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𝙰𝚛𝚔𝚊𝚗𝚍𝚒𝚊 - 𝙽𝚊𝚜𝚗𝚎𝚎𝚗, 𝟷𝟻𝙷𝟸𝟹



Ses yeux émeraudes cernés papillonnaient toutes les secondes en fixant le plafond de sa chambre.

Arwen, allongée sur le dos dans son lit, n'osait briser le silence qui régnait en maître dans tout son appartement, comme si dans ce calme, le temps s'arrêtait, l'humanité était en pause et qu'il n'y avait plus qu'elle, figée là, fixant sans grand intérêt le plafond, seuls les battements de ses cils et de son coeur pouvaient témoigner que la vie coulait encore en elle.

La danseuse, après ce dîner mouvementé, n'avait pas réussi à fermer l'œil de la nuit.

Elle revoyait à travers ses souvenirs encore frais, la totalité des événements : le trou mystérieux avant l'explosion de la vitre, de l'arrivée de ces malfrats, la confrontation et leur fuite... Comme du ruban adhésif, ces pensées tachées de violence ne voulaient se décoller de son esprit, lui rappelant sans encombre les divers émotions par lesquelles elle était passée : son coeur qui avait bondit dans sa poitrine quand cette balle, qui par sa soudaine apparition et puissant avait marqué de son passage mortellement précis la pommette de son brun, les frissons incontrôlables qui l'avaient secoué à l'explosion de la vitre, l'ombre de la mort qui par sa palpable présence avait inscrit dans son esprit et celui de tous, telle une évidence que l'allée vers les bas-fonds allait être gratuitement injuste et favorable à tous...

"Alors si Malcom avait avancé un peu plus dans ma direction, cette balle lui aurait..." N'ayant pas le cran d'énoncer sa pensée à voix haute, la danseuse se concerta dans sa tête et n'eut tout aussi pas le cran de finir sa phrase car son imagination bien trop grande lui fournit une réponse qui lui procura des frissons glacés de peur.

La détonation des armes à feu, les cris résonnaient à chaque fois qu'elle passait en revu ses souvenirs dans sa tête, son petit corps couvert de spasmes et suant de peur se recroquevilla dans le lit, ses mains empoignaient le tissu de sa couverture, sa bulle venait d'exploser, elle avait maintenant peur, peur de ce silence devenu lourd, peur de demain, et si la même chose se répétait comme un cercle vicieux ? Qu'adviendra-t-il d'elle ? Et de Malcom ?

Malcom...


"Grandis Charis, fais-toi à cette réalité.

Je ne contrôle pas cette vie là, ni ces gens..."


En y repensant, encore et encore, sa respiration devint saccadée, la noiraude inspirait de grosses quantité d'air et expirait aussitôt par les narines.

Comme un coup de massue, ses mots lui revinrent et son cœur frémit: elle devait grandir ?

Pas la peine, elle était déjà grande mais, se faire à cette réalité ?

Non elle n'était pas sûre d'y arriver et elle l'avait vu de ses propres yeux qu'il n'avait aucun contrôle sur cette vie sombre, poudrée de violence avec ces gens dénués d'humanité, alors s'y faire ?

Comment avait-t-il fait pour y arriver?

Comment entre-t-on dans un tel monde ?

Le mystère qui enrobait Malcom devint trop grand pour ses petites réflexions, un mystère au contour sombre dont les bordures recouvrent probablement d'innombrables vices.

Arwen, avec toutes ses interrogations, ce silence perturbant se sentit tellement étouffer, prise au piège qu'elle se redressa et quitta d'un bond rapide son lit avant de grogner au contact froid du sol sous ses pieds.

SÜSSEN LIPPENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant