Sa bouteille se vida complètement en moins de vingt minutes. Son bras pendait dans le vide alors qu'elle était allongée dans son canapé. Endormie. Complètement endormie. Lui ? Il venait de rentrer et venait d'assister, une fois de plus, à ce triste tableau. Elle n'aurait jamais dû commencer à boire. Au départ, c'était innocent. C'était quelques fois. Pour oublier. Puis ça avait été plus souvent. Encore et encore. Puis elle ne faisait plus que ça. Elle ne faisait plus que ça : boire. Jusqu'à s'endormir profondément. Et lui, lui il rentrait des cours. Lui il la regardait. Se détériorer. Et il avait essayé de lui en parler. De la guérir. Il avait essayé de de lui parler, mais à chaque fois il se résignait et lui disait de s'endormir en lui embrasser amoureusement le front. Il avait essayé, mais se résignait en la portant jusqu'à leur chambre à coucher. Il tentait d'aimer pour deux. Il aimait pour deux. Parce qu'il l'aimait trop pour la laisser partir. Mais il était fatigué de vouloir la sauver. Pour tenter de la sauver et de se confronter à un mur.
Et quand il assistait à la scène avant le portrait, il faisait face à la femme de sa vie complètement détruite. Il la voyait, allongée, sa bouteille à la main. Les détendus, mais les yeux noirs. Le regard vide. Le regard vague, perdu. Comme si elle n'était même plus de ce monde. Alors au lieu de faire face à ça, il préférait partir. Sortir. Il ne savait où, ne savait combien de temps. Mais il préférait s'en aller, loin des cauchemars de son amante, loin de ses tourments, loin de ses peines qu'il ne comprendrait jamais pour ne pas les avoir vécus avec elle. Et lorsqu'il était loin d'elle, il maudissait cet homme qui l'avait fait sombrer ainsi. Et lui-même de ne pas être capable de la sauver. Puis il commençait aussi à boire. Mais plus raisonnablement qu'elle. Plus rarement. Pour oublier aussi. Et il se mettait à se dire qu'il aurait été mieux qu'il vive. Au moins pour elle. Qu'il n'ait pas été égoïste en voulant mourir en héros invisible.
¤¤¤
Xavier avait voulu survivre toute sa vie. Il avait survécu toute sa vie. Il avait survécu en Amérique, entre les coups de gun, entre le racisme et les meurtres invisibles. Il avait survécu en prenant l'avion il ne savait plus combien de fois pour aller d'un point a à un point b. Il avait survécu lorsqu'il prenait le volant, lorsque ses parents prenaient le volant. Il avait survécu en traversant les routes, passant à côté des chantiers en construction. Il avait survécu en se rendant ici, au Japon. Il avait survécu en s'installant dans ce pays, en ayant d'autres choix que d'intégrer l'Elite. Puis il avait survécu en tombant éperdument amoureux de sa collègue, d'Himawari Akabane Suzuki. Il avait survécu en l'aimant et en étant aimé. Il avait survécu à sa mort qu'il l'acheva presque. Survécu à l'horreur qu'on fit vivre à sa bien-aimée. Il avait survécu, une seconde fois, dans les laboratoires de l'Elite. Il avait survécu en rencontrant la fille d'Himawari. Il avait survécu en la sauvant. Il avait survécu, encore, à son procès, à sa condamnation, à son enfermement et à la torture quotidienne. Xavier avait survécu à beaucoup de choses, même au gouvernement.
Cependant, Xavier n'était pas aussi fort que pouvait penser les autres. Il n'avait jamais survécu à la mort de la femme de sa vie. A son enfermement. A la torture de Rui ni à sa propre torture. Il n'avait pas survécu à la société. Et donc, n'avait pas survécu au gouvernement. Parce qu'il n'était pas aussi fort qu'il pouvait le prétendre. Il avait essayé de survivre, encore. Il avait tenté, mais n'y arrivait pas. N'y arrivait plus.
Et devant cet avenir qu'il ne voyait pas, il boucla cette boucle autour de son cou. Et d'un simple pas, pu rejoindre la femme qu'il avait le plus aimé dans ce monde sombre et rempli de solitude.
Au fond, il n'avait jamais survécu. Il avait tenté, mais n'y était pas parvenu. Il avait souhaité être fort, mais n'y était pas parvenu. Pas après elle. Et à présent, fier de ce qu'il avait accompli, il pouvait enfin la rejoindre.
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Héros au Sens Propre [Tome 2]
FanficLes hallucinations n'étaient qu'un mensonge de notre esprit. Cependant, ceux-ci étaient tellement réalistes qu'au bout d'un moment, notre cerveau se demande ce qui était vrai ou faux. Mais ce qui était arrivé n'était pas une hallucination. Après tou...