CHAPITRE VII

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Todoroki était sorti au centre-ville. Il se baladait dans les rues d'Akihabara afin de faire des emplettes pour sa sœur chérie. Les rues étaient bruyantes et animés, comme à son habitude. L'activité qui rongeait les rues claquaient dans l'air dans un brouhaha constant et particulièrement important. Les gens au téléphone parlaient forts pour se faire entendre, les téléphones sonnaient dans différentes sonneries bien sonores, le bruit des pas résonnaient dans le vent, la circulation se faisait cacophonique... Et les pauvres oreilles de Shoto, bien qu'habituées par toute cette agitation, ne pouvaient s'empêcher de parfois bourdonner pour faire souffrir son crâne.

Le pauvre jeune homme aurait bien souhaité passer un après-midi tranquille dans la demeure familiale avec sa mère, mais Fuyumi avait absolument eut besoin de lui. Elle bossant, il avait été obligé de se déplacer pour lui acheter de la lecture et en même temps prendre le dîner de ce soir-là. Tout se passait bien, jusqu'à ce qu'une explosion ne retentisse dans les alentours. Levant la tête, alarmés, Shoto vit une seconde explosion retentir près de la première, près d'où il se trouvait. Ni une ni deux, il fit tout ce qu'il devait faire pour mettre le plus de personne en sécurité. Lorsqu'il fut assuré que personne ne traînait autour de lui et était bien à l'abri, il s'était rué vers ce qui ressemblait à une attaque de vilain pour constater les dégâts. Il avait déjà alerté une agence de héros qui n'allait pas tarder à arriver sous peu, et lui, durant ce laps de temps, regardait dans tous les coins afin de trouver des personnes ayant besoin de son aide.

Les cris des gens résonnaient dans ses oreilles. Les rues d'Akihabara n'avaient plus rien d'animé, l'ambiance quotidienne qui y régnait à peine quelques minutes plus tôt avait complètement disparu pour laisser place à la peur et l'angoisse, l'horreur se déroulant devant ses yeux. Puis des flammes vinrent engloutir chaque coin de rue. Des flammes bleues, qui brûlaient absolument tout sur leur passage. L'horreur avait un arrière-goût de retrouvailles fraternelles.

oOo

« Tu mens... Tu n'es qu'un menteur...
-Si j'étais vraiment un menteur, tu ne te morfondrais pas comme une lopette.
-Tais-toi ... »

Deux jours qu'elle broyait du noir dans son coin. L'état dans lequel elle se trouvait était pitoyable. Et Shun ne pouvait s'empêcher de se sentir mal pour elle, qui semblait si fragile et frêle depuis. Elle qui voulait paraître forte en acceptant la situation, en ne pleurant plus après son passage à la salle. Il ne voulait pas la voir comme ça. Mais elle, elle s'en foutait.

Ils étaient complètement dans le noir. Shun avait dû batailler pour faire entendre raison à la jeune fille, elle qui avait à commencer à croire que sa mère était toujours vivante et avec elle. Le jeune homme n'avait pas voulu la mettre dans un tel état de détresse. Il n'avait pas prévu ça. Pas prévu que la voir dans cet état le rende aussi vulnérable. Et il détestait ça, cette sensation désagréable qui lui tiraillait le ventre. Il s'avança jusqu'à elle, bien que le noir de leur cellule l'empêcher de déterminé sa position exacte, et s'accroupit en face. Il lui prit doucement la main, essayant maladroitement de se montrer réconfortant.

Sèchement, elle reprit sa main de la sienne. Son esprit était complètement brisé. Elle n'était plus qu'une loque, à se morfondre. Ça ne lui ressemblait pas. Ce n'était pas elle. Mais plus rien n'était rationnelle. Alors elle s'en foutait. Plus rien ne comptait. Au moment même où Shun lui avait dit ses quatre vérités, son monde avait éclaté en milles éclats. Son esprit, déjà bien animés par ces gaz toxiques, s'était encore plus brisé. Qu'est-ce qui était vrai à présent ? Comment pouvait-elle différencier le rêve de la réalité ? Était-elle-même réveillée ?

Rui ne savait plus que faire. Elle plongeait droit dans le désespoir, et elle ne savait plus à quoi se raccrocher.

« Rui, réveille-toi, commença Aoki d'une voix dure. Tu ne peux pas rester comme ça.
-C'est facile à dire pour toi, elle dit d'une voix cynique et sèche. Toi, tu t'es habitué à te faire torturer tous les jours, hein ? Tu ne ressens plus rien. Ce n'est pas toi qui commences à virer fou, n'est-ce pas ?
-Je n'ai pas dit ça.
-C'est tout comme ! elle cria d'une voix étranglée. Ce n'est pas toi qui vois tes parents chaque fois que tu sors de cette salle ! Tu ne vois pas ta mère, censée être morte ! Tu ne lui parles pas comme si elle était là près de toi ! Ce n'est pas à toi qu'elle manque, ce n'est pas toi qui es obligée de sentir des gaz hallucinogène tous les soirs ! Non ! Toi, tu vas bien ! Tu es là, tu gardes toute ta raison ! Tu ne doutes jamais, tu vas toujours, toujours bien ! Tu ne te plains jamais, tu ne pleures pas ! Tu vas bien ! Tu ne doutes pas de ce qui t'entoures, tu ne te demandes pas si tout ce que tu vis n'es qu'un rêve, tu ne doutes pas de ta propre existence ! Toi, tu vas bien ! »

Héros au Sens Propre [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant