CHAPITRE IX

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Complètement dans le noir, les poings et les pieds liés contre le mur, Shun subissait en silence les tortures de ses bourreaux. Son corps était endolori comme à son habitude et son sang s'écoulait abondamment sur le sol sans jamais qu'il ne trouve le sommeil. Ses bourreaux savaient étrangement doser la bonne quantité de torture pour qu'il vive l'enfer sans jamais s'effondrer, même après avoir pourtant perdu des litres et des litres de sang. La tête baissée, il n'avait plus la force de la relever pour faire fièrement face à ses tortionnaires. Il n'avait même plus de fierté après tout ce temps.

Ses pupilles restaient collées au sol, embué par il ne savait quoi qui floutait sa vue. Il ne ressentait même plus les lames entaillées sa peau tant elles l'avaient fait. Seuls les rires sardoniques des deux gardes parvenaient à ses oreilles pour remonter jusqu'à dans son cerveau. Il restait profondément encrer dans ses pensées, fuyant la réalité de cette salle qu'il connaissait par cœur.

Un autre coup lui martyrisa les côtes ; leur endroit préféré qui subissait la plupart de leurs coups. Les outils de tortures posé près de lui, il voyait du coin de l'œil leurs mains attraper un par un ces petits outils goulument, comme impatients de les utiliser. Lui, il les avait tous testé. Ceux-ci n'avaient plus aucun secret pour lui tant il avait subi leur efficacité. L'enfer qu'il vivait pratiquement chaque jour depuis son enfermement le rongeait de l'intérieur. Parfois, c'était ce genre de traitement qu'il subissait, principalement. Et d'autres fois, les gardes étaient tellement fatigués ou ennuyés qu'ils ne lui faisaient presque rien.

Une main vint violemment empoigner son visage, le relevant pour que ses iris d'un rouge rubis rencontrent des yeux chocolat où résidaient une lueur de sadisme et de folie. Il ferma les yeux et fronça les sourcils quand son interlocuteur lui cracha au visage. Sa mâchoire se contracta d'elle-même alors qu'il relâchait sa tête qui retombait faiblement et lourdement vers le bas. Il sentit le liquide descendre le long de sa joue avec dégoût.

Une sourde colère pris possession de ses trippes et le fit se mordre la lèvre inférieure jusqu'au sang. Jusqu'ici, ces deux gardes étaient les pires qu'il avait eu à supporter depuis son arrivée. Leurs êtres étaient remplis d'un sadisme et d'une perversion sans limite, puisant toujours plus dans leur imagination pour lui faire subir mille et une tortures. Sorti de ses pensées, la douleur revint d'assaut et un éclat de rire remonta jusqu'à son cerveau qui traita l'information.

Quels chiens... Les cheveux blancs de Shun lui retombaient sur les yeux, cachant son regard colérique et haineux. Les gens de cet endroit étaient tous de sales chiens dégoûtant et pervers, aboyant dès le premier mécontentement et léchant les bottes de leur maître. Ils ne savaient faire rien d'autres que d'obéir aux ordres, trop idiots pour faire ce qui leur chantait et contourner les ordres de leur patron.

Il était heureux que Rui soit née femme. Ce genre de torture, il ne le souhaitait à personne. Même si elle lui avait affirmée avoir déjà souffert de la même façon que lui, il doutait qu'elle aurait tenue aussi longtemps. C'était déjà un miracle que lui n'ait pas perdu la raison après tout ce temps...

Rui Suzuki... Ce nom qui lui était si familier et étranger à la fois. Il ne savait rien de cette jeune femme. Il ne connaissait rien d'elle. Elle partageait juste sa cellule. Elle était là, essayant d'être forte mais pourtant apeurée, traumatisée mais toujours inquiète à son sujet. Une vraie contradiction. S'il devait la décrire, Shun dirait d'elle qu'elle était ce cliché des héros qui voulait sauver le monde avant leur peau. Il la décrirait comme courageuse et pleine de bonté. Il n'était pas fana de ce genre de comportement héroïque. Mais avec Rui, tout finissait toujours par se retourner contre lui.

Au départ, il ne voulait pas se raccrocher à elle. Il ne voulait pas de lien, ne voulait pas se risquer à perdre quelqu'un dans cet endroit comme il l'avait si souvent vécu. Mais elle était arrivée, pleine de bonté, méfiante et perdue. Et elle fut si attendrissante et différente des autres qu'il n'avait pu s'empêcher de ressentir plus que de l'indifférence à son égard. Son regard était différent de tous ceux qu'il avait rencontré ici. Elle lui avait semblé avoir vécu tant de chose simplement en le regardant de ses iris perlées grises. Toute sa gestuelle lui criait de faire attention à elle qu'il n'avait su détourner le regard de ce corps si frêle et si endurant et fort à la fois.

Héros au Sens Propre [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant