Chapitre 5.

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Un terrible mal de crâne m'empêchait de penser correctement : mon esprit entier était réduit par la tonne de nouvelles sensations qui m'envahissaient.
Je finis par ouvrir, non pas sans mal, mes yeux et c'est là que je compris d'où provenait cette odeur de souffre, ce sentiment de n'être allongé que sur du gravier : j'étais en réalité emprisonné dans une des tours érigées par les mangemorts.

Tous mes souvenirs me revinrent alors comme la pluie un soir d'hiver, anéantissant encore un peu plus mon moral.

Je m'appuyai avec difficulté contre mes coudes, tentant de me remettre debout, lamentablement.
Je n'étais plus qu'une loque humaine.
C'est alors que mon regard se posa sur la femme, adossée au mur à ma droite : mince, presque maigre, les cheveux épais attachés en un semblant de chignon complètement défait, la tête enfoncée entre ses bras.

J'eus du mal a reconnaître Hermione, simplement vêtue d'un large t-shirt gris lui arrivant au genou, dans un piteux état.

Depuis combien de temps étions-nous ici ?

- Hermione...dis-je, à bout de souffle.

Celle-ci releva la tête dans ma direction, incrédule, avant de se jeter sur moi telle une lionne s'apprêtant à dévorer sa proie, heureuse de me savoir vivant.
Son étreinte ne dura que quelques secondes, bien trop courtes à mon goût.
J'aurais aimé qu'elle reste ainsi, qu'elle laisse ses bras autour de mon cou pour l'éternité, plus encore : qu'elle me berce comme si j'étais son bien le plus précieux.

Cependant, sa douce étreinte fût coupée par la voix grasse et désagréable d'un gardien, nous annonçant qu'il était enfin l'heure de manger.

Je me tournai alors vers Hermione, pour lui poser cette question fatidique :

- Comment de temps avons-nous passés ici ?

- deux jours.

25 jours.

Les minutes défilaient devant nous, impuissants.
Nous étions à présent enfermés dans notre propre cauchemar, incapable d'en trouver la sortie.

Je suivais un des gardes, fixant le sol comme un enfant prit en flagrant délit.
C'était leur but.
Ils jouissaient de nous voir ainsi, troupeau d'animaux maintenus en captivité, soumis à leurs règles, leurs décisions.

Ils aimaient voir la peur et l'humiliation dans nos yeux.
Malgré ce sort sadique et macabre qu'ils nous réservaient, ils avaient eu la décence de ne pas séparer amis et familles.

Femmes, hommes, enfants.

Tous impuissants face aux pouvoirs des ténèbres.

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La salle à manger était située entre le centre de torture et la sphère aux assassinats, nous rappelant que ce serait bientôt notre tour. Nous avions pénétré les enfers en cherchant à faire éclater la vérité. Quand le monde avait-il sombré dans les méandres du mal ? Comment Harry Potter a pu mourir face à son bourreau ? 

Une horreur sans nom se déroulait devant nous, horreur dont nous étions les premiers témoins, sans pour autant pouvoir se révolter.

La résignation.

Voilà ce qu'ils attendaient.

Les plus obéissants rejoindraient leurs rangs, les autres courraient après la mort.
______

Hermione avait peur.

Je le sentais, mais je ne pouvais pas la réconforter comme elle savait le faire.

Non, j'en étais tout bonnement incapable.

Ce fût enfin l'heure pour nous de retourner à nos cellules, la mort dans l'âme.

Aucun être normalement constitué ne trouverait ces méthodes normales ou appropriées.

Si seulement nous pouvions trouver une issue.

_____

Assis côte à côte à même le sol, nous n'osions pas croiser nos regards, par peur de perdre définitivement espoir. Qu'aurais-je pu lire dans la couleur noisette de ses yeux ?  La peur ? La mort ? La résignation ? L'envie de mourir ? Quoi que je puisse y trouver, ce n'était pas le moment d'y penser. Ces sentiments n'avaient pas lieu d'être, car ils m'obligeraient à accepter mon sort. 

je n'accepterais pas ma mort et encore moins la sienne.

C'est elle qui a fait le premier pas, en posant sa main fébrile sur mon genou.
J'osai alors relever mes iris dans sa direction et c'est la que tout a changé : je me suis souvenu.

6ème année à Poudlard-1997-

- Malefoy ! Arrête-toi ! À quoi sert cette armoire ?!

Je me retournai, le regard dur et les sourcils froncés.

- Ça ne te regarde pas, Granger !

Je m'avançai doucement, avec une lenteur calculée, espérant la faire sortir de ses gongs, mais rien. 
Silence absolu.

Je posais soudain mes deux paumes sur ses joues inondées par les larmes et capturai, toujours avec douceur, ses lèvres.

Surprise, elle resta collée à moi sans pour autant bouger ou s'offusquer, mais je fus déstabilisé lorsqu'elle répondit à mon baiser.

Quand j'eus reculé, ses yeux témoignaient un sentiment bien différent : de la compassion.

C'est en silence que je reparti, mais, cette fois-ci, elle ne chercha pas à savoir : elle avait compris.

- Si je n'étais pas un être mauvais, coincé dans cet étau d'enfer, je me permettrais de t'aimer, Hermione Granger.

𝟑𝟎 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐚𝐯𝐚𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐬'𝐨𝐮𝐛𝐥𝐢𝐞𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant