𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚘𝚗𝚣𝚎

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Bonne lecture !

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Son cours venait de se terminer, et Izuku descendait les trois étages du bâtiment F de sa faculté en même temps qu'une centaine d'autres élèves. Ses écouteurs dans les oreilles, ses doigts accrochés aux bretelles de son sac, il déboucha dans le grand hall et s'écarta légèrement de la foule.

En passant à travers les deux portes en vitre automatiques, la chaleur étouffante lui tomba dessus comme un poids et il fit encore quelques pas avant de se ranger sur le côté. Quand il sortit son téléphone en tirant légèrement sur ses écouteurs, un message de Kacchan était affiché sur l'écran. J'arrive att moi.

Il regarda vite fait autour de lui, en essayant de croiser le moins de regards possible. Au loin, un visage irrité aux cheveux blonds s'avançait dans sa direction, et Deku vit son expression se détendre quelque peu en l'apercevant.

En réponse, il lui offrit un sourire.

— T'as combien de temps pour manger ? demanda Katsuki en se postant devant lui.

Il ne s'arrêta que quelques secondes, puis envoya un petit coup de menton en direction de leur droite. Au bout de la faculté, en montant les quelques escaliers en pierre, le terrain de football était actuellement inoccupé.

— Une heure et demie, répondit Izuku.

— Parfait.

Ils se mirent en route, et jouant des coudes pour s'extraire de la foule, puis finirent par se retrouver presque seuls sur le petit chemin de cailloux entre les différents bâtiments. Ce fut rapide, à peine quelques minutes, mais quand ils posèrent leurs sacs à dos sur l'herbe verte du stade, Deku était un peu essoufflé et les bretelles de son sac laissèrent une trace sur son t-shirt.

— Il fait beaucoup trop chaud en ce moment, souffla-t-il en se laissant tomber à l'ombre d'un arbre.

Kacchan ne semblait jamais vraiment touché par les changements de température : Deku était celui qui souffrait en été et tremblait en hiver. Kacchan se contentait de lui prêter ses pulls et son ventilateur.

— T'as pris quoi ?

Il sortit une boite transparente, et Deku fit de même.

— Une salade. Avec... beaucoup de pâtes.

Ça aussi, c'était habituel : Kacchan savait cuisiner, et Deku savait apprécier. En revanche, il finissait la plupart du temps par ne pas manger, ou par manger des pâtes. Sauf quand son meilleur ami s'invitait chez lui après les cours pour lui servir un repas digne de ce nom et pour squatter son lit quelques heures.

— Tu m'énerves.

— J'avais pas le temps hier soir.

La faculté possédait une cafétéria, bien sûr, mais elle faisait dix mètres carrés et ne vendait qu'une centaine de sandwichs par jour, à partir de onze heures. Il était actuellement treize heures, et on était mercredi : impossible de trouver autre chose que du thon, et Deku détestait le thon.

— Je viens ce soir.

Il lui lança un petit regard, comme pour attendre sa réponse à cette phrase qui n'était pas une question, mais laissait tout de même le choix. Deku sourit, et hocha la tête.

Il planta sa fourchette dans une pâte froide vinaigrée, et quelques personnes s'installèrent en face d'eux, de l'autre côté du terrain. À ses côtés, Kacchan commença à manger en silence, l'esprit ailleurs, et Deku observa distraitement sa bouche qui s'ouvrait et les muscles de son cou. Son t-shirt clair bougeait légèrement avec la brise, et il trouva le vent agréable pendant quelques secondes.

— Et sinon..., commença Katsuki au bout de quelques minutes. Ça a donné quoi ?

— De quoi tu parles ?

Il fit tomber une pâte dans l'herbe, et la regarda avec un petit air coupable. Ça ne polluait pas les pâtes, n'est-ce pas ?

— A ton avis ?

Il lui lança un regard significatif. Et Deku entre-ouvrit ses lèvres en un petit « oh ».

— Oh, dit-il. Ça.

— Oui. Tes confessions. Je croyais que c'était le grand sujet qui t'inquiétait ces derniers temps ?

Deku hocha la tête.

— Euh, oui. Plutôt, oui.

C'était simplement étrange d'en parler avec lui : c'était Izuku qui s'était confié en premier, et il ne s'était pas attendu à grand chose. Il en parlait car s'il ne parlait jamais de ce qui lui arrivait, alors Kacchan se vexait un peu car peu importait comment il s'affichait en public, il trouvait quand même que cette histoire de meilleurs amis était importante. Donc, Deku lui disait tout pour qu'il soit au courant, ils en parlaient quelques minutes, puis passaient à autre chose.

Alors, le voir revenir là dessus non seulement une deuxième fois, mais trois, c'était assez perturbant.

— Je sais toujours pas comment faire. Mais c'est pas grave. Je vais trouver.

Il devait trouver les mots, pour ne pas passer pour quelqu'un de prétentieux ou d'idiot, ou encore pire : de blessant. Sa fourchette se planta dans ses pâtes, et son regard se perdit sur le terrain. Kacchan ne dit rien de plus jusqu'à la fin de son repas.

Quand Izuku termina sa dernière pâte et referma son tupperware, il fut surpris de sentir Katsuki se rapprocher légèrement.

— T'as pas pris de dessert ?

— Euh, non ?

Kacchan se racla la gorge. Il fouilla dans son sac.

— Tant mieux. Tiens.

Il lui tendit une petite boite, et Deku le fixa. Il la prit doucement, l'ouvrit, et ses yeux s'arrondirent devant les petits chocolats sombres qu'elle contenait. Sa bouche s'ouvrit à nouveau en un « oh » et il bafouilla :

— Je... tu... quoi ?

— Du chocolat.

— Je sais que c'est du chocolat. Pourquoi est-ce que tu m'en donnes ?

— Parce que t'aimes bien ça et que j'en ai.

Il fronça les sourcils.

— T'aimes plus ça ?

— Si. Si, bien sûr.

Comme pour le prouver, il en prit un et le fourra dans sa bouche. Le goût de la framboise le prit par surprise, et il se sentit presque coupable de penser deux choses en même temps : Kacchan était décidément étrange en ce moment, et le chocolat était délicieux.

Il avait réussi à passer outre son habitude d'en manger chaque fois qu'il se sentait un peu mal, mais cette fois il décida de passer outre.

— Super bon, dit-il.

— Cool.

Katsuki eut l'air satisfait, et Izuku ne se sentit plus d'humeur à lui demander ce qui lui passait par la tête. Peut-être était-ce simplement lui ? Peut-être que les amis s'offraient des chocolats ? Peut-être voulait-il tellement voir des signes, qu'il interprétait tout de travers ?

Kacchan voulait être gentil, alors il sourit et en mangea encore. Ces chocolats à la framboise étaient délicieux.

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Loser(s) || KatsuDekuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant