Shun observait la noiraude assoupie contre le mur face à lui. Elle venait à peine de rentrer d'une section de torture, évanouie, comme depuis deux mois à présent. Il avait entendu les gardes râler de nouveau en la ramenant jusqu'à lui, alors qu'il la réceptionnait tendrement dans ses bras pour éviter à son corps de subir les contre-coups du sol. Avec douceur, il replaça les mèches de cheveux qui retombaient sur ses yeux derrière son oreille. Sa tête était un peu inclinée sur le côté, et il la redressa pour une position plus confortable. Les lumières s'éteignirent d'un coup, les plongeant de nouveau dans la nuit. Il ne broncha même pas.
La poitrine douloureusement compressée, il faisait attention à la jeune femme pour qui il était tombé si bas sur Terre. La seule et mince lumière dans sa vie si terne. L'inquiétude lui tiraillait le ventre. Il ne comprenait pas pourquoi elle revenait de ses séances dans les vapes. Cela durait depuis deux mois, et son inquiétude était maintenant proche de l'hystérie. Rui sembla avoir la réponse à ses questions mais semblait souhaitait ne rien avouer, ce qui le rendait furieux dans un sens.
Il passa une main frustrée derrière son cou et grinça des dents. Cela l'agaçait de s'inquiéter autant. Lui qui ne voulait plus s'accrocher aux autres, le voilà priant pour la sureté et la survie de sa compagne de chambre. Génial. Quelle vie parfaite. Les années d'emprisonnement l'avaient rendu quelque peu cynique lorsqu'il y pensait.
Quand la jeune héroïne se réveilla de son court coma, c'est un Shun aux sourcils froncés qui se précipita vers elle pour lui attraper une de ses mains alors que son regard gris avait commencé à se balader dans le noir. En sentant une chaleur entourer sa main, elle se calma immédiatement et plongea ses iris dans siennes malgré qu'ils ne puissent pas le remarquer. Comme une réflexion, elle fondit entre ses bras. Aoki la réceptionna brusquement et entoura se taille de ses bras. Un court silence les entoura avant qu'il ne se décide enfin à parler.
« Qu'est-ce qu'il t'arrive ? »
Rui se contenta de se serrer un peu plus contre lui. Elle devait lui expliquer, la raison pour laquelle elle ne cessait de s'évanouir pendant ses séances. Xavier lui avait dit de tout lui raconter, étant donné qu'elle ne voulait pas l'abandonner ici. Elle se fichait des autres détenus. Peu lui importait, tant que lui s'en sortait aussi. C'était cruel, mais c'était ce qu'elle pensait. Shun lui était bien trop précieux pour qu'elle puisse le laisser à nouveau seul dans cette cellule. Elle se le refusait. Depuis deux mois qu'ils y travaillaient, ils avaient enfin tout peaufiné. Elle pouvait enfin lui parler. La noirâtre avait bien remarquer l'angoisse qu'elle provoquait chez Shun. Elle se sentait coupable de l'alarmer autant. C'est ce pour quoi elle était à la fois si soulagée et anxieuse de tout lui dire. Elle s'écarta de lui. La peur lui liquéfiait les boyaux. Ses mains étaient moites et Suzuki humidifia ses lèvres de crainte. Finalement, elle ouvrit la bouche et se décida à tout lui expliquer :
« Je n'arrête pas de m'évanouir.
-Et tu ne veux rien me dire, lui reprocha-t-il à peine. »Elle ravala difficilement sa salive.
« Il faut que je t'avoue un truc, Rui dit au bout d'un moment.
-Quoi ?
-Je... J'ai rencontré quelqu'un que je connaissais. Ici. C'est l'homme de la cellule d'en face.
-Xavier Mochiba ? il se souvenait vaguement de son nom, l'ayant déjà entendu par les gardes.
-Hm, hm, la jeune femme hocha la tête. C'est lui.
-Et donc ? C'est quoi le problème avec lui ? »Shun sentit la jeune fille se tendre. Il haussa un sourcil interrogatif à ce réflexe. Puis soudainement, elle lui expliqua tout. Toute son histoire. Tout ce pour quoi elle se retrouvait ici, emprisonnée en sa compagnie. Shun ne pu que l'écouter déballer toute sa vie, silencieux. Respectueux et attentif. Puis l'explication qui le perturbait depuis quelques temps maintenant.
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Héros au Sens Propre [Tome 2]
FanfictionLes hallucinations n'étaient qu'un mensonge de notre esprit. Cependant, ceux-ci étaient tellement réalistes qu'au bout d'un moment, notre cerveau se demande ce qui était vrai ou faux. Mais ce qui était arrivé n'était pas une hallucination. Après tou...