𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚜𝚎𝚙𝚝

3.4K 391 114
                                    

Bonne lecture !

_______________________

Eijiro regrettait profondément d'avoir ouvert sa porte.

En vérité, il ne regrettait pas tant que cela, car il était un ami sincère et digne de confiance : seulement sa sympathie avait des heures d'ouverture, et Bakugo était décidément arrivé pendant la fermeture.

Trente minutes plus tôt, alors même que minuit était largement passé, son ami avait toqué à la porte de son appartement. Deux coups légers, puis devant le temps que Kirishima avait mis pour se lever de son lit, un plus fort qui avait ressemblé à un coup de pied.

Bakugo Katsuki était apparu dans l'embrasure, une moue ennuyée sur le visage et son sweat-shirt sur le dos.

— Tu dors pas ? Super.

Il s'était invité sans remord, et fixait à présent le verre d'eau qu'Eijiro lui avait servi avec irritation. Ce dernier s'était installé sur le sol en face de lui, et essayait de se souvenir de la raison pour laquelle il le considérait presque comme son meilleur ami.

Il le fixa.

— Qu'est-ce que tu fais ici à cette heure-là, du coup ?

Katsuki prit le verre d'eau, et le porta à ses lèvres. Il le descendit d'un coup.

— Je courrais. Je suis passé devant chez toi.

Le verre laissa une trace humide sur la table basse. Kirishima fronça les sourcils.

— Et donc... tu t'es dit que t'allais t'arrêter ?

— J'ai des questions.

— Oh.

Il se racla la gorge. Katsuki avait l'air grognon, et un peu perdu. Et lui, il avait l'air fatigué.

— Tu sais qu'on a cours, demain ?

— Ça sera pas long.

En vérité, ce fut extrêmement long : Kacchan lui parla de Deku pendant presque trente minutes, sans s'arrêter, et Eijiro hésita plusieurs fois à l'interrompre. Au final, il se contenta d'arrêter d'écouter, et observa distraitement les lèvres de Katsuki bouger encore et encore.

Ça y est, pensa-t-il. Il a pété un câble.

Katsuki ne parlait jamais longtemps : il finissait toujours par dire que ça ne l'intéressait pas, qu'il avait d'autres choses à faire, qu'il n'aimait pas vraiment parler, et qu'il n'avait rien à dire.

Apparemment, en faisant son jogging, Bakugo s'en était trouvé, des choses à dire.

— Bon, voilà. Alors ?

Ce fut à ce moment qu'Eijiro remit son cerveau en marche. Il regarda son ami avec un air perdu, puis pencha la tête sur le côté.

— Quoi ?

— Alors, répéta Bakugo en claquant la langue. T'en penses quoi ?

— De quoi ?

Il regarda Kirishima comme si ce dernier allait finir par la fenêtre. Avec un calme qu'il s'efforça de garder, Katsuki dit lentement :

Qu'est-ce que je dois faire avec Deku ? T'es sorti avec des filles, toi, non ? Donne moi des conseils.

Cette fois, Eijiro comprit presque : il devait tout simplement rêver.

— Tu veux que moi je te donne des conseils de drague ?

Au mot « drague », Katsuki grimaça et renifla avec dégoût. Mais après quelques secondes, il finit par soupirer gravement.

— ... oui. Je sais pas quoi lui dire pour qu'il comprenne. Ça devrait pas être si compliqué, si ?

En vérité, Eijiro fut certain que tout était plus compliqué lorsque cela concernait Bakugo Katsuki. Enfin, il voulait bien avouer qu'il s'en était douté : personne ne regardait Izuku comme Bakugo, et personne n'était non plus aussi jaloux. Ils le savaient presque tous, dans l'équipe, et ils étaient des amis tellement géniaux qu'ils faisaient tous les autruches.

— Pourquoi ça te prend maintenant ?

— T'as vraiment rien écouté, hein ?

Kirishima lâcha un petit rire jaune et ses yeux dérivèrent vers l'horloge. Presque une heure du matin, et il avait toujours cours le lendemain.

— En bref, soupira Katsuki, ça donne ça : deux crétins se sont confessés à Deku, et cet abruti va bien finir par comprendre qu'il peut sortir avec quelqu'un.

— Et t'en as aucune envie.

— Et j'en ai aucune envie, confirma-t-il. Si Deku sort avec quelqu'un, c'est avec moi.

En voyant le regard de son ami, Katsuki rajouta :

— Bon, sauf s'il veut vraiment pas. Je suis pas un monstre.

Mais cela sembla lui arracher la bouche. Finalement, il soupira gravement et s'appuya en arrière contre le lit : Katsuki attendit, presque sagement, que Kirishima dise quelque chose. Et ce dernier ne se fit pas prier.

— Tu veux des conseils ? Parfait.

Eijiro se leva et fit quelques pas en direction de sa bibliothèque. Il balaya le dos de quelques livres, avant de finalement en saisir un plutôt fin. Quand il revint vers Bakugo pour le lui présenter, l'ouvrage portait le titre de « Comment séduire l'élu de votre cœur en quinze leçons ».

Avec un air satisfait, il le posa sur la table.

— Lis ça. Si tu veux vraiment draguer...

N'utilise pas ce mot.

— ... Midoriya, alors autant y mettre le paquet.

Katsuki sembla assez perplexe. Il prit le livre entre ses doigts, plissa les yeux, puis finit par regarder l'horloge à son tour.

— T'es sûr que ça va m'aider ?

— Certain. Je l'ai déjà utilisé.

C'était faux. Ce bouquin était un cadeau de sa sœur, à ses dix-huit ans, pour se foutre de lui. Il avait oublié son existence.

— Autre chose ?

— Non...

— Bien.

Eijiro lui désigna la porte du doigt. Avec une moue, Bakugo finit par se lever doucement : quand il arriva dans l'embrasure, il eut à peine le temps d'essayer de sortir un « merci » à peu près convainquant, quand son ami lui referma la porte au nez.

Faute de mieux, il repartit en direction de son appartement.

__________________________

☀️

Loser(s) || KatsuDekuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant