Chapitre 10.

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11 jours.

Une douce brise glacée venait chatouiller l'échine d'Hermione. Drago avait emporté le semblant de couverture sur lui, mais la lionne ne souhaitait venir perturber le sommeil du blond. Elle se leva doucement et alla se dégourdir les jambes sur la plage. Ses petits pieds s'enfonçaient dans le sable fin. Cette sensation rappelait à Hermione qui elle était autrefois: une femme libre, indépendante et divinement talentueuse. 

Elle plongea son regard marron sur l'immensité de la mer qui se présentait à elle. Elle acquis soudain l'envie de ressentir une nouvelle fois la sensation de l'eau sur son corps refroidit. Elle acquis soudain l'envie de se sentir une nouvelle fois vivante. Elle jeta ses vêtements au sol, et s'élança vers la rive en poussant des cris hystériques. Hermione était seule au monde. Elle s'égosillait, comme si elle ne portait aucun fardeau sur ses épaules. Elle criait, pour se souvenir que sa voix avait une importance. 

Alors qu'elle barbotait joyeusement,  des éclats de voix lui parvinrent : ceux de Drago. Il se précipitait avec empressement vers la lionne, complétement paniqué. Il s'arrêta net lorsqu'il découvrit la jeune femme dénudée, seule face à la volupté des vagues qui l'entouraient. Il égrisa son visage de sa main, passablement agacé. Hermione le considérait, immergée dans l'incompréhension la plus totale. La lueur qu'elle décelait dans ses prunelles l'intriguait : un étrange mélange de soulagement, d'ennui et d'affolement. 

- Ne refais plus-jamais-ça, souffla Drago tout en s'approchant dangereusement de l'écume blanchâtre qui se catapultait avec frénésie sur le sable humide.

Hermione fronça les sourcils, perplexe.

- Refaire quoi, au juste ?

- Partir, sans rien dire. T'enfuir alors même que nous sommes traqués. Me laisser me réveiller sans ta présence en me poussant à imaginer le pire.

Le serpent marqua un temps d'arrêt. Il dévisageait à présent Hermione avec une telle intensité qu'elle fut contrainte de détourner le regard. Il la rendait mal à l'aise, mais il ne pouvait cependant plus se résoudre à quitter son doux visage. La vie extérieure semblait s'être subitement suspendue, comme pour laisser Hermione et Drago se retrouver, comme pour les laisser aborder une nouvelle facette d'eux-mêmes. Le blond déboutonna une à une les vipères qui empêchaient sa chemise de s'évader de son torse. Quand il eut fini, il se jeta tel un enfant dans le remous incolore de la mer. Hermione n'osait pas bouger, trop occupée à observer son acolyte se débattre joyeusement dans ces eaux ténébreuses. A cet instant, nous aurions pu croire qu'aucun fardeau ne pesait sur ses épaules, nous aurions pu croire qu'il vivait simplement sa vie de jeune adulte, nous aurions pu croire qu'il n'était pas rongé par une sournoise inquiétude, nous aurions pu croire qu'il n'était pas rattrapé par un stupide sablier. Nous aurions pu croire que Drago s'autoriserait à aimer Hermione, sans contraintes, comme il aurait dû le faire depuis des années maintenant.

Drago s'approcha d'Hermione grâce à une brasse lente, attiré par les iris noisettes de la jeune femme qui le défiait. Il se replaça sur ses deux pieds, dominant ainsi la brune de toute sa hauteur. Un sourire affectueux, presque rieur se dessinait sur le portrait du blond.

- Je suis désolée, murmura Hermione.

Les deux bras saillants de l'homme dont la pâleur ne trompait pas se faufilèrent le long de la taille moite d'Hermione sans que ses pupilles métalliques ne quittent les siennes. Les mangemorts pouvaient crever les nuages et les transpercer de filets lumineux émanant de leur baguette, mais rien ne séparerait jamais deux âmes réunies pour s'aimer. Les astres semblaient s'être alignés, la lune s'élevait aussi haut que possible dans le ciel, et le soleil tardait volontairement à illuminer notre continent, pour leur permettre de retomber mille et une fois amoureux. Leur cœur errait mélancoliquement à travers les siècles jusqu'à ce qu'ils se rencontrent, se découvrent, jusqu'à ce qu'ils osent enfin consumer leur flamme. Hermione glissa furtivement ses mains contre les joues gelées et rosies par la température matinale de Drago. Ils illuminaient les cieux. Ils honoraient les Dieux. Ils brisaient les codes, les cases, les aprioris. Ils demeureraient la définition même de l'amour, pour l'éternité. De ses lèvres anémiées, tremblantes, presque craintives, Drago effleurait celles de la jeune femme qu'il désirait. Ils endossaient le rôle de la rosée, rafraichissante, douce, chaleureuse. Des rayons flamboyants se répandaient, et venaient créer un arche aussi resplendissant qu'ardent. Un véritable feu d'artifice composé de clarté explosait aux côtés de leur deux corps meurtris, de leur deux cœurs réunis. Hermione transforma leur étreinte en un baiser, d'abord subtile, par peur de brusquer l'autre. Ils s'aimaient. Voilà tout ce que les thaumaturges comprenaient. Leur langue dansait une lente et coalescente valse. Ils s'aimaient. qu'ils viennent d'enfers ou de paradis. Leur peau formait une barrière externe, impénétrable. Réunis, Drago et Hermione triompheront. La douleur et la souffrance ne les atteindraient désormais plus. Ils s'aimaient. Contre tout et rien. Pour le meilleur et surtout pour  le pire. Scellés l'un à l'autre, à jamais.

𝟑𝟎 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐚𝐯𝐚𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐬'𝐨𝐮𝐛𝐥𝐢𝐞𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant