t-il.

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Loser(s) || KatsuDekuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant