-Chapitre 13-

177 19 3
                                    

10 jours.

Drago secouait l'épaule d'Hermione avec maladresse : ils devaient reprendre la route. La jeune femme émit un gémissement plaintif, puis elle entrouvrit ses paupières avec difficulté. Elle fut alors happée par les traits tirés et les cernes violacées de Drago, éprit par l'anxiété. Elle s'aida de ses coudes pour se relever et considéra longuement le blond, plongés dans un silence de plomb.

- Qui a-t-il ? interrogea-t-elle, troublée.

- " Là où ton cœur a battu pour la première fois", ça ne te rappelle rien ni personne ?

Hermione se tut pour s'autoriser un temps de réflexion. Elle coula subitement un regard pourvu de larmes à Drago : le chemin de traverse, en compagnie de ses deux parents. La toute première fois où Hermione se sentit exister. La toute première fois où Hermione se sentit à sa place, plongée dans l'euphorie de son ascension, sa première rentrée, entre les livres, les manuels, les cahiers, les plumes et les emblématiques robes de sorciers.

- Drago...susurra-t-elle.

Il hocha simplement la tête. Il savait, grâce à la lueur qui brûlait dans ses pupilles, qu'elle venait de résoudre l'énigme.

°°°°°°°°°°°°°°

Les pieds d'Hermione reposaient sur les ruines de trottoirs, de maisons et de magasins. Même l'incontournable Gringott n'avait pas résisté face aux assauts des ténèbres. Une sorte de fumée brumeuse entourait désormais le chemin de traverse, et volait toutes les couleurs et les joies qu'abritaient jadis cette avenue.

La brune s'arrêta un instant pour contempler cet endroit qui regorgeait de tant de souvenirs, d'émotions, d'amour, peut-être même de stress, il fut un temps. Comme tant d'autres lieux que la jeune femme affectionnait, le chemin de traverse était parti en fumée, réduisant petit à petit l'espoir de le revoir un jour comme autrefois.

Il n'en restait aujourd'hui que des bâtiments éventrés, réduits à néant par la magie noire. Une larme roula progressivement sur la joue d'Hermione. En mémoire à ces hommes, ces femmes qui travaillaient ici. En hommage à ce vies détruites, gâchées, réduites en charpie. En hommage à Harry, à Fred, à George, à Narcissa, à nous tous. En hommage à ceux qui se sont battus, en vain.

Le jeune homme observait en retrait la lionne, comme si un pieux pointu s'insinuait au plus profond de son cœur. il se décida soudain à rejoindre Hermione : il glissa fébrilement sa main dans la sienne. Bien qu'elle ne s'épancha pas sur le sujet, la lionne aimait le contact rassurant du blond. Il était là.

- Avançons. La boutique ne doit plus être loin.

L'impression de marcher sur les fondements de leur passé leur était tout bonnement insupportable. Ils piétinaient tout ce qui a pu construire les vaillants sorciers qu'ils sont devenus, aujourd'hui.

Le cœur d'Hermione rata un battement lorsqu'elle vit la devanture de Fleury et Bott complétement mise à sac : il ne restait plus rien du magasin de fourniture qu'ils eurent connu. Une ruine. Comme la quasi totalité du chemin de traverse. Une ruine. Comme le seigneur des Ténèbres désirait que cela demeure. Drago rattrapa de peu Hermione avant qu'elle ne se heurte au sol : elle ne parvenait plus à tenir sur ses jambes flageolantes. 

- Fred, dégoisa-t-elle. Fred. C'est la réponse à l'énigme. C'est pour lui que mon cœur a battu, la toute première fois. Ce n'est pas à Fleury et Bott que nous devions nous rendre.

Drago se sentit piqué dans son égo : Fred. Pas Drago. Fred. 

Une sournoise pensée lui traversa aussitôt l'esprit : si ils s'en sortaient vivants, si Fred ne succombait pas, si Harry battait Voldemort, y aurait-il une place pour lui dans la vie d'Hermione, ou oublierait-t-elle ces trente jours de lutte acharnée, pour faire revivre leur monde ?

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

La grande statue représentant un de ces grands rouquins ne demeurait plus : elle s'était écrasée au sol, bouchant le passage vers l'entrée de la boutique. Drago soupira massivement puis il se chargea de retirer les vestiges de l'immense figurine. Il manqua de s'écouler au sol maint fois. Son visage trahissait la douleur qui ankylosait ses muscles mais il refusait de prendre une pause. Le temps leur jouait des tours et il lui semblait inconcevable que le monde sorcier ne puisse plus renaître de ses cendres à cause de la lâcheté ou de la fatigue d'un seul homme. S'il devait laisser sa vie pour espérer sauver celle des autres, il n'hésiterait pas un instant. Pas maintenant qu'il avait le choix.

Drago et Hermione s'engouffrèrent prudemment dans la boutique des frères Weasley. Ils balayèrent la pièce de leurs yeux perçants, en quête d'anomalies. Anomalies qui les avaient fait emprisonner. 

Ils se mirent ensuite à fouiller chaque recoin, dans l'espoir de trouver un de ces ignobles bouts de parchemins. Hermione furetaient dans la section "friandises" tandis que Drago étudiait la section " potions". Hermione mit la main sur un morceau de papier, dissimulé dans le dos d'une boite de chocogrenouille, friandises étant d'ailleurs les favorites de Ron, tandis que Drago mit la main sur un fragment de missive, simplement posé entre deux flacons de "love potion", étant par ailleurs la potion favorite de Pansy.

- J'ai trouvé, s'écrièrent-t-il en chœur.  

Les acolytes firent volte-face, intrigués. Ils ne devaient découvrir qu'un seul et unique parchemin. Y avait-t-il un leurre ?

Assis au beau milieu du commerce, ils se dévisageaient en chien de faïence, sourcils froncés. 

- A toi l'honneur, Hermione.

De ses doigts tremblants, la brune déplia son papier alors que son sang pulsait étonnement vite dans ses tempes.

- " Tu es parvenue à découvrir l'entièreté des indices. Je te félicite, Granger. Je te croyais bien moins maline que cela. Toutefois, ce n'est pas encore terminé. Il suffit de se remémorer le passé pour comprendre le présent.

bonne chance, si tant est que tu en possèdes encore un soupçon."

Hermione froissa violemment le parchemin et elle le jeta à l'autre bout de la boutique, envahie par la colère et la lassitude. 

Un bruit retentit tout d'un coup, puis ils aperçurent une petite femme courbée à l'air revêche s'avancer vers eux. Ce n'était autre que Mrs. guipure, la gérante de la boutique "Madame Guipure, prêt-à-porter pour mages et sorciers".

- Les enfants, vous êtes vivants ! je croyais que personne n'en était sorti vivant. Je parle de la bataille finale. M'enfin, si vous êtes ici, ce doit être pour les mêmes raisons qu'eux.

- Eux ? questionna Drago, suspicieux.

- Une jeune femme, à peine plus grande que toi, dit-elle tout en balançant son menton en direction d'Hermione, elle portait une longue robe noire et ses cheveux de jais étaient attachés en queue de cheval.

"Pansy", pensa Drago.

- Mais il y avait un jeune homme avec elle. vraisemblablement plus vieux. Il m'a semblé brun et plutôt costaud. Ils sont entrés ici, il y a de cela quelques jours. Ils ne m'inspiraient pas confiance, mais je ne crois pas qu'ils faisaient partie des rangs de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, récita-t-elle.

- Merci, Mrs. Guipure. Infiniment. remettez-vous à l'abris, nous allons régler cela au plus vite.

- Rien ne pourra plus être arrangé, à présent. M'enfin, l'optimisme n'as jamais tué personne, lui.

Sur ce, la vieille femme tourna les talons et retourna se cacher dans la planque de fortune qu'elle entretenait, sur les ruines du chemin de traverse.

Drago sonda sa mémoire aussi fort qu'il le put tout en replongeant son regard d'argent dans les prunelles noisettes d'Hermione. Il leva alors sa main dans laquelle se trouvait le parchemin.

- C'est une sorte de confrérie, Granger. Je peux te parier que ceci est une lettre, et qu'elle m'est destinée. 

- Les devinettes prennent fin, mais pas les preuves,

- Ils veulent que nous les démasquions, clama Drago, serein.

𝟑𝟎 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐚𝐯𝐚𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐬'𝐨𝐮𝐛𝐥𝐢𝐞𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant